Jacques Baudrier, élu en charge du Logement à la mairie de Paris alerte le gouvernement sur la problématique des appartements inoccupés dans la capitale. Il demande au ministre du Logement d'augmenter le montant des taxes sur les 260 000 résidences secondaires et appartements vacants dans la capitale.
Alors qu'il est de plus en plus difficile de se loger à Paris, Jacques Baudrier a adressé un courrier jeudi dernier au ministre du Logement et de l'Habitat, Patrice Vergriette. Il demande des solutions pour répondre à cette crise. Le nouvel adjoint d'Anne Hidalgo en charge du dossier vise tout particulier les logements vacants et les résidences secondaires.
Les derniers chiffres de l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee) parus en août dernier démontrent qu'il y avait plus de 260.000 résidences secondaires et logements vacants à Paris en 2020. Un chiffre "en forte croissance depuis 10 ans" d'après l'élu.
Selon lui, cette évolution est "dramatique puisqu’elle réduit d’autant le nombre de résidences principales et donc la taille du marché locatif privé, accroissant encore sa tension." D'après l'étude, Paris compte le taux de vacance le plus important en France. Le pourcentage de logements non habités y est de 9,2 % sur l'ensemble du parc immobilier. Selon l'adjoint au logement cette problématique concerne tous les arrondissements de la capitale y compris les plus centraux. "On voit des logements vacants dans le 15ème, 16ème ou encore dans les 1er et 8ème arrondissements", insiste-t-il.
Rehausser les taxes
Afin d'inciter les propriétaires à louer ou vendre leurs biens, Jacques Baudrier propose au gouvernement d'augmenter les taxes sur les résidences secondaires et les logements vacants. Pour ces derniers, les propriétaires doivent payer une taxe lorsque le logement n'a pas été habité depuis plus d'un an. L'élu PCF a proposé les augmentations des taxes dans un amendement au projet de loi de finance examiné à l'Assemblée Nationale à partir de ce mardi.
L'adjoint et d'autres élus socialistes et communistes demandent également que ces taxes soient déplafonnées. "Pour les résidences secondaires, il faut que les mairies puissent la fixer au seuil qu'elles veulent."
D'après l'élu en charge du dossier, cette solution permettrait de remettre en vente plusieurs dizaines de milliers de logements à court terme. Aujourd'hui, il indique que l'application de ces taxes est une "évolution positive mais qui reste de faible ampleur et n'est pas à l’échelle du problème, en particulier à Paris."
La vacance et la sous-occupation des logements en zones tendues comme Paris pose également un grave problème du point de vue de l’environnement selon Jacques Baudrier. "Un logement occupé en plus, c’est un logement à construire en moins sur des zones non construites, c’est de la biodiversité préservée et 60 tonnes de CO² émises en moins", note-t-il.
"Plusieurs types de vacances"
De son côté, Jean-Baptiste Eyraud juge que les mesures proposées ne vont pas assez loin. Le fondateur de l'association Droit au Logement estime qu'il faut en plus "aider les bailleurs dont les logements sont difficiles à vendre et réquisitionner les biens des grands propriétaires."
Il plaide également pour un renforcement des taxes visées par Jacques Baudrier. Selon le DAL, il existe plusieurs types de vacances. "Il y a d'abord la vacance de rotation. Celle-ci intervient lorsqu'un logement change de propriétaire. Il y a ensuite la vacance par négligence. Ce sont des gens qui oublient ou refusent de mettre leur bien en vente. Enfin, il y a la vacance à caractère spéculatif qui devrait entraîner des réquisitions", détaille la figure historique du DAL.
Plus de 93 000 personnes sont en attente d'un logement, essentiellement en Île-de-France selon le ministère de la Transition Ecologique. Des chiffres qui inquiètent Jean-Baptiste Eyraud. "Aujourd'hui, le délai est de 11 ans pour obtenir un logement social à Paris", estime-t-il en se basant sur les chiffres du Droit au Logement. "Du jamais-vu depuis la création du DAL" en 1990 explique-t-il.
Selon la Fondation Abbée Pierre, 1,3 million de personnes sont mal-logées en Île-de-France. Une situation "dont on ne peut pas se satisfaire", selon Eric Constantin, directeur de l'agence Île-de-France.