Vagues après vagues, le Covid flotte toujours dans l'air. Faut-il s'en inquiéter à l'approche des fêtes de fin d'année alors que les gestes barrières semblent être jetés aux oubliettes ?
Noël approche et une question taraude certains soignants. Y aura-t-il le Covid sous le sapin ? Impossible de répondre à cette question, surtout quand personne ne possède de boule de cristal. Tout est possible selon eux, même un nouveau variant ou un pic de contaminations.
Pour Béatrice Clairaz, présidente des Syndicats des pharmaciens des Hauts-de-Seine, la culbute n’a pas encore eu lieu. Elle n’a pas constaté une hausse importante de ventes de masques, mais plutôt une plus grande demande de tests. Mais entre la grippe et le Covid son cœur balance. "La demande de tests est bien en augmentation, mais ce sont aussi les généralistes qui veulent se couvrir, car la grippe commence à circuler, et les symptômes peuvent se confondre."
"Vaguelette ou tsunami ?"
Selon l’épidémiologiste Yves Buisson de l’Académie de médecine : "Nous sommes déjà entrés dans la neuvième vague. Il y a bien une inversion des indices épidémiologiques, mais va-t-on assister à une vaguelette ou un début de tsunami", s'interroge-t-il ?
"On assiste à une remontée des taux d’incidences et du R Zéro, le taux de reproduction du virus. Désormais, une personne contamine plus d’une personne. C’est le signe de la reprise de l’épidémie. En revanche le nombre de personnes en soins critiques n’augmente pas encore. Il est plutôt en baisse. Il faut attendre trois semaines avant d’observer des conséquences sur les services hospitaliers. Mais grâce à la vaccination, et si on considère les personnes qui ont déjà été contaminées ,nous nous rapprochons d’une immunité collective qui peut nous protéger", tempère-t-il
Dépistages en berne, baisse des vaccinations, gestes barrières aux oubliettes... Faut-il s’inquiéter ?
En Île-de-France, du 14 au 20 novembre, le nombre d’hospitalisations pour Covid a augmenté de 10,6% .Dans le même temps, les personnes en soins critiques ont diminué de 11,1%.
Dans certains esprits, le Covid ne serait plus qu’un mauvais souvenir mais les recommandations, elles, n’ont pas changé et pour les plus vulnérables la prudence est toujours de mise surtout dans un système de santé fragilisé par le manque de personnel.
Les médecins suggèrent alors fortement l’injection du nouveau vaccin bivalent qui élargit la protection au variant omicron pour la tranche des soixante à soixante-dix-neuf ans qui n’ont pas eu de dose ou de contamination depuis plus de six mois, et pour les quatre-vingts ans et plus, le délai tombe à trois mois.
Selon Santé Publique France, la couverture vaccinale en Île-de-France contre le SARS-CoV-2 reste stable depuis plusieurs semaines pour le schéma complet et le premier rappel. Mais il ne faut pas oublier que près d’un Francilien sur cinq, âgé de 75 ans ou plus, n’a toujours pas reçu une première dose de rappel.
Le Professeur Benjamin Davido infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré à Garches appelle à la prudence dans les semaines qui viennent.
Tous les ingrédients sont présents pour qu’on assiste à un cocktail explosif durant cet hiver 2022.
Pr Benjamin Davido, infectiologue
"Ce n’est pas une épidémie, mais trois qui vont se succéder. D’abord on a la présence de la bronchiolite qui existe aussi chez l’adulte, suivie du rebond actuel du Covid, et puis la grippe qui pointe le bout de son nez. Côté vaccination, moins de 10% des plus de soixante ans sont complètement protégés. Côtés gestes barrières, les masques qui nous avaient protégés aussi d’infections respiratoires comme la pneumonie, disparaissent peu à peu. On va affronter sans protection véritable ces maladies hivernales avec une situation hospitalière qui reste en souffrance", prévient-il.
Désormais certains soignants ne veulent plus parler de vagues en ce qui concerne le Covid et préfèrent évoquer les différents rebonds de l'épidémie plus ou moins graves suivant le contexte médical du moment.