Une militante du groupe Dernière rénovation était jugée ce lundi pour avoir bloqué le périphérique parisien. Cette médecin hospitalière revendique cette action estimant "ne pas avoir eu d'autre choix".
Le 9 juillet dernier vers midi, cette médecin hospitalière de 58 ans s'est assise sur le boulevard périphérique au niveau de la porte de Sèvres avec six autres militants pour bloquer la circulation et dérouler une banderole au nom de ce collectif, qui réclame un plan massif de rénovation thermique des logements.
À la barre du tribunal correctionnel, les cheveux grisonnants retenus par un bandeau coloré, Florence M. assume son acte et son caractère illégal. "Je reconnais cette infraction et je la revendique comme un acte de résistance civile et non-violente", dit-elle d'une voix posée, estimant "ne pas avoir eu d'autre choix".
"Je n'ai jamais commis d'infractions"
La décision de transgresser la loi n'est pas allée de soi. "Je n'ai jamais commis d'infraction, j'ai toujours essayé de me comporter comme une citoyenne", explique cette spécialiste de médecine physique pour enfants handicapés. "Enfreindre la loi, une arrestation, c'étaient des interdits auxquels je n'aurais jamais pensé".
Mais l'urgence climatique et les cris d'alarme des scientifiques ont tout balayé. "On sait qu'on a deux, trois ans pour agir. Est-ce que je vais juste regarder ça en sachant que tout va brûler?", s'interroge la prévenue qui menait, le 9 juillet, sa troisième opération de blocage du périphérique parisien.
Le président du tribunal dit "entendre sa cause" mais s'interroge sur le mode d'action : "N'y avait-il pas d'autres moyens comme une manifestation déclarée en préfecture ?"
La prévenue regrette de devoir passer par "des moyens de perturbations", mais assure qu'il s'agit de la seule façon d'exercer une pression efficace alors que l'État rechigne notamment, selon elle, à prendre les mesures dictées par sa condamnation pour inaction climatique fin 2021 dans l'Affaire du siècle.
"Notre objectif, c'est d'interpeller le gouvernement. Toutes les autres voies de recours ont été épuisées et il nous reste peu de temps", soutient Florence M.
Actions spectaculaires
Une stratégie du coup d'éclat qui a été très tôt adoptée par le collectif Dernière rénovation, fondé début 2022. Ses militants ont perturbé le Tour de France en juillet, interrompu d'autres manifestations sportives (Roland-Garros, PSG-OM en L1...) et, plus récemment, aspergé de peinture orange les façades de plusieurs ministères.
La justice a prononcé des amendes et n'a pas hésité à faire comparaître les militants pour les faits les plus sérieux. Certains d'entre eux doivent d'ailleurs être jugés cette semaine à Paris, également pour entrave à la circulation.
"On n'a pas de problème à se présenter devant la justice et on accepte le débat même si on se dit que l'Etat devrait être aussi sur le banc des prévenus", affirme Nicolas, un porte-parole présent lundi à l'audience qui préfère ne pas donner son patronyme par crainte du cyberharcèlement.
Le représentant du ministère public réclame à l'encontre de Florence M. une réponse qu'il estime "graduée": 500 euros d'amende et une peine d'emprisonnement avec sursis dont il laisse au tribunal le soin de déterminer l'ampleur.
En défense, Me Ingrid Metton plaide la relaxe au nom de "l'état de nécessité" et d'une "lutte historique" pour le climat.
Le jugement sera prononcé le 13 février prochain.
Source : AFP