À Carrières-sous-Poissy, un arrêté municipal impose désormais aux opérateurs internet d'intervenir dans un délai de 48h en cas de problème sur les armoires fibre et ce, sous peine d'amende. Les coupures internet sont un véritable fléau dans le département.
Pour comprendre les coupures de service internet, il suffit de suivre Laurence Guerin jusqu'à l'armoire qui connecte sa résidence. "Les câbles sont coupés et tout le monde s'amuse à intervenir et à arracher les câbles [...], nous, on a à peu près une dizaine de personnes qui sont déconnectées" regrette cette membre du syndic.
La mairie de Carrières-sous-Poissy (Yvelines) reçoit chaque jour entre 3 et 5 signalements d'habitants privés d'internet. Le maire a donc décidé de frapper fort et de mettre en place un arrêté qui sanctionne les sociétés qui ne viennent pas réparer sous 48h, avec une amende de 1 500 euros, qu'il espère dissuasive.
"C'est bien sûr un moyen de mettre la pression mais c'est aussi l'aboutissement d'une démarche de médiation. Depuis des mois, nous avons mis en place un système en mairie permettant de réceptionner la plainte des usagers, nous avons un interlocuteur auprès du responsable de l'infrastructure, et malgré tout ça, cela n'avance pas. Nous avions obtenu un audit l'année dernière pour réparer les armoires, elles sont à nouveau toutes cassées aujourd'hui" dénonce Eddie Ait, l'édile de la commune.
Une crise dans tout le département
Les Yvelines ont connu plus de 13 700 coupures internet depuis le début de l'année et se retrouvent dans le top 5 des territoires nationaux les plus touchés.
À Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), des techniciens s'échinent à réparer les armoires. Pour eux, le problème vient des sociétés sous-traitantes qui connectent de manière anarchique leurs clients.
Ces passes internet ont aussi une incidence sur l'attractivité des villes, comme le constate Laurent Brosse. Le maire de la commune a vu des habitants déménager car ils ne pouvaient plus télétravailler sereinement. Il en appelle à l'état pour remettre de l'ordre : "Si l'on ne frappe pas directement au portefeuille des opérateurs, au portefeuille des sous-traitants, nous continuerons à avoir ces dysfonctionnements. Depuis trois mois, je constate aussi un changement parmi les administrés, nous sommes passés d'une certaine lassitude à une exaspération, une colère. Plusieurs armoires ont déjà été brûlées".
Consciente du problème, l'Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP), a mis en place un plan de rénovation de ces armoires fibre. En France, cela représente au moins un millier de sites soit 450 000 foyers ou entreprises.