L’Académie française, Bernard Pivot, associations « de défense de la langue française »… Le slogan en anglais, choisi pour promouvoir la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024, divise.
Les avis - c'est le cas de le dire - sont partagés. « Made for sharing », le slogan officiel de Paris 2024, suscite de nombreuses critiques, en commençant par l’Académie française.
Les Immortels expriment leur « réprobation » face au choix de la devise, pensée par le comité de candidature pour une campagne internationale et donc anglophone.
Une version française - « Venez partager » - a beau être prévue, l’Académie « exprime à l'unanimité sa réprobation devant la décision du comité d'accorder la priorité à la langue anglaise pour porter la candidature olympique de la ville de Paris ».
Une critique pleine d’ironie : le même slogan « a déjà été utilisé lors de campagnes publicitaires » ajoute l’institution. Par exemple, une étrange pizza-burger de l’Américain Burger King :
New York Burger King's are on to something..
Une opinion partagée par Bernard Pivot. Ce vendredi, le journaliste et président de l'Académie Goncourt regrette que Paris « fasse la courbette devant la langue qui n'est pas seulement celle de Shakespeare mais celle de Donald Trump ».
"Une insulte caractérisée à la langue française"
Une critique exprimée au début du mois sur son compte Twitter :
Premier cas de dopage aux JO de 2024 : le slogan de Paris aux anabolisants anglo-américains.
— bernard pivot (@bernardpivot1) 6 février 2017
Le commentaire de Pivot est d’ailleurs partagé par Alain Juppé. Le maire de Bordeaux qualifie le slogan d'« une ânerie » :
JO 2024.Merci à Bernard Pivot de faire entendre la voix du bon sens. Ce slogan en anglais est en effet une ânerie.Il n'aidera pas!
— Alain Juppé (@alainjuppe) 17 février 2017
Un collectif d’associations de défense de la francophonie attaque même le slogan en justice, vu comme « une insulte caractérisée à la langue française ».
Les associations estiment que la devise enfreint notamment la loi Toubon de 1994, selon laquelle « l'emploi d'une marque de fabrique, de commerce ou de service constituée d'une expression ou d'un terme étrangers est interdit aux personnes morales de droit public dès lors qu'il existe une expression ou un terme français de même sens ».
Une mise en demeure préalable a été adressée mercredi au groupement d'intérêt économique Paris 2024. Un référé en suspension sera déposé lundi au tribunal administratif de Paris.