TEMOIGNAGE. Don de sang : "Les gens qui donnent leur sang sont des héros. Ils sauvent des vies dont la mienne "

Près d'un million de personnes bénéficient de transfusions sanguines en France chaque année. A la veille de la Journée mondiale des donneurs de sang, rencontre avec un patient atteint d'une leucémie. Pour lui, les dons sont devenus une question de vie ou de mort.

Le quotidien de Tony Augustin, 49 ans, a basculé en septembre 2021 lorsqu’il découvre qu’il est atteint d’une aplasie médullaire. Il s’agit d’une maladie rare des cellules sanguines caractérisée par la destruction des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes dans la moelle osseuse. "Dès que je me cognais, sans même m’en rendre compte, j’avais comme des gros bleus, des hématomes qui apparaissaient sur ma peau. Après avoir fait des analyses, l’hôpital m’a demandé de venir immédiatement aux urgences. J’étais en danger de mort avec le risque de faire une hémorragie."  

C’est le début pour Tony d’un long parcours de soins : une année d’examens pour rechercher les causes de la maladie, une leucémie aigüe. Le début des hospitalisations à répétition à la Pitié-Salpetrière, des chimiothérapies, de la réanimation, de la chambre stérile et des perfusions sanguines devenues indispensables à sa survie. Tony bénéficie désormais d’un don de plaquettes deux fois par semaine et d’un don de globule rouge tous les dix jours. "Depuis deux ans, ma vie est tenue à bout de bras grâce à cela. C’est devenu vital. Sans don, je peux mourir."

Pendant les ponts du mois de mai, ça a été plus compliqué. Il y avait très peu de donneurs et j’attendais des plaquettes qui ne venaient pas.

Tony Augustin

Alors qu’une personne en bonne santé possède environ 150 000 plaquettes /mm3, Tony peut descendre en dessous des 5000 plaquettes en l’espace de quelques jours. D’où la nécessité de ces transfusions qui, lorsqu'elles se font attendre, deviennent une source d’angoisse. "Le donneur doit être O+ et HLA (NDLR : Human Leucocyte Antigen) compatible. Il faut parfois deux à trois jours pour trouver ce type de sang. Pendant les ponts du mois de mai, ça a été plus compliqué. Il y avait très peu de donneurs et j’attendais des plaquettes qui ne venaient pas."  

Des listes d’attente des patients en fonction des priorités

En 2022, face à des niveaux de réserves historiquement bas, l’Etablissement français du sang avait dû procéder à deux "appels d’urgence vitale". Cette année, même si la situation est "correcte" selon le directeur de l’EFS, l’agence se prépare à des tensions dans les hôpitaux cet été. Près de 90 000 poches de sang sont en réserve, il en faudrait 10 000 à 20 000 de plus d'ici le 14 juillet pour renouveler les stocks. D'où la mise en place d'une grande campagne de collectes dans des lieux emblématiques comme au musée d'Orsay ou au Panthéon tout au long du mois de juin. 

"Quand on a plusieurs patients à transfuser et qu’on nous répond qu’il n’y a plus de plaquettes, c’est très stressant, reconnaît le Docteur Aude Quentin-Gondard, chef du service d’hématologie à l’hôpital Jean Jaurès à Paris, un établissement à but non lucratif appartenant au groupe associatif SOS Santé. Nous sommes obligés de faire des listes d’attente des patients en priorisant les besoins. Cela arrive au moins trois fois par an : autour du 14 juillet, du 15 août et du 25 décembre." 

Lorsque ça coince, les donneurs compatibles peuvent être appelés directement sur leurs téléphones portables. Tony, lui, a pu bénéficier il y a quelques mois d'un don de l'étranger quand il a eu besoin d’une greffe de moelle osseuse. "C’était magique." Le "sauveur" de Tony est originaire d’Allemagne où ils sont trois millions de donneurs contre 150 000 en France. Une question d’éducation selon le Docteur Aude Quentin-Gondard. "En Allemagne, la population est sensibilisée dès l’école. En France, il y a encore beaucoup de craintes et de préjugés sur les dons dont celui de moelle osseuse. Les potentiels donneurs pensent que ça va être douloureux, ce qui n’est pas le cas. De plus en plus, il s’agit d’une prise de sang où l’on va chercher les cellules souches." 

Pour Tony, qui restera à l'hôpital pendant encore plusieurs mois, chaque geste compte. 

Les gens qui donnent leur sang ne s’en rendent peut-être pas compte, mais ce sont des héros. S'ils savaient tout le bien-être et le bonheur qu'ils donnent. Ils sauvent des vies dont la mienne.

Tony Augustin

Pour devenir donneur, il suffit d’avoir entre 18 et 70 ans, se sentir en bonne santé et peser plus de 50 kilos. Tous les points de collecte sont à consulter sur le site de l'Établissement français du sang. 

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