C'est un sculpteur qui a su se faire un nom dans le domaine très concurrentiel de la figurine. Son truc à lui, ce sont les héros de bande-dessinée. Toki Woki est allé à la rencontre d'Alban Ficat dans son atelier.
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Salut Alban. Comment ça va?
Alban Ficat : Ça va, super et vous ?
Et bien ouais top, top, on est où là ?
Alban Ficat : Et bien on est chez moi. On est chez moi et plus particulièrement dans mon atelier aussi. C'est petit, mais c'est bien organisé et bien rangé.
Alban, tu es sculpteur de figurines de collection. Ce n'est pas banal comme métier.
Alban Ficat : C'est pas banal, on n'est pas nombreux à le faire et encore moins à continuer de sculpter de manière traditionnelle, puisque c'est un métier qui est vachement concurrencé par la sculpture digitale. D'où un vrai atelier avec des outils à modeler et pas un ordinateur dans un open space.
Comment t'est venue la sculpture ?
Alban Ficat : En fait, je fais de la pâte à modeler depuis que je suis tout petit. Mais ça a vraiment commencé à devenir une passion quand j'avais treize ou quatorze ans, à la sortie du film L'étrange Noël de Monsieur Jack. J'étais tellement, tellement passionné par les personnages et par le travail qu'avait été accompli sur ce film que je suis revenu chez moi, j’ai acheté de la pâte à modeler. J'ai essayé de refaire de mémoire tous les personnages tellement j'étais hyper fan de ce film. Et en parallèle de mes études, un jour, j'ai présenté aux éditions Casterman une figurine que j'avais faite d'un personnage de Jacques Tardi. Et contre toute attente, je ne m'y attendais pas du tout, mais j'ai reçu un contrat par La Poste des éditions Casterman, qui me disaient : Ben voilà, on a montré la figurine à l'auteur. L'auteur est d'accord pour la sortir, il faudrait signer un contrat ensemble et donc j'ai vraiment halluciné. Mais c'est comme ça que j'ai monté ma première boîte en fait, pour sortir ma première figurine.
Alban derrière vous, on voit L'inspecteur Gadget, d'Artagnan, Pinocchio, El Boy, Lucky Luke, etc.
Alban Ficat : Edgar de la Cambriole, connu au Japon sous le nom de Lupin The Third. Ça, justement, c'est des licences que je suis vraiment allé chercher. C'est un peu comme une enquête, c'est : "Ah, ce personnage est génial, mais qui détient les droits ou sont les droits ? C'est un vieux dessin animé, où est ce qu'ils sont passés ?" En fait, ils sont en Espagne, ou ils sont aux Etats-Unis, ou ils sont au Japon, on peut passer par tel bureau à Paris qui représente tel dessinateur.
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Alban, pour les gens qui ne le savent pas, c'est que ces figurines sont extrêmement recherchées et collectionnées.
Alban Ficat : Ouais, en fait, c'est vraiment un milieu lié à la collection de toute façon, la BD, le Comics, des sérigraphies, des originaux qui passent en salle de vente et donc, en toute logique, les figurines sont venues se greffer à ce marché là. Et une fois qu'elles sont épuisées, comme elles sont éditées toutes en édition limitée, après une fois qu'elles sont plus disponibles, en fait, vite elles prennent de la côte sur le second marché.
Et du coup, des figurines comme ça, ça s'échange à combien d'euros ?
Alban Ficat : Le prix de vente à la sortie en général, c'est autour de 200, 300 €. Et une fois qu'elle est épuisée, ça peut vite monter au dessus de 800, 1 500 €, voire même 2000.
Alban, commence est-ce que tu travailles ?
