Une table basse pouvant se transformer en poste informatique, un antivol automobile intelligent et un brumisateur de gel hydro-alcoolique hyper rapide. Pour ses 120 ans, le concours Lépine a récompensé 3 inventeurs franciliens.
Le concours Lépine qui récompense les meilleures inventions du moment n’avait pas pu se tenir l’an dernier en raison de la crise sanitaire. Cette année, 300 inventions étaient présentées au public porte de Versailles. Le jury a décerné ses prix hier dimanche 31 octobre.
Sur la plus haute marche du podium, Omar Seck concepteur de la "Jobstable". Son invention a été récompensée par le prix du Président de la République, premier prix de ce concours fondé en 1901 par le préfet de police Louis Lépine.
"La Jobstable"
Imaginez une table basse qui se transforme en station de travail informatique avec écran, enceintes, clavier tactile et disques durs intégrés. "L'idée, c'est d'arriver le matin avec son ordinateur portable tout simplement, et quand on commence la journée de télétravail, de connecter l'ordinateur avec un seul câble, d'avoir une table qui contient tout ce qu'il faut pour travailler", explique non sans fierté le lauréat, originaire des Yvelines.
Le premier prix, un des moments les plus intenses de ma vie
Omar Seck, lauréat prix du Président de la République
Cette invention est dans l’air du temps avec la crise sanitaire mais elle a germé dans la tête d'Omar Seck bien avant le développement du télétravail. "C’était à l’été 2012, je voulais jouer au jeu vidéo depuis mon canapé avec un clavier et une souris sur mon ordinateur. Je me suis surpris à chercher sur les différentes plates-formes internet un produit adapté mais il n’en existait pas. Etant bricoleur de nature depuis que je suis gamin, j’ai filé à Leroy Merlin pour fabriquer une première version de la table. Ce n’était même pas une table à l’époque mais un caisson que j’ai amélioré peu à peu", plaisante-il
Cinq ans de travail ont été nécessaires pour créer le prototype actuel. Jusqu'à ce que la crise sanitaire arrive et lance le télétravail.
"L’actualité Covid a effectivement joué sur l'obtention du prix. Le produit devient vraiment pertinent. Le plus beau compliment qu’on puisse me faire c’est de dire que la table n’est pas un gadget mais qu’elle a son utilité", se réjouit le lauréat Omar Seck.
La remise du prix va aujourd'hui l'aider à passer à l’étape suivante, celle de l’industrialisation de la "jobstable".
Gel Express
Le parisien Éric Le Méné et son brumisateur de gel hydro-alcoolique arrive sur la deuxième marche du podium récompensé par le Grand Prix du Sénat. Un prix également marqué par la pandémie de Covid-19.
Je suis très flatté. Un peu abasourdi. Je ne m’attendais pas avoir le Grand prix du Sénat.
Eric Le MénéLauréat du prix du Sénat
L'histoire est simple, elle commence pendant le premier confinement. "Je me suis dit zut c’est trop bête de confiner les gens alors que c’est le virus qu’il faut confiner, donc il faut un truc qui désinfecte à la vitesse de la marche. C’était mon objectif cible", affirme le Parisien Eric Le Méné.
Son concept, un grand bidon d'un Iitre de gel pouvant produire des milliers de nuages de brume désinfectante, une pompe, une vanne et un laser. "Quand la main passe dans le laser, la petite vanne délivre sa dose de gel qui est pulvérisée à très grande vitesse", détaille celui qui a toujours voulu être inventeur.
"Quand j’étais petit, je disais je veux être inventeur. On m’a dit ça existe pas c’est ingénieur, j’ai donc fait des études d’ingénieur mais je ne me reconnaissais pas totalement j’ai aussi fait une école d’architecture aux Beaux-Arts", sourit Eric Le Méné. Et de poursuivre :
"Juste avant le Covid j’étais en train de construire mon atelier personnel dans un petit box de 12 m² pour pouvoir prototyper des inventions. J’avais commencé à travailler sur une imprimante 3D pour le béton et là le Covid est arrivé et je me suis dit, je ne peux pas rester les bras croisés.Je veux faire un truc. Cela m’a pris une semaine et demi en me disant il faut que cela soit monstrueusement efficace mais beau et répérable", poursuit-il. Le tour est joué.
"Aujourd’hui le but du jeu est de distribuer en masse mon distributeur, un outil de santé publique et de le commercialiser en décembre", se réjouit-il.
Des entreprises publiques ou privées se sont d'ores et déjà dites intéressées par son invention. Le parc de la Villette à Paris a commandé une cinquantaine de distributeurs.
Un antivol électronique intelligent
Sur la troisième marche, Tilly Fofana et son équipe Yannis Chelghoum, Samantha Mateso Lusadisu, Bassem Abdelaziz et Khalid Arazzak, pour leur "antivol automobile intelligent" récompensés par le prix de l'Assemblée nationale.
Je suis très heureux et j’ai l’impression qu’on reconnaît mon travail c’est énorme comme sensation
Tilly Fofana, prix de l'Assemblée natioanle
"Il nous aura fallu 6 ans de recherche et développement pour inventer cet anti vol intelligent, commercialisé depuis cet été", explique son créateur heureux de la reconnaissance de leur travail, Tally Fofana.
"Il faut savoir qu'il y a un véhicule qui est volé toutes les quatre minutes en France et dans 85 % des cas, c’est du piratage électronique. Les voleurs utilisent un boîtier électronique, qu'ils branchent sur une prise qui est commune à toutes les voitures, peu importe la marque, peu importe le modèle et en trente secondes, c'est très rapide, le système anti-démarrage est piraté" commente Tally Fofana.
"Nous, ce que nous avons inventé, c'est un boîtier du même type. Une fois branché sur le réseau interne du véhicule, on envoie un cryptage sur ce réseau qui permet d'intercepter tout piratage électronique", poursuit-il.
Une sécurité supplémentaire a été rajoutée avec la clef et le téléphone, une sorte de double authentification rendant impossible tout vol.
La commercialisation de l'antivol électronique a déjà commencé. Le deuxième prix du concours Lépine va "booster" cette belle histoire apportant une visibilité importante à l'invention. "On discute avec des distributeurs et des assureurs également", se félicite Tally Fofana.