Chansons et atmosphère de tranchées, le spectacle Clemenceau au Palais des Congrès de Paris rend hommage à l’homme d’Etat, aux poilus et à la nation. Une commémoration portée par des jeunes artistes d’une école de comédie musicale.
Il est 10h, ce mardi 31 octobre lorsque nous arrivons à l’Aicom, une école de comédie musicale installée à Créteil. Dans une salle de cours, plutôt grande, une cinquantaine de jeunes répètent le tableau d’ouverture du spectacle Clemenceau sous la direction de Pierre-Yves Duchesne, metteur en scène et maître des lieux.
La bande musicale retentit et les chœurs montent au rythme des roulements de tambours. Les solistes entament leur chanson qui évoque l’entrée en guerre et la victoire évidente. Au moment d’une tirade de théâtre, Pierre-Yves intervient sur un groupe de comédiens :
Ils croupissaient dans la boue et ça sentait la mort dans les tranchées, ok, mais là, on est en 1914, au début, les jeunes sont persuadés qu’ils vont revenir dans trois mois et que la guerre est une formalité. Alors soyez un peu plus joyeux. L’horreur, c’est pour après.
"Clemenceau, le musical" : un hommage au "Père de la Victoire" au Palais des Congrès de Paris (J-L Serra / G.Bezou / F.Desbrosses / S.Fouquet) ►
"Ces jeunes de 20 ans sont partis pour l’amour de la France"
Habillés en costume d’époque et répartis sur une tranchée reconstituée. Certains portent des costumes de poilus, d’autres des tenus civiles ou des tenues d’infirmières. Les plus jeunes, encore étudiant à l’école ont dix-neuf ou vingt ans, les plus vieux, des anciens de l’école devenus artistes professionnels ont maximum la trentaine. Cette époque est lointaine mais tous insistent sur le devoir de mémoire. Notamment, le comédien, Kévin Lévy :Moi je suis né en 1988, et je me dis, les mecs, on est venu les chercher en 1914, ils avaient 20 ans, on leur a rien demandé, ils ont quitté leur femme, ils y sont allés pour l’amour de la France, c’est dingue.
A ces côtés, Clément Julia, un jeune chanteur lui aussi habillé en soldat enchérit : « Pour moi, c’est pas juste un spectacle, c’est un devoir de se souvenir ». Cent après la fin de la "grande guerre" et à la veille d’un weekend de commémoration, ce projet aujourd’hui porté par les élèves de l’Aicom existe en fait depuis environ 15 ans.
"Entendre ces 80 jeunes, c’est vraiment top"
Son auteur, compositeur et interprète s’appelle Jacques Raveleau-Duparc. A l’époque, il s’agissait d’un petit spectacle créé pour des bénévoles :Vous savez, j’ai créé ce projet dans ma Vendée natale, et j’étais loin d’imaginer qu’un jour, il serait joué à Paris. Le fait d’entendre, ces 80 jeunes chanter leur amour pour la patrie, les souffrances qu’il y a eu pendant cette période, la joie de l’espoir retrouvé à partir de 1918, c’est vraiment top.
Parmi ces jeunes, il y a Alexandra et Violette. Elles sont en première année et son fière de partager la scène avec d’autres élèves, environ une trentaine et les anciens de l’école devenus professionnels. « C’est une vraie chance de participer à des projets comme Clemenceau, déclare Alexandra. C’est formateur et c’est un vrai challenge, car on n’a pas le niveau des pros. On est obligé de travailler beaucoup. C’est bien. »
"On n’a pas le niveau des pros, c’est un vrai challenge"
Tout comme Violette, elle partage son temps entre les répétitions du spectacle et les cours de l’école. Chaque jour, elles ont théâtre, danse classique, cours de masque, de claquette et bien sûr cours de chant. Un programme riche et chargé mais qu’elles adorent suivre. « C’est une école professionnelle, nous dit Violette. En plus des nombreux cours, on a l’opportunité de participer à des projets comme Clemenceau. C’est pour cela que j’ai choisi cette école plutôt qu’une autre ».L’école compte environ 350 élèves entre les cours en semaine, les cours du soir et les stages du weekend. La concurrence est donc déjà présente et seuls quelques élus accèdent à ces projets d’envergures. Après les répétitions et les cours habituels de l’école, Alexandra, Violette et les autres chanceux seront sur la scène du Palais des Congrès de Paris pour sonner la charge de Clemenceau. Le 10 et 11 novembre, tout juste cent après la fin de la guerre. Un symbole.
► "Clemenceau" le 10 et 11 novembre au Palais des Congrès de Paris