32 plaignantes accusent le gynécologue parisien Emile Daraï d'avoir pratiqué des examens vaginaux et rectaux de manière brutale et sans demander leur consentement.
Dans la tourmente, le gynécologue et spécialiste de l'endométriose, Emile Daraï, reçoit le soutien de certaines de ses patientes. Une centaine d'entre-elles vont envoyer un courrier au juge d'instruction pour soutenir l'ancien chef du service de gynécologique-obstétrique et de médecine de la reproduction à l'hôpital Tenon, révèle Le Parisien.
Ce dernier a été mis en examen fin novembre et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact avec les victimes et de tenir des consultations privées de gynécologie.
À la suite d'une première plainte, le parquet de Paris avait ouvert le 28 septembre 2021 une enquête préliminaire pour viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans, élargie par la suite à viol en réunion.
Le 3 janvier, une information judiciaire avait été finalement ouverte pour violences par personne chargée d'une mission de service public, signe de la difficulté à qualifier des faits qui associent un acte de pénétration et un accord présumé entre médecin et patiente.
"Attentif et à l'écoute"
Dans ce courrier, consulté par France 3 Paris Ile-de-France, ces patientes affirment qu' "aucune de nous ne reconnait le Professeur ni n’a jamais eu affaire au médecin décrit dans la presse".
Elles décrivent un homme "attentif et à l’écoute, soucieux de bien informer, avec empathie et bienveillance, sur les conséquences de certains examens gynécologiques dans les cas d’endométriose entre autres" qui a consacré sa vie "à soigner les femmes et à faire avancer le traitement de l’endométriose et des cancers gynécologiques".
Ce courrier a été écrit par une femme se présentant comme une patiente du Dr Daraï et membre du groupe Facebook "Soutien au professeur Daraï (Tenon)" qui compte plus de 300 (patientes ou proches).
Continuer à exercer sous conditions
Placé sous contrôle judiciaire, le gynécologue est interdit d'exercer "des consultations privées" mais pas ses consultations publiques. Décision confirmée par l'AP-HP quelques jours plus tard, ce qui permet donc au gynécologue de continuer à recevoir des patientes, indique franceinfo.
Lors de ses auditions en garde à vue en décembre 2021, que le même média a pu consulter, Emile Daraï avait assuré qu’il respectait systématiquement le consentement de ses patientes et qu'il prévenait avant d'effectuer sur elles des gestes médicaux. Il assurait aussi qu’il n’avait pas la volonté de faire mal.
Confronté aux témoignages des patientes, le médecin avait qualifié ces accusations de "délirantes". Selon lui, ces patientes étaient en échec thérapeutique. "C'est certainement la cause de cette haine à mon égard", avait-il déclaré.
En décembre 2021 pourtant, un rapport de l'enquête interne, déclenchée par l'AP-HP et Sorbonne Université, avait conclu que "l'obligation d'information de ces patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n'(avaient) pas été respectés".
Ce document ajoutait toutefois que "la commission (d'enquête, ndlr) ne retient aucune connotation sexuelle alors que certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes".
La commission avait estimé en outre que la situation était "le fruit de dysfonctionnements individuels mais aussi collectifs et systémiques".
Source : AFP