Incendie rue Erlanger : la suspecte pourrait-elle être déclarée pénalement irresponsable ?

Dans l'incendie de la rue Erlanger qui a fait dix morts et 37 blessés, la piste criminelle ne fait guère de doute. Une habitante du 2ème étage de l'immeuble a très vite été interpellée. Une femme de 40 ans connue pour des antécédents psychiatriques.

Une femme a été interpellée peu de temps apres le départ de l’incendie, en état d’ébriété alors qu’elle tentait de mettre le feu à une poubelle. Essia B, 40 ans, est la principale suspecte dans l'incendie mortel qui a fait 10 morts et 37 blessés.

Placée dans un premier temps en garde à vue, cette habitante de l'immeuble a finalement été admise, "à l'issue d'un examen médical et d'un examen du comportement", à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (IPPP) mardi en fin d'après-midi. Son état n'étant pas compatible avec un interrogatoire.

Selon le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, elle a tenu des propos confus après avoir été placé en cellule de dégrisement, et a nié avoir commis les faits.

Une enquête a été ouverte pour "destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort".
 

13 séjours en hôpital psychiatriques

Cette femme avait déjà fait 13 séjours en hopital psychiatrique, de 2009 à 2019. L’équivalent de 5 ans. Des placements qui à chaque fois avaient été demandés par sa famille suite à des crises. Elle était sortie de l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne le mercredi 30 janvier.

Connue des services de police, elle n'a jamais été condamnée. Elle avait notamment fait l’objet de trois plaintes en 2016 et 2017.

Mais ces procédures n’ont pas été menées à leur terme en raison de l’état mental de la suspecte jugé irresponsable par des psychiatres. La troisième concernait des faits de violence mais l’infraction n’a pu être caractérisée.

Essia B. avait également des problèmes d'alcoolisme comme le raconte cette voisine rencontrée ce mercredi matin. 
©France 3 Paris - Île-de-France
 

"Toi qui aime les flammes"

Selon le récit du procureur, à 0h10, un habitant résident au 2e étage de l'immeuble, pompier de profession, a contacté la police. La suspecte lui aurait jeté une bouteille alors qu'il lui demandait de respecter le voisinage.

Les fonctionnaires se rendent sur place, constatent les faits et les propos décousus livrés par la femme. Ils partent alors que la situation semble être revenue dans le calme.

Mais le pompier, qui avait quitté l'immeuble pour désamorcer le conflit, la croise en rentrant. Selon son témoignage, elle lui aurait dit : "Regarde-moi dans les yeux. Toi qui aime les flammes, ça va te faire tout drôle quand tout va exploser !". Il réappelle alors la police, à 0h42.

Entre-temps, une autre voisine a appelé les pompiers, qui interviendront 8 minutes après l'appel, à 0h44.

La BAC du 16e arrondissement surprend une femme, qui sera identifiée comme Essia B., en train d'incendier une poubelle et l'interpellent à 0h45. Un lien très vite fait entre les événements.
 

Un nouvel examen psychiatrique ce mercredi

La garde à vue de la suspecte a donc été suspendue hier apres midi apres un examen médical et de comportement. Elle a été admise à l’infirmerie psychiatrique de la prefecture de police (I3P), qui est située à côté de l’hopital Sainte-Anne.

"Si son état de santé n'évolue pas, elle pourra faire l'objet d'une mesure d'hospitalisation d'office, a précisé le procureur. Il reviendra ensuite à des experts psychiatres d'indiquer si son discernement était altéré ou aboli au moment des faits". Si la garde à vue ne peut reprendre pour des raisons médicales, un magistrat demandera une expertise judiciaire afin de déterminer sa responsabilité pénale.

Et si medecins concluent à l’abolition de son discernement au moment des faits, cela signifiera qu’elle sera internée pour une durée inconnue mais surtout qu’il n’y aura pas de procès.


Retour sur l'incendie rue Erlanger, Paris 16e.
C'est l'incendie le plus meurtrier depuis 14 ans dans la région. 10 personnes ont perdu la vie rue Erlanger (Paris 16e) selon un bilan encore provisoire. Alors que les recherches sont toujours en cours sur place, l'émotion est considérable. ©France 3 Paris - Île-de-France
 
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