La crise sanitaire est venue renforcer la précarité de nombreuses personnes. Selon un responsable d'un centre des Restos du cœur, un nouveau type de population vient s'approvisionner : des jeunes salariés qui ont perdu leur emploi.
La hausse de la précarité visible dans les statistiques, les bénévoles des Restos du cœur y sont confrontés chaque jour. Alors que l'association lance sa 36e campagne d'hiver ce mardi, certains centres affichent une hausse alarmante du nombre de bénéficiaires. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, elle est de 45%, un record en France. À Paris ou dans certains centres de Seine-et-Marne, elle atteint 30%.
Désormais, ce sont "des jeunes, et cette tranche de la population qui a perdu son travail : des personnes entre 30 et 40 ans", explique Fabrice Gourhan, responsable des Restos du cœur de Seine-et-Marne.
Ainsi, selon les chiffres fournis par l'association, les moins de 25 ans représentent déjà près de la moitié des bénéficiaires et les mineurs, 40%. Parmi les bénéficiaires de plus de 16 ans, 36% sont en recherche d'emploi, 12% perçoivent une retraite, 6% ont un emploi et 6% sont étudiants.
Fidèles aux valeurs insufflées par Coluche en 1985, les bénévoles sont https://t.co/ARj4CX5txR sans relâche pour venir en aide aux personnes les plus démunies.
— Les Restos du Coeur (@restosducoeur) November 24, 2020
35 ans après leur création, on n'a jamais eu autant besoin des Restos.#FaireFace https://t.co/6FqK1iSea4 pic.twitter.com/gyvqOv8nYl
Des dons pour poursuivre les distributions
Parmi les bénéficiaires rencontrés, Mme Fofana, qui vient s'approvisionner pour elle, ses deux enfants et son mari. "Oui la pandémie complique les choses. Mon mari, souvent il sort pour essayer de vendre un peu. Mais avec le Covid, il ne peut pas sortir alors qu'habituellement il travaille un peu et fait plusieurs métiers", raconte cette quadragénaire rencontrée dans un centre de Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne.Plus que jamais, des dons sont nécessaires pour fournir les nombreuses familles inscrites. "On a besoin d'argent pour acheter de la nourriture parce que 50% de ce qui est distribué est acheté par les Restos du cœur grâce aux dons du public. Le besoin le plus important pour cette campagne d'hiver c'est de l'argent", indique Nellie Pons, responsable du centre de distribution des Restos du cœur de Clamart.
Sébastien Massat, un stewart qui dit donner depuis 15 ans, a décidé en plus de devenir bénévole. "Mes enfants sont à l'école, je préfère venir aider les gens que de rester chez moi. Je me suis dit, 'je vais y aller'. Ce n'est plus que financier, c'est humain aussi. Je viens, en ce moment, deux jours par semaine", raconte-t-il.
Crise sociale dans la durée
Les Restos du cœur, lancés d'après une idée de Coluche en 1985, accueillent chaque année les personnes démunies pour leur campagne d'hiver. En fonction de leurs ressources et de la composition de leur famille, elles se voient attribuer des points qui leur donnent droit à des denrées alimentaires.Les responsables de l'association alertent sur la longévité de cette crise sociale. "L'effet secondaire de la pandémie va être une crise économique, mais qui va être sur le long terme. Ces gens qui perdent leur emploi ne vont pas forcément le perdre d'un seul coup mais progressivement. On pense que nous allons la subir sur plusieurs mois voire plusieurs années, comme en 2008", pense Fabrice Gourhan, responsable des Restos du cœur de la Seine-et-Marne.
Selon lui, cette augmentation du nombre de bénéficiaires sera de 25% cette année et possiblement le même chiffre l'année suivante.