Cette semaine, "Rue des Archives" nous emmène sur les traces de l'agriculture en région parisienne : fermes, cultures maraîchères ou grandes cultures... La population agricole a fondu en Île-de-France, repoussée par l'étalement urbain.
Aller chercher son lait à la ferme, au cœur de la proche banlieue parisienne. Dans les années 70, c'était une scène du quotidien à Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine. "Les gens recherchent les produits frais, les produits naturels", raconte l'agriculteur au micro de FR3. Une activité agricole qui dénote certes au milieu des habitations.
"On a le même voisinage depuis fort longtemps (...) Les gens se sont habitués", poursuit l'éleveur. "S'il y avait de nouveaux voisins, ce serait peut-être plus gênant, car ils ne seraient pas habitués aux odeurs de la ferme."
Les chiffres sont implacables. En 50 ans, la population agricole a fondu en Île-de-France. La région parisienne comptait 23 600 agriculteurs en 1968, contre 5 700 en 2017, selon l’Insee. Des exploitants installés pour l’essentiel en Seine-et-Marne et dans l’Essonne, et dont il ne reste que des vestiges à Paris intra muros.
"La station de métro Maraîchers, dans le XXe arrondissement", en est un exemple, explique Nolwenn Gauthier, docteure en études urbaines de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Si les produits locaux sont en bonne place, voire mis à l'honneur, sur les marchés parisiens, la production agricole est une histoire ancienne dans la capitale.
L'exode des agriculteurs face à l'étalement urbain
"Aujourd'hui, ce petit clocher peut regarder au loin les HLM." En 1982, FR3 consacre un reportage au village de Périgny, une commune du Val-de-Marne qui fait de la résistance. "Si Périgny avait cédé, les agriculteurs auraient abandonné leurs cultures maraîchères pour vendre leurs terrains à des promoteurs à des prix alléchants."
Ne nous y trompons pas. Il s'agit là d'un contre-exemple de ce qui s'est passé par ailleurs en Île-de-France. "A la fin des années 60, il y a une grande transformation de la région capitale avec la création des départements de la petite couronne, l'aménagement des villes nouvelles : Cergy-Pontoise, Melun-Sénart, Evry", poursuit Nolwenn Gauthier. Avec comme conséquence l'exode des agriculteurs, toujours plus loin de la capitale.
Une ferme sous la ville
L'agriculture n'a toutefois pas définitivement quitté Paris. "Un hectare d'exploitation intra muros." C'est la surface dédiée à l'activité agricole encore aujourd'hui dans la capitale, rapporte Nolwenn Gauthier.
"Se redéveloppe une agriculture périurbaine, notamment en petite couronne, avec le maraîchage, de petits élevages et l'arboriculture."
Nolwenn Gauthier, docteure en études urbaines (EHESS)"Rue des Archives" - 17 février 2023
La Caverne est un exemple de ferme urbaine. Située dans un parking désaffecté, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, on y cultive depuis 2017 des champignons et des endives, commercialisés en circuit court. Mais là n'est plus l'essentiel de l'agriculture francilienne, repoussée aux portes de Paris.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #19 consacré à l'agriculture en Île-de-France