Face à la recrudescence de cas de Covid-19 dans la région francilienne, l'ARS Île-de-France a décidé de relancer le plan blanc dans les hôpitaux franciliens.
Ce jeudi, l'ARS Île-de-France, l'Agence régionale de santé, a réactivé le plan blanc dans l'ensemble des établissements de santé de la région francilienne. Elle explique dans un communiqué que la situation hospitalière s'est nettement dégradée depuis la mi-novembre.
En effet, le taux d'incidence est passé dans la région de 101 cas pour 100 000 habitants le 17 novembre, à 446 cas actuellement. L'ARS affirme que la tension hospitalière s'est accentuée depuis plusieurs jours. Les hôpitaux de la région dénombrent 2 608 patients atteints de la Covid-19 dont 505 d'entre eux ont été admis en soins critiques.
Qu'est-ce que le plan blanc ?
Le plan blanc est décrété lors de situations de crises dans les hôpitaux. Il s'agit d'une décision administrative visant à rendre tout le personnel hospitalier disponible. Ce plan se traduit du point de vue médical par des déprogrammations de chirurgies fonctionnelles comme par exemple, la pose d'une prothèse de hanche ou une opération pour une douleur à l'épaule.
Ces déprogrammations permettent de pouvoir faire face aux chirurgies en urgence. On déprogramme pour libérer du personnel qui est normalement en bloc opératoire et le réorienter vers des services en crise", souligne Arnaud Chiche, co-fondateur du collectif Santé en danger et médecin-anesthésiste-réanimateur.
Pour Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à l'hôpital Avicenne de Bobigny, "le plan blanc était attendu." Dans son service, 40 à 50 % des lits de réanimation sont déjà occupés par des patients Covid grave, "pour la plupart non-vaccinés," a-t-il confirmé.
Le plan a également des conséquences sociales sur les personnels hospitaliers. En effet, celui-ci autorise légalement les dirigeants hospitaliers à annuler les congés du personnel soignant en cas de manque d'effectifs. "Le discours des administrations est paradoxal : d'un coté, on nous assure que les soignants ont besoin de repos après deux ans de lutte constante contre la pandémie et de l'autre, on nous annonce le plan blanc grâce auquel nos congés peuvent être supprimés ou raccourcis", regrette Olivier Cammas, représentant du personnel de l'AP-HP pour le syndicat USAP-CGT.
Anticiper les fêtes de fin d'année
Tous les établissements de la région étaient déjà concernés par le niveau 1 du plan de tension hospitalière. Celui-ci se traduit par l'ouverture de cellules de crise opérationnelles et la désignation de directeurs médicaux de crise.
Le recours au plan blanc devrait permettre aux hôpitaux d'anticiper une "montée progressive de l'épidémie" durant les vacances de Noël. Il permet aux établissements de santé d'augmenter leur capacité de lits pour les patients atteints de la Covid-19 en soins critiques.
En parallèle, l'ARS a décidé de réactiver la cellule régionale d'appui aux transferts intra-régionaux des malades en soins critiques. L'Agence Régionale de Santé entend également rouvrir des cellules de renforts RH et la cellule régionale de gestion des lits.
En conclusion, l'Agence Régionale de la Santé souligne que la couverture vaccinale sur la région, le respect des gestes barrières et les mesures mises en place, donnent les moyens de lutter contre l'épidémie. 86 % des Franciliens affichent en effet un schéma vaccinal complet.
"Le plan blanc est révélateur des insuffisances en personnels de nos hôpitaux"
En ce qui concerne les raisons du recours au plan blanc, les professionnels de santé estiment que la Covid est un facteur aggravant de la situation des hôpitaux. Or, beaucoup d'entre eux considèrent que le plan blanc est avant tout révélateur des insuffisances de moyens matériels et humains de l'hôpital en général.
"La pauvreté des effectifs médicaux et paramédicaux perdure depuis près de vingt ans. La Covid-19 ne fait qu'accentuer ces manquements", explique Arnaud Chiche, co-fondateur du collectif Santé en danger.