Distribution de colis alimentaires pour les étudiants sur la place du Panthéon

Les étudiants ont été, et sont toujours, des victimes de la pandémie de covid-19 et de ses répercussions.

Il est 10h ce matin. Sur la place du Panthéon, dans le Vème arrondissement de Paris - surveillée par des militaires de l’opération « Sentinelle » - des dizaines d'étudiants de l’université Panthéon-Sorbonne se retrouvent. Pas pour boire un café, étudier, et encore moins rigoler. Non. Ils sont en quête de solutions face à la situation délicate qu'ils traversent.

Ils ont tous répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux par l’association « Co’p1 ». Cette dernière, indépendante, fondée par et pour des étudiants, est motivée par un but simple : porter assistance à tout étudiant dans le besoin avec, en premier lieu, l'organisation de distributions gratuites d'invendus alimentaires. L’idée : faire d’une pierre deux coups en aidant ceux qui en ont besoin et en luttant contre le gaspillage.

« Samedi 14 novembre, les Co’p1 organisent leur première distribution alimentaire – dans le strict respect des précautions sanitaires – à destination des étudiants et étudiantes de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (…) avec le soutien de la Mairie du 5e Paris (…) Si tu n’es pas à Paris 1, pas de panique : tu peux toujours venir, sur inscription, aux autres distributions organisées les lundis et jeudis, de 18h30 à 20h, avec Linkee [entreprise qui récolte des invendus] ! », précisait l’association sur sa page Facebook.

Vivre normalement dans une période anormale

Les étudiants sont là, les uns derrière les autres, masqués et séparés d’un un mètre de distance – Covid-19 oblige – en attendant de recevoir leur colis alimentaire. Chacun pèse environ 5 kilos. On y trouve des fruits, des légumes, des gâteaux, des féculents, des yaourts, des œufs, des plats préparés, mais aussi des masques, du gel hydro-alcoolique et d’autres produits médicaux... tout ce qui peut permettre aux étudiants de vivre normalement dans une période, elle, anormale. Cette distribution leur permet par ailleurs de retrouver, l’espace d’un instant, un environnement « entre étudiants ».

"Beaucoup d’étudiants ont découvert la précarité à l’issue du premier confinement, et beaucoup la connaissait avant même la crise sanitaire. L’alimentaire est le premier biais par lequel on aide concrètement les gens. Ce sont des questions d’hygiène, de santé publique, de rythme de vie… ", explique le président de « Co'p1 », Ulysse Guttmann-Faure, interrogé par France 3 Paris Île-de-France. "Nous avons beaucoup de bénévoles qui sont des personnes vivant dans des conditions précaires et qui viennent d’universités différentes (…) et énormément de demandes de la part d’étudiants qui ont besoin d’aide",  ajoute-t-il.

Victimes de la Covid-19

Les étudiants ont été particulièrement impactés par la pandémie. Confinés, parfois seuls et dans la précarité, certains ont vu leurs stages et alternances s’envoler, d’autres leurs emplois perdus, sans parler des difficultés financières que cela a entraîné.

Le cas des étudiants étrangers, isolés et loin de leur famille, est également très compliqué à gérer. "Je n’ai pas de travail, je vis seule, ma famille est à l’étranger et ça fait du bien de savoir que j’aurai de la nourriture pour les prochains jours ", confie une jeune étudiante d’origine péruvienne. "Je vis dans une chambre en résidence universitaire, je n’ai plus mon job étudiant, et cette distribution me permet de me nourrir correctement. Je dois néanmoins avouer que je suis un peu intimidée de recourir à ce genre d’association", ajoute une autre étudiante, cette fois italienne, s’estimant toutefois être « chanceuse » car bénéficiaire de quelques aides sociales.

Avant la crise sanitaire, 20% des étudiants vivaient déjà sous le seuil de pauvreté en France. Et une fois leurs études finies, le contexte actuel ne leur offre aucune visibilité professionnelle. "On est dans une incertitude profonde en ce qui concerne notre avenir professionnel", raconte cet étudiant.

Associations et municipalité

Dès les impacts du premier confinement, les associations se sont mobilisées devant les universités franciliennes pour venir en aide aux étudiants en difficulté. Une distribution de colis, similaire à celle d’aujourd’hui, avait ainsi eu lieu en avril devant le campus de la faculté Paris 8 en Seine-Saint-Denis.

L’épicerie solidaire de l’« Agoraé » Paris, destinée aux étudiants de l'Académie de Paris en situation de précarité – qui avait, elle aussi, organisée une distribution de paniers alimentaires au mois de mai – met en place des distributions de paniers ouvertes et gratuites pour tous les étudiants tous les samedis du 21 novembre au 19 décembre de 10h à 17h, sur le Campus Saint-Germain-des-Prés, dans le VIe arrondissement.

La ville de Paris a renseigné sur son site internet une série d’adresses et de contacts sur les différents services d’aide alimentaire, psychologique et juridique à disposition des étudiants en difficultés.

Le gouvernement n’est par ailleurs pas resté inactif sur cette question. Dans son allocution de jeudi, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que près de 1600 étudiants seraient recrutés, de novembre à janvier, pour accompagner dans les universités « les étudiants de première année » et les étudiants « les plus en difficulté ».
 
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