Un sénateur veut rendre obligatoire le port du casque à vélo sous peine d'une amende de 135 euros. Il est actuellement obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans et pour les utilisateurs de trottinettes hors agglomération.
Hors de question de rendre le casque obligatoire pour les associations de défense de cyclistes. "C'est une très mauvaise idée, cela n'assure pas la sécurité des cyclistes et c'est contreproductif pour l'usage du vélo", proteste Jean-Sébastien Catier, président de l'association Paris en Selle.
Ce dernier parle d'une "proposition démagogique" : "Il n'y a aucune étude qui montre qu'il y aurait un effet sur la mortalité des cyclistes. Elle arrive dans deux cas principaux : soit hors agglomération, des sportifs sur des routes avec des voitures qui les heurtent à grande vitesse et le casque n'a pas d'utilité réelle. Soit en ville, dans les angles morts des poids lourds et le casque n'a pas d'utilité dans ces cas-là non-plus".
Alors que la pratique du vélo explose, un groupe de sénateurs centristes menés par François Bonneau propose de rendre le casque obligatoire pour "tout conducteur d'un véhicule à une ou plusieurs roues, qu'il soit à moteur ou à assistance électrique, ainsi qu'à tout conducteur de cycle", sous peine d'une amende de 135 euros, rapporte l'AFP.
Manque d'infrastructures
Clémence, une cycliste âgée de 28 ans et résidant à Montreuil (Seine-Saint-Denis), se prononce plutôt pour la mesure : "Comme en moto où, avant, ce n'était pas obligatoire, cela a été accepté. Je vois de temps en temps des accidents, comme certains qui glissent ou des personnes qui ouvrent des portières de voiture sans regarder".
Mais selon elle, le manque d'infrastructures est criant à Paris, d'autant qu'elle a pu faire la comparaison avec le royaume des cyclistes, les Pays-Bas, où elle a résidé plusieurs années. "Là-bas, les gens ne portent pas de casques, mais c'est très sécurisé. La linéarité change beaucoup. A Paris, il y a des pistes mais avec des coupures. À Stalingrad, au début, elle est à droite, ensuite elle se situe à gauche de la voie."
Jean-Sébastien Catier, président de Paris en Selle, prend aussi comme modèle les Pays-Bas. La part des déplacements à vélo est de 38% à Amsterdam par exemple (selon une étude réalisée en 2014) contre moins de 10% à Paris (où les déplacements piétons restent ultra-majoritaires).
"La sécurité des cyclistes passe avant tout par les infrastructures. Aux Pays-Bas, ils en ont beaucoup et très peu d'accidents mortels en proportion du nombre de déplacements qui sont faits. Il faut des aménagements de pistes cyclables protégées, des carrefours protégés, c'est cela qui génère de la sécurité pour les cyclistes et les autres usagers comme les piétons", poursuit-il.
Peu de pays imposent le port obligatoire du casque
Actuellement, de rares pays imposent le port du casque obligatoire pour les cyclistes. "L'Australie et au Canada ont mis en place une telle législation et l'on constate que cela réduit le nombre de cyclistes. Ils sont tous casqués mais il y en a de moins en moins. Tous les bénéfices du vélo, en termes de santé publique et de réduction de la pollution, disparaissent avec la baisse de l'usage", affirme M. Catier qui précise que le Canada a même abrogé cette loi après quelques années.
La Nouvelle-Zélande a aussi rendu le casque obligatoire, et le Portugal, seulement pour les usagers de vélos électriques.
En France, la commission des lois du Sénat n'a pas adopté la proposition de loi, soulignant que l'obligation du port du casque ne relève pas de la compétence du législateur mais est d'ordre règlementaire, et dépend donc du gouvernement. Elle a cependant invité le gouvernement à envisager de rendre obligatoire le port du casque au moins pour les trottinettes électriques, hoverboards et gyropodes.