Une grève nationale des professeurs à l'initiative du SNESS-FSU est d’ores et déjà prévue le mardi 10 novembre, et potentiellement reconduite la semaine suivante.
Vers la fin du 100% présentiel dans les lycées. On passe à 50%, le reste à distance. C’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer jeudi soir dans la perspective du renforcement du protocole sanitaire dans les lycées. L’idée est de freiner (une nouvelle fois) la propagation de l’épidémie de la covid-19, qui ne cesse de battre des records de contaminations.
Cette mesure devra prendre effet dès ce lundi, une semaine après une rentrée déjà marquée par des violences et des blocus de la part d’élèves dans certains établissements scolaires. Ces derniers dénonçant le manque de distanciation et l’impossibilité d’appliquer les gestes barrières.
Ce qui change
"Chaque élève sera présent en cours au moins la moitié du temps scolaire. Tous les élèves doivent travailler pendant la totalité du temps scolaire ordinaire, que ce soit en cours, en classes virtuelles ou en autonomie (…) Les modalités d’organisation sont laissées à l'appréciation des chefs d'établissement : l’accueil en demi-groupes ; l’accueil par niveau ; le travail à distance un ou deux jours par semaine", peut-on lire aujourd’hui sur le site du ministère."Ces mesures s’imposent à tous les niveaux mais sont plus difficiles à appliquer au lycée, où les déplacements des élèves sont plus nombreux et plus fréquents, et l’organisation de la restauration scolaire plus complexe. Du fait de l’âge des élèves, de la taille des établissements et de leur organisation, les risques sont potentiellement plus importants", explique le communiqué du ministère.
Le ministre a également averti que les épreuves d'évaluation communes du lycée sont annulées pour le Bac 2021. Elles sont remplacées par le contrôle continu. Concernant ce dernier détail, certains élèves n’ont pas pu s’empêcher de manifester une certaine joie sur les réseaux sociaux.
Blanquer :Les E3C et le bac de 2020-2021 sont annulé
— Locard (@EfflamLocard) November 5, 2020
Les 2003 et 2004: pic.twitter.com/p6GZdVOSbv
Le point de vue des professeurs
Du côté des professeurs de lycées, les annonces du ministre raisonnent comme un soulagement. "Nous sommes très satisfait. Le précédent protocole ne correspondait absolument pas à ce qu’on attendait. On demandait le dédoublement des classes, mais aussi la question de l’évaluation du bac, depuis le retour des vacances", explique de son côté Marc Tourret, professeur au lycée Lavoisier, dans le Ve arrondissement de Paris, et membre du syndicat enseignant SNES, également interrogé par France 3 Paris Île-de-France. "Ce qu’on veut, c’est garder les élèves et éviter le reconfinement (…) Ça va certes nous demander une charge de travail supplémentaire, mais on va s’adapter. On n’a pas le choix, on est dans une situation intenable", ajoute-t-il. "On a le sentiment que certaines luttes dans les établissements ont payé. On a constaté en Seine-Saint-Denis que le protocole sanitaire précédent ne pouvait pas se mettre en place. Un grand nombre d’établissements du département sont aujourd’hui soulagés", explique de son côté Blandine Paulet, co-secrétaire départementale du SNESS-FSU 93.Les annonces du ministre semblent également avoir rendu (presque) moins épineuse des moyens pour permettre l’étude à distance, particulièrement dans certains départements. "On constate que chez certaines familles, il y a du matériel, mais on l’utilise à plusieurs ce qui ne permet pas un apprentissage optimal. Parfois, le seul matériel informatique est un téléphone portable. Le fait de se voir une semaine sur deux va nous permettre de garder le lien avec eux et leur fournir des supports de toute sorte", confie Blandine Paulet.
Grève maintenue
L’une des grandes questions qui se pose maintenant : quid des collèges ? "Mille élèves sont présents dans notre collège. On est confronté à des brassages identiques à ceux que l’on trouve dans les lycées", ont expliqué des professeurs et membres du collège Jean Lurçat de Ris-Orangis (Essonne), actuellement en grève, contactés par France 3 Paris Île-de-France. "Ce qui fait qu’on écoute plus les lycées, c’est qu’il y a des blocages et des menaces de grèves, donc plus de communication", ajoutent-ils.Une grève nationale des professeurs menée par le SNESS-FSU est d’ores et déjà prévue le mardi 10 novembre, malgré les annonces de ministre. Ils réclament que les mêmes mesures soient appliquées dans les collèges ou encore l’emploi d’agent techniques (pour les questions sanitaires). La grève pourrait être renouvelée la semaine suivante, le 17 novembre.