Le procès des attentats de janvier 2015 débute ce mercredi 2 septembre. Alors que trois personnes jugées sont toujours recherchées, qui sont les onze individus qui se trouveront sur le banc des accusés ? Le point sur les enjeux du procès.

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A l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015, mercredi, 14 personnes seront renvoyées devant la cour : dix d’entre elles comparaîtront détenus, une sous contrôle judiciaire et trois, enfin, sont toujours visées par un mandat d'arrêt. Tous sont soupçonnés – à des degrés divers – d'avoir apporté un soutien logistique aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amedy Coulibaly.

Dans le box des accusés, sera notamment présent Ali Riza Polat, contre lequel les juges antiterroristes ont retenu la charge de complicité d'actes terroristes – passible de la réclusion à perpétuité. Financement des attaques via des escroqueries, achat et transport d'armes depuis la Belgique... Considéré comme un proche d'Amedy Coulibaly, il est soupçonné d'avoir joué un rôle central dans la préparation des attentats. Ce dont il se défend."Il est clair que, par son profil et sa personnalité, il y a des éléments qui ressortent d’avantage que d’autres accusés, explique Jérôme Andrei, avocat de policiers. Notamment quant à une éventuelle connaissance de ce qui pouvait s’organiser du côté d’Amedy Coulibaly." Ali Riza Polat a rencontré ce dernier pour la première fois en 2007 à Grigny, dans le quartier de La Grande Borne (Essonne).

Des accusés qui encourent de 10 ans d'emprisonnement à la perpétuité

Contrairement à Ali Riza Polat, les autres accusés sont essentiellement jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et encourent 20 ans de réclusion. Willy Prévost, vieux comparse d’Amedy Coulibaly, Mohamed Fares, dénoncé par une lettre anonyme, le gérant belge de garage Metin Karasular et son associé sexagénaire Michel Catino, Saïd Makhlouf, Abdelaziz Abad, Miguel Martinez, Amar Ramdani… Certains sont soupçonnés d’avoir fourni argent, gilets tactiques, bombes lacrymogènes ou encore munitions aux trois terroristes.

Ils devront répondre de leurs actes concernant des faits précis et des éléments matériels découverts par les enquêteurs. C’est par exemple le cas de Nezar Pastor Alwatik, dont l’ADN a été retrouvée à l’intérieur d’un gant saisi à l’Hyper Cacher, mais aussi sur un revolver et un pistolet automatique dans la planque d’Amedy Coulibaly à Gentilly (Val-de-Marne).

Dans la répression du terrorisme, nous devrons faire la démonstration que ce ne sont pas simplement des logisticiens, de simples trafiquants d’armes

Patrick Klugman, avocat de victimes de l’Hyper Cacher

"Il y a des enjeux judiciaires immenses, souligne Patrick Klugman, avocat de victimes de l’Hyper Cacher. Dans la répression du terrorisme, nous devrons faire la démonstration que ce ne sont pas simplement des logisticiens, de simples trafiquants d’armes comme on en voit dans des dossiers de banditisme. Ce sont des complices de terrorisme."

Un seul individu comparaît libre sous contrôle judiciaire, pour association de malfaiteurs : un délit puni de 10 ans de prison. Il s’agit de Christophe Raumel, qui ne sera donc pas jugé pour des faits de terrorisme. Présent lors de l’achat de la Renault Scénic qui servira à Amedy Coulibaly pour se rendre à l’Hyper Cacher, il ne connaissait pas directement le terroriste.

Hayat Boumeddiene, compagne d’Amedy Coulibaly, toujours activement recherchée

Parmi les accusés, trois manqueront à l'appel : Hayat Boumeddiene, compagne d’Amedy Coulibaly, ainsi que les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, tous trois partis quelques jours avant les attaques de janvier 2015 vers la zone irako-syrienne. Evoquée par diverses sources, leur mort n'a jamais été officiellement confirmée.

Les services de renseignement restent notamment très prudents sur le cas d’Hayat Boumeddiene. Un temps annoncée morte dans un bombardement, elle aurait – selon un témoignage en mars dernier – fui à l’automne le camp d’Al-Hol en Syrie, en changeant d’identité. Elle reste activement recherchée. Ces trois absents seront jugés pour association de malfaiteurs terroriste; ainsi que, pour ce qui est de Mohamed Belhoucine, pour complicité d'assassinats terroristes.

Parmi les accusés présents dans le box, combien parleront ou s’enfermeront dans le silence ? Les avocats de la défense, eux, soulignent le risque de voir leurs clients condamnés à de lourdes peines pour donner l’exemple. Le verdict est prévu le 10 novembre.
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