De nombreux humoristes belges tentent leur chance à Paris, avec une certaine réussite au rendez-vous. Moqués hier, ce sont eux aujourd'hui qui nous font rire comme l'illustre Alex Vizorek ou Charline Vanhoenacker. Mais quelles sont les raisons de ce succès ?
Ils sont belges et sont devenus incontournables en France. Surtout, les Belges sont partout. Et certains disent même qu'ils volent les blagues des humoristes Français. « "Rentrez chez vous !" C'est ça qu'on a envie de leur dire. Le "grand remplacement", ce sont les Belges. Le Front national dit : "Oh, il y a des Arabes partout". Non, ce sont les Belges le vrai danger" », plaisante Guillaume Meurice.
Comment expliquer cet engouement pour les Belges ? Souvent féroces, Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek taclent les politiques sans ménagement. Une impertinence facilitée par le fait qu'ils ne votent pas en France. Mais ce n'est pas la seule raison : "Un Belge, c'est un Français dont les Français sont persuadés qu'il est différent d'eux. Nous on pense que l'on est quand-même très très proche de vous", explique l'humoriste Alex Vizorek.
Et de poursuivre : "Pour vous on est considéré comme exotique. On doit l'être un tout petit peu. On a probablement plus d'autodérision, moins d'arrogance mais dû aussi à moins d'histoire. On n'a pas l'impression d'être un grand peuple. Et pour cause, on ne l'est pas. Et en même temps, c'est souvent le petit frère que l'on n'attend pas qui bouscule les codes."
Des humoristes en vogue
A la télévision, à la radio et sur scène, désormais tout le monde veut son humoriste belge. Une revanche pour Guillermo Guiz. Car longtemps les Belges ont été les boucs émissaires des Français avec leurs blagues.
"Des gens comme Benoît Poelvoorde, Philippe Geluck, François Damiens et les multiples acteurs ou actrices qui sont arrivées avant comme Marie Gillain ont fait beaucoup pour rendre notre dignité à notre valeureux pays qui a tant souffert", s'amuse l'humoriste.
"Summum de la consécration"
Dernière venue à Paris : Véronique Gallo. Elle est pourtant très connue en Belgique avec son personnage de mère débordée. Elle a déjà écrit 5 spectacles. Après avoir été repérée par Kev Adams, elle tente l'aventure en France au théâtre des Mathurins :
"Jouer à Paris, c'est le summum de la consécration, alors que jouer à Bruxelles, c'est très bien, mais voilà. Comme je dis à la fin de mon spectacle. Venir de Belgique jusqu'à Paris, c'est un peu comme être une Lituanienne qui veut devenir présidente des États-Unis. Le chemin est très long, mais une fois qu'on y est, on a une espèce de vrai plaisir."
Au-delà du prestige, jouer en France permet aussi d'accéder à un autre public selon Alex Vizorek. "Si vous passez sur un média belge, potentiellement, vous êtes vus par 5,5 millions de Belges francophones. Si vous passez sur un média français, vous êtes vus par potentiellement 66 millions de Français, plus les 5,5 millions de Belges, les Suisses et peut-être les Québécois. C'est pour cela que Paris est le centre de la francophonie."
Reste une certitude. Le rire ne connaît pas de frontière.