Coronavirus : primeurs et volaillers... sur les marchés de Paris, la vie au rythme du confinement

Depuis l'entrée en vigueur du confinement, mardi 17 mars, en France, sur fond de crise sanitaire du Covid-19, les commerces alimentaires restent ouverts au public. Ambiance sur un marché parisien, où la vie tourne au ralenti.

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"Je ne savais même pas qu'il y avait un marché", confie la jeune fille, arrêtée un instant devant le volailler, le temps d'acheter un morceau de poulet rôti. L'étal est en effet bien seul au milieu du boulevard Edgar-Quinet, au pied de la tour Montparnasse, où se tient d'ordinaire l'un des 81 marchés alimentaires de la capitale. De quoi désespérer les deux vendeurs, Toufik et Fodhel.

"On a la place à payer... 450 euros par mois pour cet emplacement, et 450 euros par mois pour Châtelet", explique Fodhel. Car depuis samedi, les clients sont une denrée bien rare. Et l'entrée en vigueur du confinement mardi n'arrange rien.

D'habitude, on est trois sur le stand.
Mais là, impossible de tous nous payer.

"D'habitude, on est trois sur le stand. Mais là, impossible de tous nous payer." Au final, le bilan de la matinée est maigre : six clients. Des pertes assurées, même si les deux volaillers ont anticipé, en réduisant les provisions de matières premières. Sur les rotissoires, les poulets tournent au même rythme, mais ils sont trois fois moins nombreux que d'ordinaire.
 

Le confinement, la "grande inconnue" pour les commerçants

A quelques mètres de là, Mohammed se lamente lui aussi, face à cette "grande inconnue" du confinement. Mardi, sur le marché Blanqui, dans le 13e arrondissement de la capitale, la foule était encore de la partie, confie le vendeur de primeurs. Mais c'était avant l'entrée en vigueur des mesures de confinement. "Là, c'est près de la moitié" de clients en moins, poursuit-il.

C'est un peu plus sain d'être à l'air libre, qu'enfermé à l'intérieur. Aucune promiscuité, il n'y a personne !

Devant l'étal de fruits et légumes, faute de chalants, les distances minimales sanitaires sont respectées. A un mètre l'un de l'autre, chaque client attend patiemment son tour. Dont Yann, venu acheter quelques bottes de poireau. "C'est un peu plus sain d'être à l'air libre, qu'enfermé à l'intérieur", explique-t-il. "Aucune promiscuité, il n'y a personne !", sourit-il.

 

Gants et distance de rigueur

Boulevard Edgar-Quinet, la fréquentation du jour n'a pas grand-chose à voir avec les foules du marché d'Aligre, dans le 12e arrondissement, image tant décriée dimanche sur les réseaux sociaux. Samedi soir, le Premier ministre avait annoncé la fermeture des commerces non-essentiels à compter de minuit, afin de limiter les regroupements de population. Une fermeture qui ne concerne pour l'heure pas les marchés alimentaires. Mais qui pourrait en toucher certains, trop fréquentés. Mercredi, le ministre de la Santé Olivier Véran a ainsi indiqué que les marchés "où l'on voit des foules et qui ont beaucoup d'étals" seront "amenés à fermer".

J'ai pris le papier pour Castaner !

Sur le marché Quinet, pas question pour Christine de se laisser aller à la déprime. Cette habitante du quartier fréquente le marché depuis 40 ans, et a ses habitudes.

"J'ai pris le papier pour Castaner !", rigole-t-elle. "Et mes gants." Sans oublier sa liste de course : des framboises, des mandarines, et des bananes. Une façon pour cette riveraine de bien rythmer sa journée : jogging, douche, lavage des mains et courses dans le quartier.
Pour la servir, Karine garde le sourire, malgré le contexte difficile. La jeune femme est issue d'une famille de vendeurs de primeurs, qui officie dans le quartier depuis quatre générations. "Les gens viennent quand même, ils sortent... Les fidèles !" Les doigts croisés, pour que la vie continue malgré l'enfermement.
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