Île-de-France : voici comment l'eau potable est traitée pour éviter les contaminations à la Covid-19

Le SARS-CoV-2, de la famille des coronavirus peut être présent, comme de nombreuses autres bactéries, dans les eaux de rivières. Une eau qui finit dans le robinet de nombreux franciliens. Après de nombreux processus de désinfection, elle est rendue potable.

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Peu le savent, pourtant des millions de personnes boivent, chaque jour, l'eau de la Seine, de la Marne, ou de l'Oise. Ce sont les 4,6 millions d'habitants qui habitent sur une des 151 communes faisant partie du Syndicat des eaux d'Île-de-France (le Sedif) très présent dans les trois départements de petites couronnes.

Pour alimenter une telle population, le Sedif possède trois usines qui prélèvent et traitent l'eau : à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) et à Méry-sur-Oise (Val d'Oise).

Si les ressources sont captées dans les rivières et non dans les nappes phréatiques, c'est que ces dernières, "pour la plupart avaient été captées pour alimenter Paris à la fin du XIXe siècle. Les villes qui étaient à la périphérie de Paris ont dû se tourner vers les eaux de surface. C'est un héritage historique", explique ainsi Sylvie Thibert, ingénieure gestion des risques sanitaires au Sedif.

 

Pas de risques engendrés par la Covid-19

Alors que les nappes phréatiques filtrent naturellement les eaux, il est en revanche impossible de distribuer l'eau de surface sans la traiter. Car elles transportent de nombreuses bactéries et virus dont celui responsable de la Covid-19. "On a regardé au fil du temps comment se comportait l'infectiosité du virus, et comment se comportait la persistance du génome viral. Il persiste très longtemps, ce qui est plutôt inquiétant mais son infectiosité diminue très vite", explique Vincent Maréchal, virologue à Sorbonne Université, et cofondateur du projet Obépine (Observatoire épidémiologique dans les eaux usées).

Pour éviter tout risque de contamination, de ce virus ou d'un autre, l'usine de Méry-sur-Oise possède un double système de désinfection, unique en son genre. Dans un vacarme assourdissant, l'eau prélevée un kilomètre en amont passe entre divers bassins. Elle est d'abord clarifiée, puis affinée, passée dans des gigantesques lampes à ultraviolets pour finalement être chlorée.

À côté de ce processus dit classique, un autre appelé membranaire permet de filtrer l'eau de l'Oise. L'eau, une fois clarifiée, passe à travers des tuyaux sous haute pression. Dans ces tuyaux, des couches de feuilles repliées sur elles-mêmes qui ont un effet de filtre à café.

Cette utilisation de membranes de nanofiltration est utilisée car l'Oise est un courant, qui pour des raisons floues, transporte un nombre important de résidus organiques (créés par des résidus de plantes mortes notamment). "C'était à l'époque une première mondiale. Depuis ce n'est pas une technique qui a été beaucoup employée parce qu'elle est quand-même relativement coûteuse à mettre en œuvre. Elle est vraiment liée à une particularité des eaux de l'Oise", poursuit Sylvie Thibert.
 

Éviter les coupures d'eau

L'autre enjeu du service public de l'eau, c'est d'assurer une continuité dans l'acheminement. Impossible de priver des zones entières de cette ressource. D'autant que la consommation est estimée à 120 litres par habitant et par jour.

"En Île-de-France, il y a une densité de populations ce qui complique les choses. Il y a 8 700 km de canalisations. Toutes ne sont pas stratégiques mais il faut minimiser au maximum les arrêts d'eau", avance Christian Ravier, chargé de communication chez Véolia d'Île-de-France qui exploite ce service pour le Sedif.

Un gigantesque ordinateur baptisé "Le ServO", permet de traiter les millions de données collectées par l'entreprise. Des capteurs sonores permettent notamment de détecter les fuites. Par ailleurs, si une usine était confrontée à un problème de prélèvement, il serait possible d'assurer cette continuité du service.

"Les trois usines sont interconnectées. On peut échanger de l'eau dans un sens ou dans l'autre", indique ainsi Christian Ravier.

L'épidémie de la Covid-19 aurait pu avoir une dernière conséquence sur l'eau d'une bonne partie des Franciliens : la modification de son goût. Pour être certain de tuer toutes les bactéries, certains opérateurs choisissent de relever les niveaux de chlore ce qui peut être remarqué lors de la consommation de l'eau. A Méry-sur-Oise, grâce au système membranaire, les niveaux de chlore sont restés les mêmes, et le goût de l'eau aussi.
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