A Paris, expatriés et touristes américains se sont prononcés pour le candidat Républicain en élisant Donald Trump, alors qu'outre-Atlantique, les Américains attendent les résultats définitifs de l'élection présidentielle. En 100 ans, ce vote fictif, "le vote de paille", ne s'est trompé qu'à trois reprises.
Sur le tableau noir, le patron du Harry's bar, note les résultats du vote de paille : 534 pour Kamala Harris, 568 pour Donald Trump. Le "straw vote" (un "vote de paille"), du Harry's Bar donne Donald Trump vainqueur.
"J'espérais voir un résultat différent ce soir. Cela me fait peur parce que je sais qu'au cours des 100 dernières années, les résultats du Harry's Bar n'ont été incorrects que trois fois. Et j'espère vraiment que ce soir, c'est la quatrième fois que Harry's se trompe lourdement", explique, à l'AFP Anya Firestone, guide touristique et influenceuse.
Plus de 1 000 citoyens américains, expatriés et touristes ont participé au "vote de paille" organisé par cet établissement parisien. Une tradition qui se perpétue depuis 100 ans à chaque élection présidentielle aux Etats-Unis.
"J'ai l'impression que faire la fête avec des amis et des compatriotes américains rend la soirée un peu plus légère et un peu plus agréable. Et j'ai l'impression que cette communauté est très forte ici à Paris", confie Kristin, une Américaine installée à Paris depuis deux ans.
Tradition centenaire
Seule condition pour participer au vote : être titulaire d'un passeport américain. Chaque votant se voit remettre un bulletin sur lequel il doit cocher pour son candidat favori, la démocrate Kamala Harris ou le républicain Donald Trump, qui s'affrontent pour la magistrature suprême. Les participants reçoivent ensuite un petit autocollant "I voted", comme aux Etats-Unis.
Ce bar exigu aux murs lambrissés d'acajou est l'un des hauts lieux de rencontre des Américains de Paris. Expédié en pièces détachées de New York, avant d'être minutieusement reconstruit à Paris, il fut dès la première moitié du XXe siècle le repaire de figures littéraires comme Ernest Hemingway ou F. Scott Fitzgerald.
Le gérant du Harry's Bar, Franz-Arthur Mac Elhone, perpétue ainsi une tradition lancée par son arrière-grand-père Harry Mac Elhone en 1924, lorsque les Américains expatriés dans la ville lumière voulaient avoir leur mot à dire - même symbolique - dans l'élection de leur président.
"Ils ne pouvaient pas voter à Paris, ils ne pouvaient pas voter parce que l'"absentee" n'existait pas, ce qu'on appelle en France la procuration", raconte Franz-Arthur Mac Elhone. "Du coup, il s'est dit "on va en faire une fête (...) et on va créer une fausse élection, une élection de paille, straw vote".
La fierté du Harry's Bar ? Le vrai scrutin a toujours confirmé celui du Harry's Bar, à trois exceptions près, en 1976, 2004 et 2016.