Attentats de Janvier 2015 : la parole à Alain Couanon, otage à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes

Alain Couanon a été l'otage d'Amedy Coulibaly à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le 9 janvier 2015. Depuis, il témoigne de son expérience auprès des lycéens.

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À moins de deux semaines du début du procès des attentats de Janvier 2015, France 3 Paris Ile-de-France diffuse un dispositif spécial à l'antenne et sur ses supports numériques. Ce jeudi, nous poursuivons notre série intitulée "la parole à..." avec le témoignage d'Alain Couanon, retenu otage lors de l'attaque contre l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes.

Il a fait partie des vingt otages d'Amedy Coulibaly le 9 janvier 2015 à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Pendant près de 4 heures, l'ancien diplomate fait face au tueur et tente de dialoguer avec lui. Depuis, il a décidé de consacrer son temps à témoigner de cette expérience auprès des lycéens.

"J'ai entendu un bruit. Je me suis dit 'mais ça, c'est une arme automatique'. On s'est tous précipité vers la cave. On s'est bousculé, je suis tombé et l'on s'est retrouvé dans des chambres froides. Un moment, je me suis dit qu'il fallait que je remonte car si je dois mourir, je n'ai pas envie de mourir dans une cave. Et là, au débouché de l'escalier, je suis tombé sur un premier cadavre. J'ai appris par la suite que c'était un jeune homme qui avait essayé de désarmer Coulibaly. Je me suis joint aux autres qui étaient assis par terre. En face de moi, il y avait un malheureux dans le coin du magasin qui n'était pas mort. Je voyais son corps qui s'agitait encore un peu, avec du sang partout. Il n'était plus conscient heureusement. Et Coulibaly a dit : 'vous voulez que je l'achève ? Je peux.' Alors on a dit : 'bah non !' et il est reparti, comme si de rien n'était", raconte-t-il, très ému.
 

Qu'attendre du procès ?

Du procès qui commence le 2 septembre prochain, Alain Couanon n'a pas d'attentes particulières. "Ce n'est pas le procès de Coulibaly. Il a été tué. La justice immanente a frappé, tant mieux. Là, ce sont des gens que je ne connais pas, que je n'ai pas vu, qui ne sont pas directement impliqués dans l'attentat. Que justice soit faite, c'est normal. Mais émotionnellement, ce n'est pas comme si je voyais le tueur."

Mais vivre une vie paisible après cette expérience n'est pas forcément facile. "Je pense souvent à une formule d'Hannah Arendt qui a réfléchi sur le génocide des juifs pendant la guerre : 'ils les tuent non pas pour ce qu'ils font mais pour ce qu'ils sont'. C'est cela que j'ai vécu. Après cet événement, je me suis interrogé en me demandant : 'qu'est-ce que je peux faire qui serve à quelque chose ?'. La seule chose qui peut être utile est de témoigner. Donc j'ai accepté de faire des conférences devant des lycéens. Peut-être que cela ne sert à rien. Mais c'est mieux que de ne rien faire."

Parole à Simon Fieschi : un document d'Aude Blacher, Yoann Dorion et William Sabas.
Alain Couanon a été l'otage d'Amedy Coulibaly à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le 9 janvier 2015. ©France 3 Paris Ile-de-France
 

Le mot d'Aude Blacher, journaliste et auteure de l'interview

Les souvenirs et paroles d'Alain Couanon ont été recueillis par notre journaliste Aude Blacher : "C'est un monsieur qui allait de façon très ponctuelle à l'Hyper Cacher. C'est un ancien diplomate qui a travaillé dans plusieurs pays arabes, en Iran ou en Inde. Comme il ne travaillait pas très loin, il s'est dit qu'il allait acheter du houmous. Comme il avait travaillé sur les armes, il connaissait le bruit d'une kalachnikov. Lorsqu'il a entendu le premier coup de feu, il a tout de suite compris que c'était une arme.

Il s'est retrouvé pendant 4h avec Amedy Coulibaly avec qui il a discuté. Selon lui, c'est quelqu'un qui s'exprimait de façon polie, l'appelait 'Monsieur'. Il était aux antipodes de ses actes et ne semblait pas animé par une haine antisémite. Il décrit quelqu'un d'un peu mécanique dans ce qu'il faisait. L'événement qui l'a le plus marqué est lorsqu'il les a interrogés sur leurs origines et leur religion."
 
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