Couvre-feu : des aides économiques en faveur de la restauration en Île-de-France

Elargissement du fonds de solidarité, chômage partiel prolongé, exonérations des cotisations... Le gouvernement a annoncé cet après-midi de nouvelles mesures de soutien pour les cafés et restaurants et les entreprises culturelles en zone de couvre-feu. Des aides insuffisantes pour certains.

Nouveau coup dur pour la restauration et le monde du spectacle avec l'instauration du couvre-feu. Les cafés, les restaurants, les théâtres et cinémas vont devoir fermer leurs portes à 21 heures en Île-de-France dès samedi.

Des aides pour les restaurateurs et les cafetiers

Mercredi soir, Emmanuel Macron a promis des aides pour ces secteurs d'activités déjà fortement impactés par la crise sanitaire.
Les mesures d'aides ont été détaillées au cours d'une conférence de presse du gouvernement cet après-midi. Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie dit "mesurer le désarroi" des professionnels de la restauration ou de l'hôtelerie face aux "nouvelles obligations sanitaires en renforçant les dispositifs en vigueur". 

► Fonds de solidarité élargi dès 50% de perte du chiffre d'affaires pour les restaurateurs
"L'aide du Fonds de solidarité qui va jusqu'à 10 000 euros par mois, sera ouverte aux entreprises des secteurs de l'hôtellerie, des cafés, de la restauration, de la culture, de l'événementiel, du sport, dès lors qu'elles subissent une perte de chiffre d'affaires non plus de 70%, mais de 50%", a précisé le ministre de l'Economie. 

Toutes les entreprises de moins de 50 salariés situées dans les zones de couvre-feu seront éligibles au fonds de solidarité jusqu'à 1 500 euros si leur perte de chiffre d'affaires atteint 50% pendant le couvre-feu quel que soit le secteur.

► Exonération des charges
Les cafés et les restaurants bénéficieront d'une exonération totale des cotisations patronales jusqu'à la fin de la période en cas de 50% de pertes du chiffre d'affaires.

► Prêts bancaires et prêts garantis
Le gouvernement a demandé à la Fédération Bancaire Française d'examiner un report des prêts pour les entreprises qui en auront besoin. Les entreprises de tous les secteurs de l’économie pourront bénéficier de prêts de l’État jusqu’au 30 juin 2021.
 

Réactions mitigées

Les restaurateurs n'ont pas été convaincus par les mesures annoncées.

Ses aides ne sont pas assez fortes pour parer à la crise

Stéphane Manigold, restaurateur et porte parole d'un collectif

Pour Stéphane Manigold, le porte-parole d'un collectif de restaurateurs en colère, Bruno Le Maire n'a pas répondu aux questions qui taraudent la profession concernant notamment les loyers, les charges fixes, la prise en charge totale du chômage partiel, les prêts garantis par l'Etat et leur remboursement. "Il n' y a pas assez de réponses. Nous aurions souhaité que le couvre-feu débute à 22 heures voire 23 heures" a-t-il réagi cet après-midi après les annonces gouvernementales.

On nous a guillotiné

Stéphane Manigold, restaurateur


"On subit cette situation. Il y a 15 jours nous avons reçu un protocole sanitaire à suivre. Nous l’avons appliqué à la lettre. On nous a guillotiné hier soir", a-t-il déclaré ce jeudi sur notre antenne. Le couvre-feu a fait l'effet d'une massue pour la profession déjà sévèrement touchée. "La distanciation sociale et sanitaire nous impute de 30 % de notre chiffre d’affaires. Avec le télétravail, nous avons perdu une grosse partie de la clientèle qui prenait plaisir à venir le soir, pour s'aérer ", a-t-il poursuivi.

Il a par ailleurs réfuté la prise en charge du chômage partiel à 100% par l'Etat. "Ce n’est pas à 100 % ce n’est pas vrai. J’espère que ce mensonge sera corrigé. Pourquoi ? Car il nous reste une charge de 10 % qui sont les congés payés. Le chômage partiel n’est pas pris à 100 % mais 90 %", a-t-il ajouté. 

Même son de cloche pour Frank Delvaux, le président de l’Umih IDF, l’Union des métiers et des industries de l’Hôtellerie qui a critiqué les mesures d’aides annoncées par le ministre de l’Economie. "Nous aurions voulu que le fonds de solidarité concerne tous les établissements touchés par le couvre-feu et pas seulement ceux qui ont des pertes de leurs chiffres d’affaires de 50 %. Et ceux qui ont perdu 45 %, 46 %, 49 %, ils n’auront rien ? Non ce n’est pas sérieux", a-t'il déclaré dénonçant des calculs d'apothicaire. "Rien n’a été annoncé pour les loyers. Beaucoup ne pourront pas continuer à les payer. On demande à ce qu’il y ait un moratoire. Rien non plus sur la baisse des revenus d’exploitation. Il va y avoir des dépôts de bilan" prévient-il.

Seul point positif à ses yeux, la possibilité de continuer la livraison à domicile après 21 heures.

Le monde de la culture inquiet

Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie a annoncé que "des discussions vont s'ouvrir dès demain matin avec Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture".
 

On doit résister, on va s’adapter, on va trouver des solutions

Jean-Marc Dumontet, directeur de théâtres


Invité ce midi jeudi 15 octobre sur notre antenne et sur franceinfo, Jean-Marc Dumontet, producteur et directeur de plusieurs théâtres à Paris (Bobino, Le Point Virgule), s'est montré combatif. Il propose de modifier les horaires des pièces de théâtre.  "Évidemment, c'est un nouveau coup dur. Mais il faut adapter pour faire face. J'ai vraiment envie que le flambeau et la flamme de la culture demeure, donc, on va s'adapter. On va jouer à 19 heures. Le public partira à 20h30. Il sera à 21 heures chez lui. On va multiplier les séances les samedis après-midi et le dimanche. On va trouver des solutions. Ce qui est important, c'est que le spectacle vivant demeure. On a été très malmené. Il ne faut pas que ça soit le coup de grâce", a-t-il déclaré.

"On a ranimé la flamme il est impératif qu’elle s’éteigne pas. Dans ce monde anxiogène on apporte un peu de joie, de lumière. Les français et les parisiens ont besoin de s’oxygéner, s’aérer et de se changer les idées", a-t-il poursuivi.
 

40% des gens vont au cinéma le soir

Richard Patry, Pdt Fédération natioanle des cinémas Français


Concernant les cinémas, Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), a demandé jeudi 15 octobre sur franceinfo au gouvernement d'autoriser les spectateurs qui sont allés au cinéma avant 21 heures à rentrer chez eux après le début du couvre-feu. "Je suis allé à Paris à 20 heures au cinéma, ma séance se termine à 21h35. Ça fait 35 minutes pour sauver la culture", a-t-il expliqué. Richard Patry prône "une mesure de bon sens" pour sauver les salles de cinéma en France rappelant que "40% des gens vont au cinéma le soir".
 
 
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