Il escalade la tour Montparnasse à mains nues : "La concentration prime sur tout le reste"

Alexis Landot, un Parisien de 21 ans, raconte sa récente ascension au sommet de la tour Montparnasse. Réalisée sans aucune protection, la performance aurait été impossible sans une longue préparation, ainsi qu’une bonne dose de sang-froid.

210 mètres d’ascension, sans corde. Alexis Landot a réalisé dimanche 28 mars un exploit hors-norme : grimper tout en haut de la tour Montparnasse à mains nues, et ce en 49 minutes. Une performance qui impliquait plusieurs difficultés importantes.

"Il y avait plusieurs paramètres à prendre en compte, explique le jeune homme. Il y a d’abord la chaleur de la structure avec le soleil, ça me brûlait les doigts. Il y a aussi la hauteur de l’immeuble. Et la tour Montparnasse comporte deux sections plus compliquées où il est impossible de se reposer : les deux bandes noires, quand on arrive au premier et au troisième quarts du bâtiment. Il faut tout faire d’une traite. Et même sur le reste de l’ascension, les pauses sont globalement très actives. On peut juste lâcher une main ou l’autre, et les pieds sont calés sur des réglettes métalliques de 2 cm entre les étages."

Après un effort considérable, juste avant de se hisser au dernier étage, Alexis Landot souligne que "la concentration prime sur tout le reste". "J’ai ressenti un petit coup de boost sur la fin, et en même temps on se dit que ce n’est pas tous les jours, et qu’il faut en profiter", note-t-il tout de même.

"Les policiers et les pompiers m’ont raccompagné en bas de la tour, en prenant l’ascenseur"

Une fois au sommet, le grimpeur raconte avoir été "très agréablement surpris par l’accueil" réservé par les forces de l’ordre : "J’ai l’habitude d’être menotté et directement accompagné au poste, ce qui est normal en même temps, c’est la procédure. Là, c’était très bienveillant, ils m’ont laissé souffler et m’ont même offert un verre de sirop de citron, parce que j’avais soif. Puis les policiers et les pompiers m’ont raccompagné en bas de la tour, en prenant l’ascenseur."

Le jeune homme, qui sera d’ailleurs auditionné fin avril pour mise en danger de la vie d'autrui, se souvient également d’un échange avec un pompier en pleine montée : "Il m’a demandé si j’étais en forme et si j’avais besoin de quelque chose, je lui ai répondu que tout allait bien. Les pompiers de Paris m’ont suivi tout au long de l’ascension, ce n’était pas nécessaire pour moi mais c’était super sympa, ils ont fait un travail remarquable."

Le public présent en bas de la tour, intrigué par la performance, a même applaudi. "J’ai l’impression que les retours sont en général positifs, estime Alexis Landot. Les gens sont plutôt admiratifs, j’imagine qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir ce genre de sport extrême devant leurs yeux, en pleine ville. Ça choque en majorité dans le bon sens, mais ça peut aussi choquer dans le mauvais sens. Il m’est parfois arrivé au cours d’ascensions de recevoir des insultes. On m’a déjà dit "j’espère que tu vas tomber" ou "j’espère que tu vas mourir". Je pense que certaines personnes ont peur par procuration et peuvent s’énerver, mais c’est une minorité."

Ça fait surtout 13-14 ans que je fais de l’escalade, la préparation générale pour tout type d’ascension urbaine ou naturelle vient avant tout de là

Alexis Landot

Le Parisien, qui n’incite d’ailleurs pas à reproduire sa prouesse, insiste sur sa longue préparation, à raison de plusieurs heures d’entraînement par jour pendant plusieurs mois : "Ça fait surtout 13-14 ans que je fais de l’escalade, la préparation générale pour tout type d’ascension urbaine ou naturelle vient avant tout de là. Pour la tour Montparnasse, c’était un peu particulier, je ne devais pas trop forcer sur mes articulations en m’entraînant, pour éviter des blessures aux doigts. C’est intense et répétitif, les jours de repos étaient importants."

Le grimpeur ne fait d’ailleurs aucune différence entre l’aspect physique et mental : "C’est un tout, selon moi c’est impossible de dissocier les deux. Le mental, c’est notamment connaître son corps, pour savoir si on est à l’aise ou pas."

Une génération de grimpeurs entre escalade urbaine et parkour

Ce n’est pas le premier gratte-ciel escaladé par Alexis Landot, qui a déjà gravi la tour Engie en décembre 2020 et la tour Ariane en janvier dernier, du côté de la Défense. Le jeune homme étudie d’ailleurs dans le quartier, à l’Institut de l'Internet et du Multimédia, en deuxième année de création et design. "J’ai également escaladé des tours moins grandes, mais avec des ascensions tout aussi dures voire plus physiques, comme la Sorbonne Nouvelle il y a un an", ajoute-t-il.

Pour réaliser ces projets fous, Alexis Landot explique s’inspirer tout autant d’Alain Robert – le "Spiderman français" – que du parkour : "Alain Robert reste le roi de l’escalade urbaine, il est indétrônable, c’est une énorme source d’inspiration depuis que je suis gamin. Mais toute une génération dont je fais partie puise aujourd’hui également dans le parkour, avec une passion pour l’environnement urbain. C’est une hybridation, on croise les deux pratiques."

Une prochaine ascension à Barcelone ?

Pour ce qui est de la tour Montparnasse, l’exploit du Parisien a été filmé grâce à une caméra frontale ainsi qu’un drone. La vidéo a été mise en ligne en intégralité sur Youtube, mais des extraits ont aussi été relayés via Instagram, avec notamment un morceau du producteur d’électro français Carpenter Brut en guise de bande-son. "Ça fait partie de mes artistes préférés avec le groupe de hardcore Rise of the Northstar, glisse le grimpeur. J’écoute tout le temps du Carpenter Brut juste avant l’ascension, ça me met dans l’ambiance, dans le mood."

Il note l’importance selon lui des images : "Il n’y a pas de compétitions pour l’escalade urbaine, donc avoir une place sur les réseaux sociaux permet de gagner une audience. Ça ne permet peut être pas d’en vivre, mais ça peut rendre la pratique plus professionnelle."

Prochaine étape ? "Je ne peux pas prendre de décision avant mon audition, répond Alexis Landot. Mais le prochain terrain de jeu idéal serait Barcelone en Espagne. Ceci dit je ne peux pas dire que j’en ai terminé avec la Défense."

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