La Côte d'Ivoire est le premier producteur de cacao. Elle fournit 40% des besoins mondiaux mais son modèle de culture est à bout de souffle. Alors le pays teste des solutions adaptées au changement climatique. Et pour cela, les producteurs sont aidés par des chercheurs du Cirad de Montpellier dans le cadre d'un projet scientifique appelé "Cocoa for future".
Dans des plantations ivoiriennes, des agriculteurs expérimentent un nouveau mode de culture des cacaoyers. Ils ne poussent plus en plein soleil mais au milieu des arbres. On appelle cela l'agroforesterie. Un système vertueux pour la planète comme pour le producteur.
"L'intérêt, c’est la diversification et c’est cela permet au producteur d 'assurer sa sécurité alimentaire. Pour l'environnement, l'agroforesterie revêt plusieurs atouts comme repeupler la forêt qui a été détruite, refertiliser le sol et donc rétablir la biodiversité", explique Tagro Guehi, enseignant chercheur à l'université de Nangui à Abidjan.
Dégustation à l'aveugle
Un modèle plein d'avantages. Mais est-ce que ces fèves de chocolat ont bon goût ? C'est au Cirad de Montpellier que des chercheurs se transforment en chocolatier. Ils torréfient ces fèves, les malaxent, les raffinent comme des professionnels puis direction le laboratoire d'analyse sensorielle. Le silence est total et la lumière rouge a été allumée pour que la couleur n'interfère pas dans cette dégustation à l'aveugle.
"L'idée n’est pas de comparer les chocolats entre eux, mais de décrire chaque chocolat en fonction des descripteurs recherchés dans le chocolat. Tel que le sucré, l'arôme floral ou végétal et d'autres encore", détaille Amien Kouame Guy Florent, doctorant ivoirien.
Aussi bon l'un que l'autre
Après des années d'études, les scientifiques ont obtenu des résultats encourageants. "Ce qu'on observe par exemple en année 2, c'est que sur la roue des saveurs de nos chocolats issus des différents systèmes - agroforesterie et plein soleil - et bien on constate qu'il n'y a pas de différence gustative entre ces deux systèmes de plantation", conclut Renaud Boulanger, directeur adjoint UMR Qualisud Cirad.
Si le chocolat issu de l'agroforesterie est savoureux, les chercheurs espèrent que la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, s'engagera à grande échelle dans cette transition.
Écrit avec Delphine Aldebert.