"Ce sont des enfants qui sont fatigués, qui ont des difficultés de concentration et qui sont sans cesse inquiets." Des professeurs en grève pour dénoncer la situation de leurs élèves qui dorment à la rue

Deux de leurs élèves dorment sur les trottoirs de Paris depuis la rentrée. Une situation insupportable pour les enseignants de l'école élémentaire Ourcq B dans le 19e arrondissement. Ils ont décidé de faire grève et de manifester pour alerter l'Etat.

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"Nous ne pouvons pas accepter que chaque soir deux de nos élèves et leur famille aient froid, aient peur, aient le sentiment d’être abandonnés et de vivre au ban de l’humanité." C'est le cri de colère des professeurs de l'école élémentaire

Ourcq B dans le 19e arrondissement.

Deux de leurs élèves dorment sur le trottoir depuis la rentrée, une situation dramatique que ces enseignants ont décidé de dénoncer en faisant grève aujourd'hui. Et en manifestant sur le parvis de la mairie d'arrondissement. "Cela nous révolte parce que nous sommes responsables de ces élèves. Nos devoirs ne s'arrêtent pas à la porte de l'école", s'alarme Fanny Baudy. Cette enseignante de CP compte parmi ses élèves une fillette qui campe depuis quatre mois sous une tente, place de l'Hôtel de Ville. "Elle vient tous les jours avec le sourire et l'envie d'apprendre mais elle s'endort chaque après-midi sur sa table. L'école est malheureusement devenue son toit et son chauffage pour la journée."  

L'autre élève concernée par cette grande précarité est scolarisée en CE1. "Ce sont des enfants qui sont fatigués, qui ont des difficultés de concentration et qui sont sans cesse inquiets même si on voit leurs parents essayer de les protéger. Certains n'ont pas de possibilité de se laver", explique Frédérique Aïddid. Par crainte qu'ils n'aient pas de quoi se nourrir, cette professeur en classe UP2A apporte des gâteaux chaque matin. Comptant également sur la solidarité des parents qui ont mis en place une caisse dans l'école pour recueillir des denrées alimentaires.

"Tout le monde se renvoie la patate chaude mais on veut dire stop. Certes, nous n'avons pas la main, c'est le rôle de l'Etat, mais nous ne pouvons pas rester impuissants car la situation se dégrade. D'autres enfants sont sur le fil du rasoir", souligne Mathilde Derrez. L'année dernière, cette professeur avait occupé l'école avec plusieurs de ses collègues pour dénoncer le sort d'un de leurs élèves. Une action qui avait permis de débloquer un hébergement d'urgence pour ce petit garçon et sa famille. Et valu aux enseignants des pressions de l'académie, selon Frédérique Aïddid. "On nous a menacé d'une enquête administrative. Et aujourd'hui, parce que nous sommes en grève, on nous a interdit l'entrée de l'établissement."

"Nous n'arrivons plus à faire face aujourd'hui"

De son côté, le maire du XIXe arrondissement François Dagnaud a indiqué avoir ouvert ce lundi un lieu de mise à l'abri de première urgence pour ces familles avec des enfants scolarisés. Quatre d'entres-elles ont déjà été accueillies. "Cela répond à la volonté partagée de ne voir aucun élève dormir dehors", assure-t-on à la mairie.

Selon le Collectif des associations unies, plus de 1300 enfants seraient sans toit en Île-de-France quand l'Unicef recense 700 enfants vivant à la rue ou dans des habitats précaires à Paris. Un record. Une situation qui touche tous les départements d'Ile-de-France. En Seine-Saint-Denis, toujours selon l'Unicef, 160 enfants sont sans solution d'hébergement, 5000 sont hébergés à l’hôtel. "Le problème, c'est que l'on trouve de moins en moins de logements car on nous dit que tout est plein, indique Nicolas Griffin, professeur au collège Georges Rouault dans le 19e arrondissement où trois enfants dorment à la rue. Si le phénomène n'est pas nouveau, nous n'arrivons plus à faire face aujourd'hui."

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