L’Île-de-France est, depuis les années 90, la seule région qui comporte un marché organisé du crack en France métropolitaine. Un marché devenu plus visible ces dernières années du fait d'un redéploiement des dealers et des consommateurs dans le métro.
Le crack à Paris, c'est presque une vieille histoire. Déjà 30 ans que cette drogue, mélange de cocaïne et de bicarbonate de soude ou d'ammoniaque, a touché Paris et sa banlieue. Partie des ghettos noirs et hispaniques américains à la fin des années 1970, la diffusion du crack s’est d’abord étendue aux départements d’outre-mer à la fin des années 1980 avant d'atteindre la France métropolitaine. Première étape : le nord-est de la capitale.
La lutte contre le trafic de crack à Paris ►
Pendant plus de cinq ans, ce "four" ouvert 7 jours sur 7 de 21 heures à 4 heures du matin reçoit jusqu’à 150 passages de clients durant les seules deux premières heures d’ouverture. Jusqu'à ce qu'en juin 2014, les forces de l’ordre interviennent et démantèlent le réseau. Conséquences : les trafiquants vont investir d'autres espaces comme le métro parisien.
Le métro, un lieu de repli
La présence d’usagers et de vente de crack avait déjà été observée dès le début des années 2000 dans certaines stations du nord-est parisien comme Lamarck-Caulaincourt, Marcadet-Poissonnières, Marx Dormoy ou Porte de la Chapelle notamment. Mais à partir de 2014, la vente s'étend, dans des stations habituellement peu fréquentées par les dealers y compris dans des quartiers plus huppés (Concorde, Madeleine, Notre-Dame-de-Lorette…).Un phénomène qui devient visible pour les usagers des transports en commun. Et pour la agents de la RATP qui craignent pour la sécurité. En octobre 2016, un groupe de terrain spécialisé est créé au sein de la police des réseaux ferrés. Des policiers dont l'objectif est d'intervenir directement sur les quais, dans les couloirs ou les rames de métro. Là où les trafiquants revendent leurs cailloux, ou leurs galettes pour une quinzaine d'euros. La drogue est empaquetée dans du plastique, conservée dans la bouche, jusqu'à 30, 40 doses parfois. Et avalée lors des contrôles.
Pourtant, les résultats des forces de l'ordre sont probants : plus de 400 interpellations en un an. Rien que sur les cinq derniers mois de l'année, les policiers ont procédé à 212 arrestations (dont 78 dealers). Dans certaines stations, l'amélioration est nette selon la RATP comme à Gare de l'Est. Mais elle n'est souvent que de courte durée. Car le problème, selon les policiers, c'est que la main d'oeuvre de trafiquants est infinie. Et les consommateurs toujours présents. D'où la nécessité de mettre en place des actions d'accompagnement.
Des associations au contact des usagers
En octobre 2017, la RATP a signé une convention avec quatre associations spécialisées dans l’aide à la toxicomanie (Aurore, Charonne, Nova Donna et Gaïa). Des associations qui effectuent avec les agents volontaires des maraudes dans le métro. Objectif : discuter avec les toxicomanes, leur proposer de l'aide (administrative, hébergement).Leur distribuer des kits pour éviter qu'ils ne se contaminent en partageant les pipes. Et les amener vers le soin lorsqu'ils en font la demande. Une prise en charge qui peut s'avérer longue car les toxicomanes du métro présentent souvent des parcours de vie compliqués. Des difficultés impossibles à régler sur le quai d'un métro.
Pour aller plus loin : la prévention auprès des consommateurs de crack ►