La Foire du Trône de Paris a été la cible de vols et de bagarres parfois violentes ces derniers jours, avec cinq incidents signalés rien que le week-end dernier. Certaines vidéos de ces incidents sont même devenues virales sur les réseaux sociaux, causant préoccupation et désarroi au sein de cette institution.

C'est un responsable de la communication préoccupé qui décroche son téléphone ce matin. Même s'il ne souhaite plus s'exprimer sur les violences survenues ces derniers jours à la Foire du Trône, Fred Papet prend tout de même le temps de réagir à la vidéo visionnée plus de trois millions de fois rien que sur le réseau X.

On y observe plusieurs individus en train de prendre la fuite avant que l'un d'entre eux ne soit stoppé par un coup de poing porté au visage. "Je n'étais pas sur place mais ce que je peux dire c'est que ces personnes faisaient de la vente à la sauvette. Plusieurs forains leur ont demandé de partir puisqu'ils étaient installés sans autorisation, confie Fred Papet. Les forains défendent leurs boutiques. Ces individus ont alors indiqué leur intention de revenir à la fermeture pour s'expliquer. Je n'en sais pas plus." 

La Foire du Trône est une marque forte pour ceux qui veulent se faire remarquer sur les réseaux sociaux

Fred Papet, responsable de la communication de la Foire du Trône de Paris

Les actes de violence se sont multipliés ces derniers jours, plongeant dans le désaroi les forrains. Fred Papet se désole de voir que cette institution est prise pour cible. Selon lui, certains jeunes se donnent rendez-vous à la Foire du Trône à travers des vidéos dans lesquelles ils incitent à commettre des vols ou des bagarres : "C'est terrible pour l'image de la Foire du Trône. C'est un lieu très sécurisé avec une forte présence de la police municipale, de la gendarmerie, de vigils, sans compter les contrôles à l'entrée. L'atmosphère de violence généralisée est amplifiée par les réseaux sociaux et cela n'est pas représentatif de ce lieu festif et familial."  

Le responsable de la communication de la Foire du Trône de Paris précise que plus la vidéo promet de l'agitation et de la violence, plus elle sera vue. Offrant ainsi une chance de notoriété mais aussi de revenus pour certains utilisateurs. 

Publier des vidéos violentes ou polémiques : un rêve de notoriété pour certains auteurs 

Le phénomène prend de plus en plus d'ampleur selon Denis Jacob, secrétaire général du syndicat de police Alternative Police. Voici près de dix ans qu'il tire la sonnette d'alarme sur les conséquences de ces vidéos sur Internet : " ll y a une désinhibition de la violence virtuelle qui devient réelle. C'est une surenchère voire une concurrence à la violence. C'est à celui qui en fera encore plus. Je l'ai observé l'année dernière durant les violences urbaines ou avec les vidéos de rodéos urbains. Si en plus il y a une intervention de la police, c'est encore mieux pour la viralité de la vidéo".

Pour Denis Jacob, il s'agit d'un vrai cas de trouble à l'ordre public. Le syndicaliste a saisi plusieurs parlementaires et sénateurs afin d'endiguer le phénomène, sans succès pour le moment. Mais il ne perd pas espoir et propose la création d'un système d'alerte direct permettant aux plateformes de supprimer les vidéos incriminées sans devoir passer par un magistrat et sous couvert d'une enquête judiciaire : "Il faut un travail de collaboration et de partenariat minutieux entre l’Etat et les antennes françaises de ses plateformes sociales pour déclencher un dispositif efficace et en temps réel. Les plateformes ont la possibilité de le faire."

Une banalisation de la violence qui inquiète

Même constat pour Reda Belhaj, porte-parole du syndicat de police Unité Île-de-France : "Il y a une forme de fierté à filmer puis exhiber des scènes de violence chez certains jeunes. Ca devient très inquiétant. S'ils filment un acte de violence prémédité au lieu de prévenir la police ou de tout faire pour éviter un drame, c’est selon moi une infraction à la loi. C'est de la non-assistance à personne en danger. Il y a un vrai travail de sensibilisation et d'éducation à faire."

Le syndicaliste relève tout de même un point positif dans cette escalade de la violence : "Il y a une prise de conscience collective dans notre société. Ca fera peut-être changer les choses. C'est désormais aux politiques d'appliquer des mesures fortes."

Contacté, le Sicop, le service d’information et de communication de la police nationale, réagit dans un communiqué : "De tels contenus sont couramment signalés sur PHAROS. Cela a pu être le cas lors de la violente agression d'une adolescente à Lyon mi-décembre 2023, qui avait donné lieu à plus d'une centaine de signalements sur la plate-forme. Il n'est en revanche pas possible de quantifier ce type de contenus."

Le document précise qu’en parallèle, le Sicop a observé que les internautes continuent à "partager", même pour les condamner, de tels contenus choquants et/ou violents, ce qui contribue à la viralité de ces contenus et entrave l'action de PHAROS pour l'atténuer. Avant de conclure que la règle reste la même pour tous les contenus illicites publics sur Internet : "Je ne partage pas, je signale sur PHAROS."

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