Dès 2021, les lignes de bus de la grande couronne seront ouvertes à la concurrence. L'un des trois opérateurs majeurs du marché, Transdev, se prépare activement à la conquête de ces marchés. Nous avons posé trois questions à Brice Bohuon, Directeur général adjoint de Transdev France.
C'est une véritable révolution dans l'univers des transports publics : la fin des monopoles dans l'exploitation de toutes les lignes de bus et dans le domaine ferroviaire. En Île-de-France, le calendrier a été précisé par Ile-de-France Mobilités, le syndicat des transports de la région.
Dès 2021, ce sont les lignes du réseau Optile qui seront ouvertes à la concurrence. Ce réseau comprend plus de 1200 lignes en grande couronne. Ces lignes étaient gérées par différents opérateurs et les contrats, passés de gré à gré (Transdev en exploite plus de la moitié). Tout est désormais remis à plat.
Le ferroviaire est aussi concerné, les tramways en premier lieu avec deux lignes ouvertes à la concurrence fin 2023.
Trois questions à Brice Bohuon, Directeur général adjoint de Transdev France en charge de l'Île-de-France et du ferroviaire.
L'ouverture à la concurrence change-t-elle beaucoup de choses pour Transdev ?
L'ouverture à la concurrence est une remise en question intégrale. Les réseaux que l'on opère aujourd'hui, il n'est pas du tout écrit que l'on continue à les opérer demain. Il faut prouver à Île-de-France Mobilités que l'on est le meilleur opérateur qu'ils puissent choisir pour opérer les réseaux demain.
Sur les premiers lots, on l'a constaté, il y a une concurrence sérieuse. L'Île-de-France, quand on fait du transport public, est un territoire très particulier. Il y a une forte croissance démographique, une forte croissance des mobilités. On fait du transport urbain, dans les villes. Mais aussi interurbain, de pôle à pôle sur des nationales puisque l'on parle de la grande couronne. Et puis du transport scolaire. Travailler en Île-de-France c'est évidemment des contrats que tout le monde s'arrache. De ce point de vue-là, la concurrence est féroce. Cela a une vertu, cela nous force à nous dépasser mais je peux vous garantir que la concurrence est sévère.
Sur quels appels d'offres Transdev va candidater ?
On se sent pertinent et légitime sur la plupart voire l'intégralité des appels d'offres qu'Île-de-France Mobilités est en train de lancer ou a lancé. On a une approche assez pragmatique et on répondra lorsque l'on saura que l'on peut apporter une valeur ajoutée à Île-de-France Mobilités. Globalement, vu la place que l'on a aujourd'hui dans les réseaux de bus, on sait que l'on peut apporter des solutions innovantes et de la qualité de service sur l'intégralité des lots.
Le conseil d'administration d'IDF Mobilités a annoncé hier le T11 et le T4 comme premiers lots potentiels. Vu d'avion, cela correspond à une ouverture à la concurrence réfléchie. Ce sont des lignes avec un atelier qui est isolé et cela permettra au nouvel entrant d'avoir une approche intégrée de l'exploitation ferroviaire. C'est un élément clé pour nous. On ne peut pas faire la maintenance si ce n'est pas totalement lié avec l'exploitation.
Quand on parle des lignes de RER ou de Transilien, c'est du mass-transit poussé à l'extrême et donc il y a une expertise extrêmement forte à avoir. Chaque appel d'offres doit être examiné. Transdev peut avoir une proposition de valeur ajoutée.
La crise de la Covid-19 change-t-elle la donne pour les transports en commun ?
Il y a trois raisons pour lesquelles il y a une baisse de la fréquentation : la poursuite du télétravail, l'utilisation des modes doux (vélo, marche dans les centres-villes) et un regain en puissance de la voiture. On constate dans les enquêtes qu'il y a une inquiétude qui est en grande partie injustifiée. Quand on regarde les chiffres des autorités sanitaires, il y a moins de 1% des clusters qui sont reliés aux transports publics.
Lorsque l'on creuse, ce sont des comportements déviants du type pas de port de masque dans un bus non aéré. J'espère qu'avec le temps, les voyageurs vont se rendre compte que dans un véhicule de transport public quel qu'il soit, avec le masque et toutes les mesures que l'on met en place, il n'existe pas de risques. Tous nos véhicules sont désinfectés au moins une fois par jour avec des mécanismes virucides. Si l'on regarde avec un peu d'objectivité le mode de fonctionnement des transports publics, ce n'est pas là où l'on prend des risques.