Plusieurs manifestations en soutien à la Palestine se sont tenues dans les rues de la capitale ce jeudi, bien qu'interdites par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Des associations pro-palestiniennes dénoncent cette décision.
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés jeudi soir place de la République à Paris en soutien aux Palestiniens, malgré l'interdiction de cette manifestation, confirmée par la justice administrative dans l'après-midi, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné l'interdiction systématique des "manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public", après l'attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, dans un télégramme adressé jeudi aux préfets.
L'interdiction de manifester maintenue par le tribunal administratif
Le ministère a indiqué à l'AFP que "les organisateurs" de ces manifestations, si elles avaient lieu, et "les fauteurs de troubles" seraient interpellés. Aux alentours de 18 heures, entourés par des policiers, ils étaient plusieurs centaines place de la République à scander "Palestine vaincra", ou encore "Israël assassin, Macron complice", munis de drapeaux palestiniens. "Sionistes, sionistes, vous êtes des terroristes", entonnaient des manifestants.
La préfecture de police a indiqué à l'AFP vers 18h15 que l''"ordre a été donné au dispositif de police de disperser les gens présents, d'interpeller, voire de verbaliser". Alors que le préfet de police Laurent Nuñez a interdit mardi ce rassemblement, prévoyant qu'il serait "le théâtre d'attitudes, de propos et de gestes, principalement à caractère anti-juif, incitant à la haine raciale et faisant l'apologie des attaques terroristes perpétrées ces derniers jours au Moyen-Orient".
Saisi en urgence par plusieurs associations, le tribunal administratif de Paris a décidé jeudi de maintenir cette interdiction. Le juge des référés a estimé que "le préfet de police, en interdisant la manifestation en litige, n'a pas porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés d'expression, de réunion et de manifestation".
Quelques jours après l'offensive du Hamas sur Israël le 7 octobre, le tribunal a invoqué un contexte d'une "extrême violence" et des "risques avérés de l'exportation de cette violence (...) sur le sol national" au regard, notamment, du "regain d'actes antisémites" depuis cette attaque.
"Une colère qui veut s'exprimer"
Les présidents de l'AFPS (Association France Palestine Solidarité), Bertrand Heilbronn, et de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), Mohammed Ben Saïd, ont indiqué à l'AFP qu'ils ne maintenaient pas l'appel à manifester jeudi soir.
Mais "nous n'allons pas lâcher", a ajouté M. Heilbronn. "Ces manifestations donnent un débouché politique à une colère qui veut s'exprimer, il est important que l'on puisse porter cette voix". "Il est grand temps que la France se reprenne un peu et sorte de ce soutien inconditionnel à l'Etat d'Israël", a-t-il ajouté.
Pour sa part, la dirigeante de la CAPJPO-Europalestine, Olivia Zemor, a dit à l'AFP son intention de "laisser les gens" manifester "s'ils ont envie de le faire".
Mercredi soir, des rassemblements pro-palestiniens se sont tenus à Nantes, Nîmes et Bordeaux, malgré des interdictions préfectorales prises faute de déclaration préalable ainsi que pour des motifs de sécurité publique.