5 millions de flyers doivent être distribués par les forces de police à partir d’aujourd’hui dans les transports en commun. Objectif : aider les femmes en cas d'agression. Une mesure qui interroge les Franciliennes.
Un flyer pour indiquer la conduite à adopter en cas d’agression. Cinq millions d’exemplaires ont commencé à être distribués par des agents de police dès ce matin dans la région et le seront dans toute la France jusqu’à la fin de l’été.
Mais l’initiative ne semble pas tout à fait convaincre les femmes croisées dans les transports en commun aujourd'hui.
"C’est une bonne idée, mais ce n’est pas des flyers qui vont changer les choses. Il faut éduquer les gens", propose Harmony, lycéenne. Ses deux amies qui l’accompagnent abondent : "il faut apprendre aux hommes à mieux se comporter en société, plutôt qu’apprendre aux femmes à mieux réagir", ajoute Ketura. Comme beaucoup de femmes, elles ne se sentent pas tout à fait rassurées dans les transports en commun et préfèrent voyager en groupe. "Quand je rentre tard, j’essaye de mettre des vêtements amples pour ne pas me faire remarquer", raconte Eva.
Une mesure gadget pour Osez le féminisme
Huit femmes sur dix ont peur de rentrer seules chez elles le soir, selon le dernier rapport du Haut-Commissariat à l'Égalité. Alors pour Osez le féminisme, cette campagne du ministère de l’Interieur, "c’est de la communication politique, c’est une mesure gadget", déplore Violaine de Filippis, avocate et porte-parole de l'association.
"L'ironie dans cette mesure, c'est que ces flyers vont être distribués par des agents de police qui sont rarement formés aux violences faites aux femmes", dénonce-t-elle. "Il aurait mieux valu des mesures avec plus d’impact notamment la formation des officiers de police parce que c’est le parcours du combattant de déposer plainte", regrette Violaine de Filippis.
Des dispositifs de prévention existent déjà dans les transports en commun comme le numéro vert 3117 qui permet d’alerter les services de sécurité en cas de violences sur le réseau d’Île-de-France Mobilités. Entre les mois de janvier et septembre 2022, il a permis de recueillir 11 069 appels et messages.
Mais sur les réseaux sociaux, si certaines saluent son utilité, d’autres dénoncent l’absence de réactivité de l'outil comme la chanteuse Lola Dubini. Témoin d’une agression dans le métro, elle a contacté le numéro, et déploré le temps de réaction des forces de l’ordre. "25 minutes pour intervenir face à un danger imminent c’est lunaire", déplore-t-elle dans un tweet.
Ces 5 millions de flyers vont être distribués tout au long de l'été.