Devant le rectorat de Paris, près de 300 personnes ont manifesté contre la fermeture de classes annoncée pour la rentrée prochaine. Parmi eux, des parents d'élèves et représentants de l'école Houdon, dans le 18ème arrondissement de Paris.
« Des moyens, pas des classes en moins », « casse de l’école ». Autant de slogans que l’on retrouve sur les banderoles des manifestants, ce mardi matin, devant le rectorat de Paris. Au total, près de 300 personnes se sont rassemblées. Parmi celles-ci : des enseignants, des parents d’élèves, accompagnés quelquefois de leurs enfants, mais aussi des membres de syndicats tels que FO, UNSA, FSU-SNUipp et la CGT ou encore des élus.
Dans la foule amassée devant le bâtiment, rattaché au ministère de l’Education nationale, Matthieu Sainton tient à être présent. Dans l’école Houdon, située dans le 18ème arrondissement de Paris où est scolarisée sa fille de 8 ans en CE2, une classe doit être supprimée. Une décision qu’il juge « incompréhensible » : « On a déjà perdu 3 classes, en 4 ans. Donc là ça fait déjà beaucoup. »
Inquiétude et incompréhension
À cela s’ajoute aussi l’inquiétude : « On est une des rares écoles de ce quartier qui a un dispositif ULIS, donc pour les enfants en situation de handicap et un dispositif UP2A, donc pour les enfants qui ne parlent pas français, notamment des enfants qui sont issus de l’immigration. On a d’ailleurs accueilli trois familles ukrainiennes l’année dernière et elles sont encore là », souligne Matthieu Sainton, président du comité local FCPE de l’école Houdon. Une situation donc particulière pour cet établissement, avec des « publics spécifiques qui ont besoin d’une prise en charge adaptée », précise Marie-Charlotte Demare, directrice de cet établissement : « comment faire un accueil correct avec un nombre de classes restreint ? »
Dans cette école du 18ème, la classe ULIS compte une dizaine d’élèves. Ils sont une quinzaine dans celle UP2A. A cela s’ajoute une dizaine d’élèves en situation de handicap, répartis dans les classes ordinaires.
« Creuser les inégalités sociales »
« Si on ferme une classe, on se retrouve avec des enseignants qui vont avoir 22, 23 élèves par classe et donc on ne pourra plus intégrer des élèves qui ne parlent pas français, qui sont en situation de handicap, puisque ça va être trop compliqué pour des enseignants de gérer ces différents niveaux », tient à ajouter Matthieu Sainton.
Celui-ci estime qu’à terme, cela peut même « creuser les inégalités sociales ». « Soit les familles qui ont des moyens vont partir, et il y en a déjà qui sont parties dans le privé ou dans d’autres écoles, donc on va faire une école plus du tout mixte. Soit ils vont fermer ces dispositifs ULIS et UP2A, et donc il n’y aura plus d’inclusion. »
D’où sa mobilisation ce mardi matin devant le rectorat de Paris. Il entend, avec d’autres parents d’élèves, mais aussi des enseignants, des directeurs d’établissements, des représentants syndicaux, protester face à des suppressions, qu’il juge, « injustifiées ». L’Académie de Paris prévoit en effet 187 fermetures de classes dans 180 écoles maternelles et élémentaires de la capitale, à cause d’une baisse des effectifs du nombre d’élèves.
Dans un communiqué publié mardi 7 février par la FCPE Paris, l’association indique que « dans le même temps, seules 16 ouvertures de classes sont prévues », et pointe du doigt « le désastre qui s’annonce ».
Parmi les 300 personnes mobilisées devant le rectorat de Paris, ce mardi matin, on compte aussi des élus. Comme par exemple, Ian Brossat, adjoint (PCF) à la mairie de Paris chargé du logement, mais aussi Aymeric Caron, député Nupes de la 18ème circonscription de Paris, où se situe l’école Houdon.
Faire du cas par cas
Tous deux sont venus apporter leur soutien. « Je crois qu’on est dans l’illustration d’un processus global, général qui est enclenché depuis quelques années, mais qui connait une accélération avec Emmanuel Macron. C’est cette idée qu’on détruit, qu’on détricote le service public, l’école publique, en demandant aux parents de se débrouiller derrière », souligne Aymeric Caron. « Je demande que le rectorat revienne sur sa décision, au moins dans certains cas et au moins pour l’école Houdon. Si on prend des cas particuliers comme l’école Houdon, on se rend compte qu’on est dans une situation où la suppression de postes et de classes va vraiment déstabiliser une équipe enseignante et la qualité d’un enseignement. Et donc je demande que ces classes ne ferment pas. Je demande qu’on puisse étudier au cas par cas avec le rectorat. »
Faire du cas par cas. C’est aussi ce que souhaite Matthieu Sainton. Après 3 heures d’attente, il pénètre enfin dans le bâtiment pour plaider la cause de l’école Houdon. S’en suit 20 minutes d’entretien avec une inspectrice. Il ressort avec la délégation de l’école, plutôt satisfait : « Elle nous a dit qu’elle comprenait les spécificités de l’école. Que l’école était particulière voire méconnue dans son fonctionnement. Elle ne peut pas en dire plus. Mais il y avait une écoute attentive, pleine de bienveillance. »
Matthieu Sainton espère que le rectorat revienne sur son choix concernant l’école Houdon. Une première décision doit être rendue dans la semaine, sinon, il faudra patienter jusqu’au mois de juin.
Contactée, l’Académie de Paris n’a pour l’instant pas donné suite à nos sollicitations.
En attendant, les parents d’élèves continuent de se mobiliser. Ils envisagent de prolonger leurs actions jusqu’à ce que leur voix porte au-delà des murs du rectorat de Paris.