Au procès en appel de l'entraîneur, les judokas ont de nouveau opposé leurs versions vendredi. L'accusation a requis un an de prison avec sursis pour Alain Schmitt, accusé de violences conjugales par son ex-compagne.
Sa relaxe en première instance à Bobigny, il y a quatre mois, avait fait polémique. Rejugé en appel, Alain Schmitt a de nouveau livré sa version des faits, devant la cour d'appel de Paris. Les deux athlètes ont présenté un récit contradictoire des faits, qui remontent à la nuit du 28 novembre 2021 au domicile de Margaux Pinot au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
Alain Schmitt, qui entraîne la championne olympique au club de l'Étoile sportive du Blanc-Mesnil, entretient alors une liaison amoureuse secrète avec la judoka, depuis 2017. Pour, selon lui, fuir une relation "fusionnelle" et "destructrice", d’après les termes de l'avocat général, Alain Schmitt a accepté un poste d'entraîneur de l'équipe nationale féminine d'Israël. La nuit du 28 novembre, l'ex-membre de l'équipe de France doit alors prendre l'avion vers cette nouvelle vie.
Suite à une soirée avec des amis, Alain Schmitt rejoint vers deux heures du matin le domicile de Margaux Pinot. Le couple se dispute et s'insulte mutuellement. Alain Schmitt relate une "explosion". Selon lui, Margaux Pinot, folle de rage et de jalousie, se jette alors sur lui. Les deux ex-amants se battent à travers les pièces. D’après Alain Schmitt, les ecchymoses constatées les jours suivants sur les deux protagonistes s'expliquent par des chocs contre des objets ou des murs au cours de cette lutte. Toujours selon son récit, aucun n'a porté de coup à l'autre.
Une version contestée par Margaux Pinot. "Pour se cogner à cet endroit-là, c'est compliqué quand même", répond ainsi la judoka quand la présidente se demande comment elle a pu finir avec des blessures sous les yeux. "C'est l'hématome qui a coulé", avance au contraire Alain Schmitt. Ce dernier affirme par ailleurs que les accusations de violences conjugales étaient "quelque chose de prémédité" par Margaux Pinot pour empêcher que leur relation ne prenne ainsi fin.
Des explications "évolutives" des deux côtés
De son côté, la judoka raconte un déferlement de violence de la part de son compagnon d'alors. "Il me tire par les cheveux hors du lit. Il se met à califourchon, il me donne des coups de poing", affirme l’athlète, qui explique qu’Alain Schmitt lui a ensuite "claqué la tête deux-trois fois sur le sol" puis a tenté de l'étrangler.
Comme en première instance, l'accusation a requis un an de prison avec sursis pour Alain Schmitt. Le procureur a aussi demandé une interdiction de voir la victime et un stage contre les violences conjugales. "Globalement, ce que décrit Mme Pinot est largement confirmé par les constatations médicales", a estimé l'avocat général Olivier L'Etang, qui a toutefois pointé des explications "évolutives" des deux côtés.
Toute ma vie, j’ai travaillé normalement
Alain Schmitt
"C’est le monde du judo qui est pourri. Toute ma vie, j’ai travaillé normalement. Les six dernières années, c’était très bien. C’est juste les gens qui n’acceptent pas que des filles qui ont leur projet en main puissent s’entraîner un peu différemment. Et puis nous mettre des choses sur le dos tous les jours, nous taper dessus tous les jours, inventer des histoires sur les gens… Et essayer de me donner une image, comme aujourd’hui, dans un autre cadre" a réagi Alain Schmitt face à la presse.
Fin 2021, l’affaire avait donné lieu à une bataille médiatique entre Alain Schmitt et Margaux Pinot. La judoka avait notamment publié une photo de son visage tuméfié sur les réseaux sociaux. Pour ce qui est du procès en appel, la décision de la cour sera annoncée le 10 juin prochain.