Coronavirus : faut-il craindre une deuxième vague ?

L’été, ses terrasses animées et sa chaleur n’incitent pas vraiment au port du masque. Alors que plusieurs pays reconfinent partiellement, les autorités médicales s’inquiètent d’une éventuelle deuxième vague. Ils appellent à mieux respecter les gestes barrières.


Lisbonne au Portugal, Leceister au Royaume-Uni, Melbourne en Australie. Sans oublier l'Espagne... Plusieurs pays reconfinent localement, après avoir détecté des foyers de contamination. Dans l'Héxagone, le département de la Mayenne connaît une recrudescence du nombre de cas de Covid-19 et s'apprête à lancer la semaine prochaine une campagne de dépistages massifs.

En Île-de-France, où 25 clusters sont toujours actifs selon l'Agence régionale de santé, le nombre de cas de Covid-19 ne fait que décroître. Pourtant les autorités médicales s’inquiètent d'une éventuelle reprise de l’épidémie. En cause : le relâchement du port du masque et des gestes barrières.
 
 

Les Français ont abandonné les gestes barrières

Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique


"Il faut se préparer à une reprise de l'épidémie de Covid-19, voire à une deuxième vague", s’alarme Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé dans un entretien au Figaro.

Inquiet également, l’épidémiologiste Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique. "Les Français ont abandonné les gestes barrières", affirme t-il dans un entretien publié dans le Monde aujourd'hui. "Le port du masque dans les transports ou le lavage des mains sont des choses qui sont restées, mais par contre, les gestes de distanciation sociale plus généraux sont en train de se perdre. Et je dis, attention, le virus circule encore".

Plus alarmants, les propos du professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il redoute que l’épidémie ne reparte plus tôt que prévu en France. "Je crains une seconde vague dès cet été. On est tous inquiets. En Amérique, en Guyane, l'épidémie flambe alors qu'il fait 35 degrés. Le fait d'être en extérieur, l'été, réduit un peu la circulation du virus mais pas dans de grandes proportions. A la Pitié-Salpêtrière, mon unité Covid est pleine, j'ai été obligé d'en ouvrir une autre en début de semaine dernière".
 


Yves Buisson est professeur de médecine, membre de l’Académie nationale de médecine et responsable de la cellule Covid-19 de l’Académie de médecine. Comme ses pairs, il est inquiet d'une éventuelle reprise de l'épidémie. Il l'affirme, les mesures barrières sont impératives.
 

Cette épidémie ne va pas s'arrêter avec l'été

Yves Buisson, professeur de médecine, membre de l'Académie de médecine


Êtes-vous inquiet concernant une éventuelle deuxième vague de contaminations ?

En France, la situation n’a cessé de s’améliorer depuis le mois de mai mais ce n'est pas le cas dans d'autres pays du monde où la pandémie continue de sévir avec des situations très différentes d’un hémisphère à l’autre. On voit bien que cette épidémie ne va pas s’arrêter avec l’été comme on aurait pu l’espérer il y a encore quelques mois. Elle ne va pas s’arrêter comme cela a été le cas en 2003 avec l’épidémie de SRAS. La pandémie continue avec une ampleur considérable. Dès l’automne, on va avoir un renouveau de l’épidémie en France si on ne prend pas toutes les précautions.

Peut-on éviter cette deuxième vague ?

On peut l’éviter car on en a les moyens. On connaît de mieux en mieux le virus, on a des tests, il faut les utiliser. On a des masques pour se protéger, il faut les porter. Nous connaissons les mesures barrières : distanciation sociale, lavage des mains, port du masque qui doit être prioritaire dans les milieux clos et les espaces urbains, même dans la rue. Je crois qu’il va falloir être très ferme car il y a un relâchement du port du masque avec l’été. Notamment chez les populations jeunes qui se sentent moins concernées car moins à risques. On sort, on va danser, on se retrouve entre amis ce qui est normal pour cet âge. Mais on observe qu’il y a de plus en plus de personnes jeunes testées positives. 

Face à ce relâchement, faut-il prendre des mesures plus coercitives et rendre obligatoire le port du masque ?

Ce qui n’a pas été rendu obligatoire quand il fallait le faire ne va pas être fait maintenant. A l’Académie nationale de médecine, nous souhaitions que le port du masque soit obligatoire lors du déconfinement au moins dans les espaces urbains. Il n’a été rendu obligatoire que dans les transports en commun. C’est insuffisant. Dans les magasins, dans les lieux fermés, le masque devrait être obligatoire.

Quelle est la situation de l'épidémie aujourd'hui ?

Il faut répéter et répéter que les mesures barrières sont impératives. Ce n’est pas parce qu’il fait beau et chaud, que ce sont les vacances, qu’il faut s'en affranchir. Ce qui se passe en Mayenne est un bon exemple de ce qui attend les français si on se laisse aller. Le conseil scientifique a défini différents scénarii. Le premier, l’épidémie est sous contrôle. Nous en sommes toujours là. Le deuxième c'est la résurgence de foyers épidémiques qui deviennent importants et susceptibles de ne plus être maîtrisés. C’est ce qui nous menace comme en Mayenne. Avec l’été et la circulation des vacanciers, il faut rester vigilant car la situation peut vite devenir incontrôlable.

Les structures hospitalières sont-elles prêtes à accueillir un afflux de nouveaux cas ?

Je pense qu’elles sont prêtes. Les services de réanimation sont revenus à un niveau normal d’activités mais cela ne veut pas dire que les lits sont vides. Il ne faut pas se reposer sur cette disponibilité des services de réanimation. En été il y a aussi beaucoup de causes d’hospitalisation. Notamment en accidentologie. Ils peuvent être rapidement saturés.


En Île-de-France, selon l’Agence Régionale de Santé, 3525 personnes sont toujours hospitalisées à ce jour. Les Franciliens comptent pour environ 40 % des décès pour Covid-19 recensés en France depuis le 1er mars, que ce soit à l’hôpital ou en Ehpad. La France a enregistré mercredi 8 aôut 32 nouveaux décès liés au Covid-19. Cela porte le bilan de l'épidémie à 29 965 morts dans le pays depuis le 1er mars.





 
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