Alban Ficat : Je peux effectivement vous expliquer comment on en arrive à ce résultat-là. Donc tout commence par le matériel de base, c'est-à-dire l'œuvre originale, les artbooks originaux d'époque, qui nous permettent de tomber sur des crayonnés des personnages, et trouver parfois une pause super sympa d'un des personnages qu'on a envie de faire. Ou alors on ne la trouve pas et il faut la reconstituer à partir de plusieurs images différentes. Donc là, moi c'est ce que j'avais fait sur Edgar, je n'ai pas trouvé vraiment d'images parfaites. Je fais valider ça par les ayants droit et une fois que les ayants droit nous donnent le go pour sculpter le personnage dans cette pose-là, je peux commencer à sculpter la figurine. Je vais prendre de la pâte à modeler, de la bête pâte à modeler pour enfant.
Est ce qu'elle sent bon cette pâte à modeler ?
Alban Ficat : Oui, je peux vous la faire sentir, donc elle est un peu dure au départ. Donc il faut la modeler un petit peu entre ses mains pour les chauffer. On va mettre des petits morceaux comme ça le long du squelette. On va utiliser des petits outils de modelage ensuite. Une fois qu'on a modelé le personnage en entier, on va arriver à cette phase qu'on peut appeler "rough". Et ce que je vais faire, c'est que je vais la cuire, je vais la sortir du four et la pâte à modeler va avoir polymérisée. C'est ce qu'on appelle des pâtes polymères et elle va devenir toute dure. C'est là que je vais commencer à vraiment tailler autour du personnage et que je vais arriver à découper au maximum les pièces.
Du coup, Alban, une fois que tu as tout découpé. Tu te retrouves avec plein de petites pièces, c'est ça ?
Alban Ficat : Voilà exactement, ce qu'on appelle on va dire "pas propres" et il faut arriver à ça. Donc là, on voit bien la différence entre la pièce qui est poncée et complètement propre et la pièce qui a encore vraiment un état on va dire rough. C'est fini.
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C'est fou le détail, la minutie.
Alban Ficat : Donc moi, je vais livrer à la société qui va fabriquer la figurine. Un prototype comme ça, découpé en plein de petites pièces. Et c'est eux qui vont s'occuper de faire les moules et de rentrer en production la figurine.
Voilà exactement ce que les collectionneurs reçoivent quand ils commandent la pièce avec un dessin original de Lupin de l'époque. Donc dans cette boite, quand on l'ouvre, on a le certificat d'authenticité et à l'intérieur du certificat d'authenticité. On a cette petite carte. C'est la carte que laisse Lupin derrière lui quand il commet un méfait. Et derrière la figurine bien protégée.
Là Alban on est en présence de ton fameux Lucky Luke qui est mythique, en résine. Est ce que tu as déjà travaillé avec d'autres matières ?
Alban Ficat : Justement, on lance une gamme avec le magasin Bulles en Boite qui avait produit la statuette d'Edgar et de l'Inspecteur gadget. On lance une nouvelle gamme, on bronze et figurez vous que le premier personnage, et bien c'est Lucky Luke. C'est un objet en bronze. Il a été réalisé par la fonderie Chapon à Bobigny.
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Et le boulot qu'ils ont fait sur cette figurine de Lucky Luke est franchement vraiment admirable. Et je suis hyper hyper content. C'est une nouvelle gamme qu'on lance et ça va faire de très très beaux objets je pense.
Alban, dans tes dernières productions t'as réalisé les sculptures du musicien Kavinsky.
Alban Ficat : Ouais, la voilà donc elle vient juste de sortir. C'est une figurine qui n'est pas en résine, celle-là, elle est en vinyle. Mais par contre la figurine, comme on peut le voir, a été sculptée exactement de la même manière donc de manière traditionnelle. Et on voit que les découpes, les systèmes de séparation ont été les mêmes.
Et ça s'est vendu à combien d'exemplaires ?
Alban Ficat : Alors, il y a 1500 exemplaires en tout, 1000 exemplaires de la version Reborn du nouvel album et 500 exemplaires de la version à OutRun, qui était son premier album.
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