Crise du logement : "il faut aller plus loin" que les centres d'hébergement d'urgence, selon les associations

Dans le 20e arrondissement de Paris, un ancien lycée vient de rouvrir ses portes pour devenir un centre d'hébergement d'urgence. Si de plus en plus de places sont ouvertes dans ces centres, les associations de lutte contre le mal-logement estiment que c'est un progrès, mais que cela reste insuffisant.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Jeudi 21 décembre, la préfecture de la région Île-de-France a ouvert les portes de l'ancien Lycée Charles-de-Gaulle dans le 20e arrondissement de Paris. Elle entend en faire un centre d'hébergement d'urgence. C'est le 6e lycée désaffecté de la capitale transformé pour accueillir les sans-abri, depuis quelques mois. "Il accueille essentiellement des familles avec des enfants en bas âge", note la préfecture de région  

Cette ouverture permet de créer 120 places de plus selon la préfecture de région. En Île-de-France, 120 000 places d'hébergement d'urgence sont ouvertes en cette fin d'année. Des chiffres encourageants mais insuffisants, selon les associations qui viennent en aide aux SDF.

700 demandes non pourvues en une nuit en Seine-Saint-Denis 

Alors que l'hiver arrive, de plus en plus d'endroits sont utilisés dans la région pour héberger les plus précaires. À Montreuil (Seine-Saint-Denis), un gymnase est ouvert pour les 6 prochaines semaines depuis le 15 décembre pour procurer un hébergement aux femmes qui se retrouvent à la rue. "Nous leur donnons de quoi dormir, se nourrir et des écoutants qui leur permettent d'enclencher une réinsertion", indique Béatrice Pavlovici, membre du centre communal d'action sociale de Montreuil. "Ce type d'initiative est une bonne chose mais il faut aller plus loin", selon Bruno Morel, président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité d'Île-de-France (FAS).

Celui-ci relève qu'un dernier décompte du 115, le Samu social a comptabilisé 700 demandes non pourvues en Seine-Saint-Denis en une seule nuit. "En d'autres termes, cela signifie que 700 personnes qui ont demandé une solution d'hébergements d'urgence n'y ont pas eu accès", détaille Bruno Morel. La préfecture de région estime également que le dispositif régional des hébergements d'urgence est "fortement sous pression". Pour Bruno Morel, cette situation est due à plusieurs facteurs.

"Il y a d'abord le fait que Paris est une grande ville et que les métropoles sont souvent vectrices de grande précarité aux alentours. Paris a longtemps été perçu comme une ville refuge mais actuellement, l'augmentation du prix des loyers et la précarisation de plus en plus de métiers en font une capitale où se loger dignement devient de plus en plus compliqué. Si vous ajoutez à cela le contexte d'inflation actuel, on obtient une crise historique du logement dans la région", note le président régional de la FAS.

"Il faut accélérer la construction de logements sociaux" 

Face à l'augmentation du nombre de demandes, les associations demandent une multiplication des places en hébergements d'urgence. "Cela permettra notamment de répondre à la problématique des enfants à la rue. Ils sont plus de 1300 dans la région", rappelle Bruno Morel.

Autre solution selon lui, accélérer la production de logements sociaux. Une demande que formule également Jean-Baptiste Eyraud, fondateur du Droit au Logement : "Il faut qu'il y ait plus de communes qui appliquent la loi SRU."

Cette loi dispose que les grandes agglomérations et les villes aux alentours devront proposer 25% de logements sociaux à horizon 2025. "Il y a de moins en moins de logements disponibles notamment à Paris. De nombreux propriétaires refusent de louer des appartements vacants", indique Jean-Baptiste Eyraud.

Celui-ci appelle à la réquisition de ces logements inoccupés. De son côté, l'adjoint en charge du logement à la mairie de Paris, Jacques Baudrier, en appelle à l'Etat pour un transfert de compétences, afin que la municipalité puisse procéder à ce type de réquisitions. Il s'attaque également à l'augmentation des résidences secondaires dans la capitale. "On perd chaque année 5 000 résidences principales à cause de cela. Ce sont des options en moins pour loger les plus précaires", estime-t-il.

Il souhaite aussi une augmentation des taxes sur les logements vacants et les résidences secondaires. "Le problème est mathématique : de plus en plus de gens sont à la recherche d'une solution d'hébergement alors que le nombre de disponibilités baisse, à cause de logements dans lesquels personne n'habite. Ce n'est pas logique", fustige l'élu communiste.              

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information