CARTE SCOLAIRE. Près de 200 classes menacées de fermeture à Paris : "On fait des économies sur le dos des élèves"

Le rectorat de Paris menace de fermer 187 classes dans 180 écoles de la capitale, alerte la FCPE. De quoi provoquer l'inquiétude et la colère des parents d’élèves scolarisés dans les établissements concernés.

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L’association de parents d’élèves dénonce "une véritable saignée pour les écoles parisiennes". L’Académie de Paris prévoit 187 fermetures de classes dans 180 écoles maternelles et élémentaires, "dont 56 classes situées en réseau d’éducation prioritaire", selon la FCPE Paris.

Dans un communiqué publié mardi, l’association indique que "dans le même temps, seules 16 ouvertures de classes sont prévues". La FCPE, qui accuse le rectorat de "profiter de la baisse de la démographie parisienne", et pointe du doigt "le désastre qui s’annonce". Les XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements sont les premiers touchés.

"La nouvelle crée de l’émotion et de la colère dans tout le quartier", déplore Elsa, mère d’une élève en moyenne section de l’école maternelle de la rue Lesseps, située dans le XXe arrondissement. "Aujourd’hui, l’école a cinq classes, explique-t-elle. Il y a une vingtaine d’enfants par classe. C’est vraiment positif dans un quartier populaire comme le nôtre, pour faire vivre la mixité sociale au quotidien dans de bonnes conditions. A 20, ça permet une écoute et un vrai travail pédagogique. Ça permet aussi de respecter l’inclusion des enfants en situation difficile ou en situation de handicap."

"C’est ça qui fait la qualité de l’école publique, poursuit la mère d’élève. Si la qualité d’accueil diminue avec une enseignante en moins, certaines familles qui en ont les moyens vont privilégier le privé, mieux doté en moyens humains et en encadrement. Et les plus pauvres, eux, n’auront pas le choix. On veut que nos enfants soient respectés."

"Fermer une classe aurait aussi pour conséquence de supprimer le poste de directrice à plein temps, pour passer à un poste la moitié du temps en directrice et l’autre moitié en enseignante, souligne Elsa. C’est compliqué de faire les deux en même temps."

"Et nos maîtresses ont pas mal tourné par le passé, ça fait un an que l’équipe fonctionne, avec une bonne ambiance, souligne-t-elle. On a besoin de stabilité. Les familles ont toutes vécu la crise sanitaire dans des petits appartements parisiens, et au moment où tout revit, on nous dit qu’on va reculer pour des raisons comptables. Dans le quartier, une classe va aussi fermer dans l’école maternelle de la rue de la Réunion, la situation est assez identique."

De son côté, le rectorat de Paris met en avant "une baisse très importante" de la démographie avec 27 500 élèves parisiens en moins en 10 ans - soit un recul de 20% des effectifs dans le 1er degré. Cette tendance, "qui s’accélère", concerne tous les arrondissements selon l’Académie. Le rectorat évoque aussi "des moyens très favorables" dans la capitale, avec un taux d'encadrement en hausse à la rentrée 2023 et 19,9 élèves par classe en moyenne (contre 21,7 au niveau national). Les fermetures et la suppression de 155 postes sont ainsi présentées comme des "conséquences" du phénomène démographique.

"Les arrondissements les plus touchés sont ceux où la situation est déjà la plus compliquée socialement"

"L’argument démographique, on ne l’entend pas, réagit Elsa. Si on était à 10 enfants pas classe, pourquoi pas. Mais là, à 20 par classe, ça devrait être normal. Pourquoi changer ça ? Dans le quartier, la population recule mais c’est très léger, et ça peut changer d’une année à l’autre selon les projets de construction de logements."

"Les arrondissements les plus touchés par les fermetures sont ceux où la situation est déjà la plus compliquée socialement, déplore Sylvaine Baehrel, présidente de la FCPE Paris. Le rectorat met sans cesse en avant la baisse du nombre d’élèves à Paris alors qu’à moyens constants, on pourrait avoir une école attractive pour toutes et tous. L'autre argument utilisé par le rectorat, c’est la comparaison avec des territoires incomparables comme le Cantal."

"Le gouvernement fait le choix d’une politique de baisse drastique des moyens pour le public, alors qu’on a aussi besoin de postes de remplacement. L’école privée, elle, semble plutôt préservée. On fait des économies à court terme sur le dos des élèves", dénonce Sylvaine Baehrel. 

Plusieurs élus parisiens ont réagi. "La destruction du service public d'enseignement continue à Paris", pointe du doigt Jérôme Gleizes (EELV), conseiller de Paris du XXe arrondissement. Dan Lert (EELV), adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la transition écologique, dénonce "20 fermetures de classes programmées dans les écoles du XIXème arrondissement".

"La réussite scolaire dans nos quartiers passe par l'abaissement du nombre d'élèves par classe et non par la dégradation des conditions d'enseignement", déclare-t-il. "Quand la seule vision comptable prend le pas sur la politique éducative", déplore Colombe Brossel (PS), adjointe d’Anne Hidalgo en charge de la propreté de l’espace public, élue également dans le XIXe arrondissement.

La FCPE, qui refuse "catégoriquement toute suppression de poste à la rentrée 2023", appelle à un rassemblement le mardi 14 février devant le rectorat de Paris. Pour ce qui est de l’école de la rue Lesseps, et des autres établissements du XXe arrondissement, un rassemblement est également prévu le 14 février place de la Réunion. Contacté, le Rectorat de Paris n’a pas répondu à ce stade.

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