Pour certains étudiants, c'est la première année où ils pourront rencontrer physiquement leurs professeurs. Qu'ils aient décroché ou réussi leur année précédente, le traumatisme de revivre les cours à distance est bien là.
"Lorsque j'ai eu mon premier cour, au bout de 2 heures d'amphi, je suis partie tellement j'étais angoissée et j'avais la peur de l'échec", raconte Laura, une étudiante en master de droit international à Paris-I. Comme des milliers d'étudiants, elle a retrouvé les chemins de la fac après pratiquement deux ans de cours à distance.
Un soulagement pour elle malgré ces angoisses qui réapparaissent. "L'année dernière a été assez compliquée. Mon premier semestre a été chaotique. J'ai arrêté la fac au second semestre parce que je me sentais incapable de continuer les cours en distanciel. J'ai eu des soucis de santé par rapport à cela", poursuit cette étudiante parisienne.
Les cours via zoom ont bien été maintenus, mais pas la motivation. Au second semestre, Laura a complètement décroché et a développé une dépression. Soutenue par sa famille, elle regrette le peu d'accompagnement de ses professeurs : "J'ai envoyé des justificatifs pour leur expliquer pourquoi je ne venais pas. Certains ne m'ont même pas répondus, seule une de mes chargées de TD l'a fait et m'a apporté du soutien".
Examens en présentiel annulés
Morgane, en master de littérature à Paris-IV, vit, elle, sa toute première année en présentiel car auparavant en Prépa. Bien consciente d'être "privilégiée" car elle a réussi à valider son année, elle se remémore des moments difficiles.
"La crise sanitaire m'a bien dépité parce qu'originaire d'un territoire hors de l'Union européenne, je m'attendais vraiment à être dans un certain contexte. On vient exprès à Paris pour avoir le plus haut niveau d'études, pour la culture. Mais finalement pourquoi ? Avec le coût des appartements à Paris, le coût de la vie, le mauvais temps continuel, cela implique beaucoup de sacrifices. Avec l'enseignement en distanciel, c'est vivre seulement les mauvais côtés", raconte-t-elle.
Cerise sur le gâteau, Morgane est obligée de revenir à Paris au début du mois de janvier pensant devoir passer des examens à l'université qui seront finalement annulés. Elle ne peut rentrer chez elle et est bloquée dans son petit appartement qu'elle partage en colocation.
"J'étais vraiment très mal au début du second semestre parce que j'étais revenue pour rien. J'avais une toute petite chambre et j'étais avec un couple qui s'engueulait tout le temps. Puis il y a eu une vague de froid avec un ressenti de -7. Nous avions des problèmes d'isolation, les fenêtres étaient en verre simple. Elles devaient être changées mais cela n'a jamais été fait", indique-t-elle.
"J'ai peur que tout s'arrête"
Entre deux baby-sitting pour se faire de l'argent, la jeune étudiante en littérature essaie de rattraper le temps perdu : "Je fais beaucoup d'activités, du sport, des activités culturelles, j'ai peur que tout s'arrête, cela peut arriver très vite".
De son côté, toujours sous traitement et accompagnée par son psychologue, Laura essaie d'affronter ses peurs et voit certaines choses positives dans cette crise. "J'ai commencé à m'engager dans l'association Co'p1 – Solidarités étudiantes (une association qui vient en aide aux étudiants, ndlr) pendant le deuxième confinement. Cela me permet de m'évader et de ne pas penser à cette crise", se réjouit-elle.
Une façon pour elle d'apporter une certitude dans un avenir qui ne l'est pas : "C'est vraiment angoissant de ne pas savoir ce qu'il va se passer. Je n'ai pas envie de m'investir dans quelque chose pour me reprendre un mur".