Les résultats de l'enquête commandée par la direction du club parisien ont été présentées jeudi soir à la ministre des Sports. Le PSG reconnaît l'existence d'un fichage ethnique au cours du recrutement en centre de formation mais affirme qu'il n'a pas aboutit à une sélection discriminatoire.
L’enquête, présentée ce jeudi à la ministre des Sports par le directeur général du club, Jean-Claude Blanc, accompagné de Malek Boutih, administrateur de la Fondation Paris Saint-Germain et ancien président de SOS. Racisme. Elle a été « ordonnée par la direction du club et conduite par un cabinet d’avocats » pour évaluer en interne l’existence d’un système de fichage ethnique des recrues du centre de formation. Le 8 novembre, Mediapart et Envoyé Spécial révélaient ainsi l’existence de formulaires permettant de classer les joueurs dans plusieurs catégories ("Français", "Maghrébin", "Antillais", "Africain").
Selon Roxana Maracineanu, Jean-Claude Blanc a « reconnu l'existence de fichiers ethniques et [lui] a garanti que ces pratiques n'ont plus cours ». L'enquête, qui repose sur « l’analyse d’échanges d’e-mails sur une série d'entretiens menés avec les salariés du club en charge du recrutement du centre de formation », conclut toutefois qu’« il n’y a pas eu de cas de discrimination avéré au sein du Paris-Saint-Germain », d’après le club. « Il s'engage sur une nouvelle organisation des processus de sélection et le respect de l'éthique, a ajouté la ministre à l’issue du rendez-vous. Je veillerai à leur mise en œuvre. »
Entretien franc et direct avec Jean-Claude Blanc. Il a reconnu l’existence de fichiers ethniques et m’a garanti que ces pratiques n’ont plus cours. Il s’engage sur une nouvelle organisation des processus de sélection et le respect de l’éthique. Je veillerai à leur mise en œuvre.
— Roxana Maracineanu (@RoxaMaracineanu) 15 novembre 2018
Dans un communiqué, le PSG reconnaît « la mise en place de fiches avec un critère d'origine durant la période 2013-2017 », précisant toutefois qu’elles étaient établies « à l'initiative propre du responsable de la cellule Province », Marc Westerloppe (aujourd’hui au Stade rennais). Selon les avocats de celui-ci, entérinant la version du club, Marc Westerloppe « n'a jamais eu un comportement discriminant dans les fonctions qu'il a occupées au PSG ».
Pas de "conséquence discriminante"
Une défense mise à mal par un document diffusé par le quotidien spécialisé L’Equipe, qui tend à montrer qu’un système de fichage similaire (bien que les catégories soient différentes) a été utilisé au sein de la cellule Île-de-France. « Des fiches au sein de la cellule Ile-de-France, avec d'autres types de signalement d'origine, ont également été utilisées, sans conséquence discriminante », admet le PSG, qui précise qu’« aucune de ces fiches n’est jamais remontée à la direction générale » et nie un impact sur le recrutement.
Mais la seule tenue de ces fichiers est illégale. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) rappelle que la loi « interdit (...) de recueillir et d'enregistrer des informations faisant apparaître, directement ou indirectement, les origines « raciales » ou « ethniques » ». La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a ainsi porté plainte contre X pour « discrimination » et « traitement de données à caractère personnel faisant apparaître les origines raciales ou ethniques ».
[Communiqué] Suite aux révélations de @Mediapart sur l'existence d'un fichage ethnique des jeunes candidats footballeurs au #PSG, la #LDH saisit le procureur de la République d’une plainte. #footballeaks #racisme #discrimination
— LDH France (@LDH_Fr) 8 novembre 2018
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Le Paris Saint-Germain a annoncé « des mesures visant à renforcer les pratiques éthiques », parmi lesquelles d’une « remise à plat du fonctionnement et des process du département Scouting (recrutement) ». Le club propose enfin de « réunir les instances concernées (Ministères, FFF, LFP), les associations et les clubs eux-mêmes pour que des règles communes sur la détection des jeunes talents soient définies et partagées ».