Des chiffres montrent une hausse spectaculaire des ventes du tabac en Île-de-France. Ils pourraient être dus à la fermeture du commerce frontalier et à la baisse de la contrebande pendant le confinement.
Les fumeurs ont-ils plus fumé pendant la durée du confinement ? Ils ont, en tout cas, plus acheté de cigarettes au mois d'avril 2020 que le mois précédent en Île-de-France : +24% de cigarettes et +39% de tabac à rouler ou à tuber selon des données du distributeur de tabac Logista (+19,5% pour les cigarettes et +43,4% pour le tabac à rouler au niveau national).
"La fermeture des frontières liées à la crise du Covid-19 et le confinement ont empêché les fumeurs qui s’approvisionnaient sur un marché parallèle (frontières ou contrebande) et les ont obligés à effectuer leurs achats auprès des buralistes français", affirme-t-on du côté du fabricant de cigarettes Seita (qui a communiqué ces chiffres).
Selon l'entreprise, "ces fumeurs existent toujours en France, ils étaient simplement sortis du réseau officiel d’achat. Ce qui explique ces hausses exceptionnelles".
Hausse saisonnière
"Ces chiffres sont difficiles à interpréter. Il y avait eu une augmentation des prix au 1er mars, ce qui avait provoqué une diminution de la consommation", explique le Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue à l'institut Arthur Vernes à Paris.Selon le professeur, l'augmentation encore plus importante des achats de tabac à rouler s'explique aussi car ce sont ces fumeurs particulièrement qui allaient auparavant se fournir à l'étranger. La hausse serait saisonnière, et correspond à celle des deux années précédentes.
Pour autant, il ne pense pas qu'il y ait plus de fumeurs. "Quand il y a moins d'alcool, il y a moins de tabac", indique-t-il.
Tabac et changements de l'organisation du travail
Un autre enseignement est à tirer de la mise en place du télétravail massif : "cela a pu modifier le comportement de chacun, mais je ne sais pas dans quel sens. Les gens qui ont des enfants et sont confinés fument moins. De même, beaucoup de gens qui allaient à leur pause cigarette ou boire des coups avec des copains après le travail, cela a pour l'instant disparu", pense le professeur Bertrand Dautzenberg.Pour lui, même si certains vont s'approvisionner aux frontières de la France ou sur le marché noir, pas question de remettre en cause la politique d'augmentation des prix pour faire baisser le nombre de fumeurs car "c'est très efficace".
Avec les beaux jours qui arrivent, difficile pour certains de baisser leur consommation. "L'été, on s'arrête moins et on boit un peu plus. Les gens remettent ça au 1er septembre. Cela peut peut-être changer avec la vape, mais pour l'instant, ce n'est pas visible dans les statistiques", déclare ce tabacologue qui rappelle que la prochaine hausse des prix aura lieu en novembre prochain.
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Les hausses par département (entre mars et avril 2020)
- Essonne (91)Cigarettes : +29%
Tabac à rouler / à tuber : +35%
- Hauts-de-Seine (92)
Cigarettes : +26%
Tabac à rouler / à tuber : +43%
- Paris (75)
Cigarettes : +6%
Tabac à rouler / à tuber : +20%
- Seine-et-Marne (77)
Cigarettes : +17%
Tabac à rouler / à tuber : +33%
- Yvelines (78)
Cigarettes : +24%
Tabac à rouler / à tuber : +36%
- Seine-Saint-Denis (93)
Cigarettes : +41%
Tabac à rouler / à tuber : +59%
- Val-de-Marne (94)
Cigarettes : +36%
Tabac à rouler / à tuber : +54%
- Val-d'Oise (95)
Cigarettes : +41%
Tabac à rouler / à tuber : +56%