Hausse du prix de l'essence, du gaz et de l'électricité : les populations les plus fragiles sont touchées de plein fouet par les récentes augmentations. Les Restos du Cœur lancent une grande collecte ce week-end et appellent aux dons de produits de première nécessité.
En France, les Restos du Cœur ont accompagné 1,2 million de personnes en 2021 dont la moitié a moins de 25 ans. Pour leur 38e campagne, l'association espère que les dons seront encore à la hauteur des besoins. Les milliers de bénévoles collectent les produits de première nécessité à la sortie de nombreux magasins.
Trois questions à Serge Malet, délégué régional Ile-de-France des Restos du Cœur.
Quels sont les besoins et les menaces qui vont peser sur les ménages ?
Il n'y a hélas pas de changements. On a toujours de grands besoins, tant en termes de denrées alimentaires que non-alimentaires, comme les produits hygiéniques et les produits bébés. En particulier les couches ou les laits en poudre premiers âges. Ce sont des produits qui ont le mérite de pouvoir se conserver longtemps et l'on accepte naturellement aussi les petits pots.
Dans les prochains mois, on peut notamment craindre la flambée de l'énergie. Une charge importante sur les budgets qui tape très fort. Heureusement qu'il y a des aides sur les énergies électriques, mais on peut être préoccupé sur les prix du gaz.
Quelle est la situation en Île-de-France ?
Elle n'est pas forcément différente que dans d'autres régions. La problématique aujourd'hui est l'apparition de jeunes. Sur notre territoire, nous avons 50% de jeunes qui ont moins de 25 ans et parmi eux, 40% sont mineurs. On a vu arriver beaucoup d'étudiants. Il y a aussi beaucoup de familles monoparentales, des femmes avec enfants essentiellement, c'est l'autre partie de la population beaucoup aidée.
Nous avons distribué l'année dernière 142 millions de repas dont 20 millions en Île-de-France. La région est très disparate, nous avons des zones très urbaines dans tous nos départements où la densité de personnes en situation précaire est importante puis après, on est dans le milieu rural très vite. C'est la même pauvreté, mais elle est surtout concentrée dans les zones urbaines. Nous avons constaté une percée de la précarité dans le Val-d'Oise, la Seine-et-Marne et plus classiquement en Seine-Saint-Denis. On s'aperçoit que d'une année sur l'autre, la précarité augmente même si ces deux dernières années, il y a eu beaucoup d'aides apportée par l'État.
Quelle est la particularité de Paris ?
A Paris, la densité de la population est énorme. Il y a beaucoup de gens dans la rue. Sur nos centres d'activités, la population a augmenté de plus de 30%. Les gens ont de plus en plus de mal à se loger en raison des loyers. Aujourd'hui, être jeune et vouloir se loger à Paris relève de l'impossible. Ces jeunes sont chez leurs parents et cela crée des zones de difficultés financières en plus. Le coût de l'immobilier génère beaucoup de précarité.
L'année dernière, les donateurs ont été très généreux. On espère retrouver cette générosité. Nous avions collecté environ 7,8 millions de tonnes de denrées, cette année, nous espérons 9 millions de tonnes au niveau national. Peut-être que l'actualité va perturber la collecte, mais on espère que les gens vont être aussi généreux.
On mobilise beaucoup de bénévoles pour cette 38e collecte et les Restos joueront toujours leur rôle dans nos centres. Notre accueil est inconditionnel, pour les personnes habituelles comme pour les réfugiés ukrainiens. Nous serons solidaires.