La guerre est déclarée entre pro auto et pro vélo à Paris. L’association Rouler Libre a déposé un référé liberté devant le Conseil d’Etat pour fermer les nouvelles pistes cyclables.
Ce n’est pas un canular comme l’ont tout d’abord cru des associations de cyclistes. Vendredi dernier, le 26 juin, Maître Patrick Tabet a déposé un référé liberté devant le Conseil d’Etat pour qu'il se penche sur les nouvelles pistes cyclables, "les coronapistes" créées par la ville de Paris pour encourager les déplacements à vélo, éviter la saturation des transports publics et prévenir des risques de contamination au Covid-19.
L'association Rouler libre, à l'iniative de cette demande, souhaite que la ville de Paris revienne sur ces nouvelles infrastructures qui selon eux limitent la circulation des voitures dans la capitale.
Distanciation physique impossible à respecter sur les pistes cyclables
"Mes clients demandent au Conseil d’Etat de préserver la vie des français, notamment des Parisiens. Le Covid-19 circule toujours. Des mesures de distanciation physiques sont encore nécessaires pour se protéger. La mairie de Paris interdit les voitures dans la capitale, ferme des rues, crée une multiplicité de pistes cyclables en supprimant des places de stationnement. Elle empêche les personnes d’utiliser le moyen de transport qu’elles souhaitent. Notamment de prendre leur voiture alors qu’une auto est bien plus sécuritaire en matière sanitaire que les transports en commun. On les envoie dans le métro avec des distanciations physiques qui ne peuvent pas être respectées", explique Maître Tabet.Pour lui, c’est une atteinte à la sécurité des personnes. « En réalité le vélo n’est pas un moyen de se protéger mais un danger comme le métro, le Rer, les transports en commun", plaide t-il.
Pour l'avocat de Rouler Libre, "des études scientifiques montrent qu’il faut un écart de 8 à 10 mètres entre 2 vélos. Derrière chaque cycliste, il y a un flux d’air empli de gouttelettes susceptibles de toucher voire contaminer les autres cyclistes ou les piétons. Sur les pistes, personne ne respecte cette distance. A Paris, les cyclistes sont les uns à côté des autres agglutinés comme aux feux rouge par exemple", justifie t-il.A Paris, les cyclistes sont les uns à côté des autres agglutinés comme aux feux rouge par exemple
Un canular, une fake-news pour les partisans de la petite reine
Du côté des associations de vélo, ce référé liberté ne passe pas vraiment! "Pourquoi ne pas fermer tous les trottoirs de France dans ce cas là ! Ou tous les transports publics où il est difficile de respecter la distanciation physique" ! fulmine Stein van Oosteren, porte-parole de CV IDF, le Collectif Vélo Île-de-France qui réunit plus d'une trentaine d' associations franciliennes.Au début, Stein van Oosteren a cru à un canular. "Mais un canular regrettable, une fake-news dangereuse qui joue sur la peur des gens suggérant que vous allez attraper le Covid-19 en faisant du vélo sur les pistes cyclables alors que c’est exactement le contraire", s’exclame t-il.
Il dénonce une logique de la peur "pour contester un progrès indéniable en matière de santé publique, de sécurité routière et en matière de liberté. Parce qu’enfin, les franciliens découvrent la liberté de se déplacer à vélo s’ils le souhaitent. A Paris, un déplacement sur 10 se fait en voiture individuelle. Et on a donné la moitié de la voirie aux automobilistes, c’est disproportionné ! On peut quand même laisser de la place aux 2 roues. C’est encore une fois le lobby des voiture", affirme t-il.
Le Conseil d'Etat devrait rendre son avis mardi prochain, le 30 juin.