Covoiturage sanitaire : des taxis mènent des opérations escargot et défilent à Paris

Après avoir notamment ralenti le trafic sur l’A1 ce lundi matin, des chauffeurs ont convergé vers le ministère de la Santé, dans le 7e arrondissement de la capitale. L'Union nationale des taxis (UNT) appelait à manifester contre la réforme du transport sanitaire.

Plusieurs convois ont convergé de toute l’Île-de-France vers Paris, ce lundi matin, pour dire non au covoiturage pour aller chez le médecin. Les taxis ont tenté de bloquer les grands axes routiers autour de la capitale, provoquant notamment d’importants ralentissements sur l'A1 (nord).

Les chauffeurs ont ensuite pris la direction du ministère de la Santé, en défilant à pied.

"On est mobilisés pour dire que ce n'est pas à nous de porter la responsabilité de dire au malade (...) 'vous allez devoir partager votre taxi'", a déclaré à l'AFP Rachid Boudjema, président de l'UNT, devant le ministère.

L'Union nationale des taxis (UNT) appelait à manifester contre la nouvelle loi de finance de la Sécurité sociale, qui mutualise les trajets des patients médicalisés. L’UNT pointe du doigt un article du budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, passé en force au Parlement début décembre. 

Les trajets en ambulance ou en taxi sont remboursés s'ils sont liés à une hospitalisation, à une affection de longue durée, à un accident du travail, ou s'ils impliquent un trajet de plus de 150 kilomètres. Le gouvernement veut pousser les patients à accepter une offre de transport sanitaire (véhicule sanitaire léger ou taxi conventionné) partagée avec d'autres patients, via une plateforme en ligne. 

"Sous prétexte de vouloir faire des économies, ils ne pensent pas du tout au patient"

Ces transports ont représenté des remboursements de près de 5,5 milliards d'euros en 2022, et 65 millions de trajets ont été réalisés sur l'année pour les seuls taxis et véhicules sanitaires légers (VSL), selon les auteurs du texte de loi. Près de 15% des trajets sont déjà partagés, avec des dispositifs incitatifs pour les transporteurs les plus partageurs. Mais le refus des patients reste un obstacle de taille.

L'idée est d'en réduire le coût pour la Sécurité sociale à hauteur de 100 millions d'euros par an entre 2025 et 2027, ainsi que la pollution. Sans raison médicale valable pour la refuser, les patients n'ont plus le droit au tiers payant et devront donc avancer les frais. Ils ne seront ensuite remboursés que sur la base du prix d'un transport partagé.

Selon le gouvernement, cette mesure impactera peu les patients car elle ne concerne que les transports programmés, lorsque le transport partagé est possible et autorisé par le médecin, par exemple pour les trajets liés à des séances de dialyse ou de rééducation.

Mais dans les zones rurales, le transport médical représente jusqu'à 90% du chiffre d'affaires des professionnels, selon la Fédération des artisans du taxi.  "Sous prétexte de vouloir faire des économies, ils ne pensent pas du tout au patient… Le patient, le pauvre, on a l'impression que c'est du bétail", a déploré le taxi Kamel Belaz, ce lundi matin à Paris.

Le budget de la Sécurité sociale a été définitivement adopté lundi 4 décembre à l'Assemblée nationale. Une ultime motion de censure avait été rejetée après un parcours jalonné de 49.3, face aux tirs croisés des oppositions.

Au-delà de Paris, des milliers de chauffeurs ont manifesté ce lundi partout en France, notamment à Marseille, Toulouse, Lille et Bordeaux.

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