Le centre commercial Les Ateliers Gaîté, à Montparnasse, a rouvert ses portes en octobre 2022. Depuis, plusieurs enseignes ont baissé leur rideau, faute de clients. La direction du centre commercial évoque le besoin de temps pour faire revenir le public.
Les mots d'une cliente, rencontrée dans les allées du centre commercial, résument bien la problématique du lieu : "Je le fréquente très souvent", raconte Isabelle, "parce que, je ne devrais pas dire ça, mais il n'y a pas trop de monde. Je le trouve calme".
Si cela fait le bonheur de certains, la direction des Ateliers Gaîté se défend de toute baisse de fréquentation. "En première année d'ouverture, il a y a eu 4 millions de visites. C'est déjà un chiffre qui est très bon puisque, je le rappelle, le record historique de cette galerie avant qu'elle ferme était, en 2011, de 3,4 millions", indique Dominique Hautbois, directeur général des centres commerciaux du géant Unibail-Rodamco et qui possède le lieu.
Ce dernier appelle à l'indulgence et évoque "un peu de temps pour que le centre trouve sa vitesse de croisière en termes de fréquentation".
5 ans de travaux importants
Car le centre commercial a bénéficié d'un programme de rénovation important. "Il était désuet, il fallait absolument le rénover pour des questions d'accessibilité, de modernité de l'offre et puis aussi pour des questions purement techniques, par exemple de consommation énergétique qu'il fallait repenser", poursuit le dirigeant.
Outre la rénovation de l'espace purement commerçant, un hôtel a été restauré, une crèche créé, des logements sociaux et une bibliothèque municipale construite. Au total, 500 millions d'euros y ont été investis.
Un investissement qu'il faut désormais rentabiliser. Les loyers y seraient très chers. Une pratique contre laquelle proteste Dominique Hautbois : "On a des grilles de loyers qui sont les mêmes que celles que vous auriez dans la rue à 50m. Les loyers sont négociés au cas par cas en fonction de l'activité (localisation, visibilité, taille)", indique le dirigeant d'Unibail-Rodamco.
"Ne correspond plus aux attentes d'aujourd'hui"
Les enseignes Go Sport, NafNaf ou le torréfacteur Loutsa ont définitivement baissé le rideau. Pour faire revenir les clients, le centre commercial tente d'adapter son offre.
Des concertations publiques ont eu lieu "pour essayer de comprendre ce que les gens souhaitaient en termes d'offre. C'est par exemple pour ça qu'on a installé Truffaut qui était une des offres souhaitées par les clients de la zone de chalandise", développe Dominique Hautbois.
La direction est ainsi fière d'accueillir "le premier Leclerc intra-muros" qui doit répondre "à des questions de pouvoir d'achat des Français".
"C'est aussi un public qui vient en voiture, pas forcément de l'arrondissement mais d'un peu plus loin dans Paris ou en petite couronne", déplore quant à lui Guillaume Durand, l'adjoint (EELV) à la maire de Paris en charge de la transformation de l’espace public.
Selon lui, "le format centre commercial où l'on rassemble beaucoup de boutiques à l'intérieur, enfermé" est "probablement désuet, notamment dans Paris. Il y a d'autres exemples où les centres commerciaux ne se portent pas très bien dans Paris".
Ce dernier, très critique de l'installation de tels centres dans Paris, affirme que l'attente des riverains a changé et qu'ils se tournent désormais vers des rues commerçantes et des enseignes locales : "C'est peut-être le problème de ce centre, c'est que c'est un projet qui a été élaboré il y a de nombreuses années et qui ne correspond plus aux attentes d'aujourd'hui."