Un hommage national a été rendu ce mardi aux victimes de l'attentat de la rue des Rosiers, dans le quartier juif de Paris il y a 40 ans, en présence pour la première fois d'un membre du gouvernement. Les victimes et leur famille appellent à la tenue d'un procès.
"Le cauchemar a débuté ce jour funeste et ne me quitte plus", a témoigné lors de la cérémonie Guy Ariel Benarousse, victime de l'attentat et présent au cours de l'hommage national.
La Ville de Paris a organisé ce mardi 9 août une cérémonie sur les lieux de cet attentat, rue des Rosiers dans le Marais en présence du Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, du Président du CRIF et d'un représentant de la mairie de Paris. La mairie a tenu à "réaffirmer son engagement dans la lutte contre l'antisémitisme et dans l'accompagnement des victimes d'attentats".
Des questions sans réponses
Très émue, Jacqueline Niego, la sœur d'André Hezkia Niego, victime de l'attentat, a raconté la "profonde douleur" de son quotidien depuis la perte de son grand frère. "Les mêmes questions demeurent: pourquoi cet acte antisémite ? Qui sont les terroristes ? Autant de questions sans réelles réponses", a-t-elle regretté .
Les victimes et leur famille souhaiteraient que la justice se fasse, 40 ans après les faits.
"Un hommage national, c'est bien et vous m'en voyez ravi. Mais il est temps que mon pays la France, et son gouvernement, prenne ses responsabilités, afin que tous ceux qui ont participé à cet odieux attentat, puissent comparaître devant un juge", a abondé Guy Ariel Benarousse.
Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a reconnu que "la soif de justice qu'éprouvent les victimes n'a pas été étanchée". "Je sais que notre justice, en lien avec nos diplomates, est extrêmement mobilisée pour que toute la lumière soit faite sur ce lâche attentat", a-t-il ajouté.
Le ministre, ainsi que des élus, ambassadeurs et représentant des institutions juives, se sont ensuite recueillis devant la plaque commémorative de la rue des Rosiers en y déposant tour à tour des gerbes de fleurs, avant d'observer une minute de silence.
Une enquête toujours en cours
Au total, six personnes avaient été tuées et 22 blessées le 9 août 1982 dans l'explosion d'une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg puis dans une fusillade. L'attentat a depuis été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d'Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
40 ans après les faits, aucun procès n'a eu lieu mais une enquête reste ouverte. Quatre suspects ont été identifiés et des mandats internationaux ont été lancés contre eux en 2015. Un homme, Abou Zayed, 63 ans, d'origine palestinienne est en détention provisoire. Il est mis en examen en France pour assassinat et tentative d'assassinat. Deux des autres suspects sont en Jordanie et un dernier en Cisjordanie.