Procureur de la République de Paris au soir des événements de janvier 2015, François Molins est devenu une figure familière auprès du grand public depuis la vague d’attentats. Il estime aujourd'hui que l’enregistrement intégral du procès est une "très bonne chose".
À deux jours du début du procès des attentats de janvier 2015, France 3 Paris Île-de-France diffuse un dispositif spécial à l'antenne et sur nos supports numériques. Ce lundi, nous poursuivons notre série intitulée "La parole à..." avec le témoignage de François Molins, alors procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris.
Aujourd’hui procureur général près la Cour de cassation, il a accepté de partager ses souvenirs de ce début d’année 2015. "Comme tous les événements majeurs, on se souvient ce qu’on faisait à la minute où on l’a appris, raconte François Molins, à propos de la fusillade de Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier 2015. J’étais à ma réunion hebdomadaire de gestion avec le président du tribunal de Paris. Je suis parti immédiatement, parce que je ne savais pas encore l’ampleur de ce qui s’était passé mais j’avais eu quelques mois auparavant l’expérience de l’affaire Dekhar, qui était rentré dans les locaux de Libération avec un fusil et qui avait tiré. Donc j’avais bien compris la sensibilité du sujet."
"Charlie Hebdo, 8 janvier l’assassinat de Montrouge, ensuite la traque des frères Kouachi, l’épisode de Dammartin-en-Goële", la prise d’otages à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes… L’ancien procureur de la République évoque un "sentiment d’enchaînement sans limite, dont on a peur de ne pas pouvoir sortir".Quand je suis entré dans cet immeuble, j’ai le souvenir d’une odeur de sang et de poudre.
A propos de Charlie Hebdo, il dit se souvenir en particulier de son arrivée sur les lieux, rue Nicolas-Appert : "Il y avait du monde dans tous les sens. Je ne m’attendais pas à ce que j’allais voir. Quand je suis entré dans cet immeuble, j’ai le souvenir d’une odeur de sang et de poudre. Et puis l’image du carnage dans la salle de rédaction."
L’enregistrement intégral du procès, "une très bonne chose"
"Chacun a ses petites techniques et essaye de gérer ces choses-là au mieux, poursuit l’ancien procureur de la République. Sur ce genre d’événements, notamment les scènes de crime, j’essaye de me ménager quelques instants de recueillement personnel et puis après je passe à autre chose et je reviens dans mon office professionnel que je ne quitte plus."François Molins explique aussi la décision de communiquer très vite : "L’enjeu est de donner l’information qui soit à la fois la plus exhaustive et la plus rigoureuse possible. D’où le choix de distiller des informations à des moments stratégiques."
Le 2 septembre, pendant 10 semaines, 14 personnes seront jugées pour les attentats de janvier 2015. Un procès qui sera intégralement enregistré, comme l’a était par exemple celui de Klaus Barbie. "Je trouve que c’est une très bonne chose pour la justice et aussi pour les victimes, estime François Molins. Je pense que c’est une bonne chose que tout ça soit filmé. Parce qu’avec Charlie Hebdo, ces trois jours ont été importants pour la société."