Quatre français sur dix prendront une voiture pour leurs vacances cet été. Pour la plupart des vacanciers, l’automobile est notamment vue comme garante de la distanciation sociale.
Traverser la France pour aller de Paris jusqu’à Montpellier, pas de quoi leur faire peur. Six amis résidant dans la capitale ont décidé de prendre un véhicule pour s’offrir une semaine de vacances dans le sud entre le 15 et le 22 août prochain. Six Parisiens qui ont fait le même choix qu’une grande partie de la population. Quatre Français sur dix partiront en voiture cet été.
"On a choisi d’aller à Montpellier en voiture, parce que ça aurait été trop cher en train, même en Ouigo", explique Raphaël, un des membres de l’équipage. Un trajet Paris – Montpellier coûte ainsi 103 euros de péages et d’essence, pour sept heures de route au total. En prenant le train, les six amis auraient payé 114 euros par personne pour quatre heures vingt de voyage. Mais l’argument pécuniaire n’est pas le seul à avoir convaincu la bande de camarades : "C’est plus convivial la voiture. Tu es plus dans l’ambiance. Tu es avec les amis avec qui tu vas passer tes vacances. C’est plus sympa. Il y a moyen de se marrer".
Eviter les interactions avec les autres
La voiture prend ainsi de vitesse le train et l’avion. Au total, 57% des Français comptent partir en vacances cette année. La voiture arrive alors en tête des modes de transport que les voyageurs envisagent d’utiliser. 39% de la population pense la privilégier, contre 8% pour le train, 8% pour l’avion et 1% pour le car selon une étude YouGov pour eBay, produite le 2 et 3 juin dernier. Pour 16% des Français, choisir la voiture pour partir en vacances constituera alors une nouveautéC’est le cas notamment de Raphaël, plutôt habitué à se déplacer en avion. Mais pour aller à Montpellier, lui et ses amis ont décidé de se confiner dans une automobile : "Il y a moins de risques à être six dans une voiture, que 50 dans un train, si les six font attention. Les inconnus dans le train, on ne sait pas s’ils ont fait attention ou pas, s’ils respectent les gestes barrières". Cet été, beaucoup de Français ont donc décidé de partir avec leur propre voiture pour éviter les risques de contamination.
Un moyen de découvrir le pays
En se rendant à Montpellier, Raphaël et ses amis font le même choix que 73% des Français, partir en France. Rares sont les vacanciers qui envisagent de s’aventurer en Europe (16%), en Outre-Mer (6%) et hors de l’Europe (5%). Et parmi les régions privilégiées, la Nouvelle Aquitaine, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte-D’azur arrivent en tête. "On a choisi Montpellier pour la plage et le soleil ! C’est une ville super sympa. Et puis c’est aussi par rapport aux offres de logement. Le meilleur qualité-prix, c’était Montpellier", détaille le Francilien de 25 ans.Beaucoup de Français veulent profiter du contexte actuel pour découvrir l’Hexagone et ses régions. Jean-Baptiste et sa famille sont allés dans le sud de la Bretagne pour la première fois. Ils ont également opté pour l'automobile. "On avait réfléchi à y aller en avion et à louer une voiture sur place. Mais on a pris notre voiture car c’est quand même plus simple. On est plus libres. On peut aller où on veut, quand on veut"."On a pris notre voiture car c’est quand même plus simple. On est plus libres. On peut aller où on veut, quand on veut"
Une liberté qui a permis au jeune homme de 23 ans et à ses parents de découvrir Quimper, Lorient, Vannes ou encore Pont-Aven : "On s’était dit qu’on partirait en France voir des villes que l’on ne connaissait pas. Le Covid ça a un peu joué". Les Français prônent les départs en voiture cette année pour la liberté de mouvement, mais aussi les garanties qu’elle offre. "On savait que si on pouvait partir, on pouvait revenir. C’était un peu plus sûr", se rappelle Jean-Baptiste.
Partir en France est également le choix de la prudence pour l’ensemble des vacanciers. "On reste en France plus pour des moyens d’organisation. A l’étranger, on ne sait pas trop les restrictions. En France, c’est plus simple", ajoute Raphaël qui songeait à partir en Espagne au mois d’août.
Pas d’effet sur les locations de voiture
Mais si la voiture est le mode de transport des Français en vacances cet été, les entreprises de location de véhicule ne voient pas leurs chiffres grimper. Le marché est ainsi en baisse de 59% par rapport aux résultats de l’année 2019 à la même période. "On n’a pas de surcroît de clients français. On s’était dit que ce serait le cas dans la mesure où les gens partent en France, mais ça ne l'est pas forcément", confie Catherine Bourbigau, directrice de la communication pour Rent-a-Car.L’entreprise constate même une instabilité plus grande de la part de ses clients : "Les gens n’anticipent pas. On a des locations de dernière minute, beaucoup sur internet. Les gens préparent leur départ au dernier moment. Et on a deux fois plus d’annulations que d’habitude. Les gens voient que leur destination est un cluster, où viennent d’être contaminés, donc ils annulent au dernier moment". Mais la société, habituée à s’adresser à une majorité de clients français pour des trajets de proximité, souffre moins que ses concurrents. Ces dernier subissent notamment l’absence de touristes étrangers cet été. "On est moins impacté. On est stable car nos clients français continuent de louer. Mais on n’a pas de hausse", rappelle la directrice de la communication.
Si dans l'ensemble de la France et en Île-de-France, le marché reste timide, à Paris, les chiffres des locations de voiture repartent à la hausse. En cause, le fait que les Parisiens possèdent moins de voitures que le reste de la France. Ainsi, 86% des foyers français ont un véhicule, contre 34% des Parisiens.