Dans le 20e arrondissement de Paris, un ancien lycée vient de rouvrir ses portes pour devenir un centre d'hébergement d'urgence. Si de plus en plus de places sont ouvertes dans ces centres, les associations de lutte contre le mal-logement estiment que c'est un progrès, mais que cela reste insuffisant.
Jeudi 21 décembre, la préfecture de la région Île-de-France a ouvert les portes de l'ancien Lycée Charles-de-Gaulle dans le 20e arrondissement de Paris. Elle entend en faire un centre d'hébergement d'urgence. C'est le 6e lycée désaffecté de la capitale transformé pour accueillir les sans-abri, depuis quelques mois. "Il accueille essentiellement des familles avec des enfants en bas âge", note la préfecture de région
Cette ouverture permet de créer 120 places de plus selon la préfecture de région. En Île-de-France, 120 000 places d'hébergement d'urgence sont ouvertes en cette fin d'année. Des chiffres encourageants mais insuffisants, selon les associations qui viennent en aide aux SDF.
#Communiqué | La préfecture de la région d’Île-de-France a décidé, dès ce jeudi 21 décembre, l’ouverture de l’ancien lycée Charles de Gaulle, actuellement inoccupé, pour héberger des familles en grande précarité. Ce site accueillera 120 places.
— Préfecture de la région d’Île-de-France (@Prefet75_IDF) December 21, 2023
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700 demandes non pourvues en une nuit en Seine-Saint-Denis
Alors que l'hiver arrive, de plus en plus d'endroits sont utilisés dans la région pour héberger les plus précaires. À Montreuil (Seine-Saint-Denis), un gymnase est ouvert pour les 6 prochaines semaines depuis le 15 décembre pour procurer un hébergement aux femmes qui se retrouvent à la rue. "Nous leur donnons de quoi dormir, se nourrir et des écoutants qui leur permettent d'enclencher une réinsertion", indique Béatrice Pavlovici, membre du centre communal d'action sociale de Montreuil. "Ce type d'initiative est une bonne chose mais il faut aller plus loin", selon Bruno Morel, président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité d'Île-de-France (FAS).
🤝 Fidèle à ses valeurs de solidarité, depuis vendredi dernier, la Ville de Montreuil accueille des femmes vivant seules à la rue au sein d’un gymnase accessible via une orientation par le 115, dans le cadre de son dispositif de mise à l'abri hivernal.
— Ville de Montreuil (@montreuil) December 21, 2023
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Celui-ci relève qu'un dernier décompte du 115, le Samu social a comptabilisé 700 demandes non pourvues en Seine-Saint-Denis en une seule nuit. "En d'autres termes, cela signifie que 700 personnes qui ont demandé une solution d'hébergements d'urgence n'y ont pas eu accès", détaille Bruno Morel. La préfecture de région estime également que le dispositif régional des hébergements d'urgence est "fortement sous pression". Pour Bruno Morel, cette situation est due à plusieurs facteurs.
"Il y a d'abord le fait que Paris est une grande ville et que les métropoles sont souvent vectrices de grande précarité aux alentours. Paris a longtemps été perçu comme une ville refuge mais actuellement, l'augmentation du prix des loyers et la précarisation de plus en plus de métiers en font une capitale où se loger dignement devient de plus en plus compliqué. Si vous ajoutez à cela le contexte d'inflation actuel, on obtient une crise historique du logement dans la région", note le président régional de la FAS.
"Il faut accélérer la construction de logements sociaux"
Face à l'augmentation du nombre de demandes, les associations demandent une multiplication des places en hébergements d'urgence. "Cela permettra notamment de répondre à la problématique des enfants à la rue. Ils sont plus de 1300 dans la région", rappelle Bruno Morel.
Depuis ce matin, 20 familles sans abri sont hébergées dans un nouveau centre ouvert dans le 18e arr. de @paris
— Emmaüs Solidarité (@EMMAUSolidarite) December 22, 2023
Une réponse à l'urgence qui rappelle que l’#inconditionnalité n'est pas qu'une idéologie. C'est avant tout une réponse #humaine. pic.twitter.com/MXcYjlKj56
Autre solution selon lui, accélérer la production de logements sociaux. Une demande que formule également Jean-Baptiste Eyraud, fondateur du Droit au Logement : "Il faut qu'il y ait plus de communes qui appliquent la loi SRU."
Cette loi dispose que les grandes agglomérations et les villes aux alentours devront proposer 25% de logements sociaux à horizon 2025. "Il y a de moins en moins de logements disponibles notamment à Paris. De nombreux propriétaires refusent de louer des appartements vacants", indique Jean-Baptiste Eyraud.
Celui-ci appelle à la réquisition de ces logements inoccupés. De son côté, l'adjoint en charge du logement à la mairie de Paris, Jacques Baudrier, en appelle à l'Etat pour un transfert de compétences, afin que la municipalité puisse procéder à ce type de réquisitions. Il s'attaque également à l'augmentation des résidences secondaires dans la capitale. "On perd chaque année 5 000 résidences principales à cause de cela. Ce sont des options en moins pour loger les plus précaires", estime-t-il.
Il souhaite aussi une augmentation des taxes sur les logements vacants et les résidences secondaires. "Le problème est mathématique : de plus en plus de gens sont à la recherche d'une solution d'hébergement alors que le nombre de disponibilités baisse, à cause de logements dans lesquels personne n'habite. Ce n'est pas logique", fustige l'élu communiste.