Ce dispositif qui ressemble à un casque de réalité virtuelle équipé de jumelles permet aux spectateurs malvoyants de vivre les épreuves sportives au plus près depuis leur place dans un stade.
Depuis le début des Paralympiques, Sophie Da Silva Rosa profite. Pour la première fois de sa vie, cette passionnée de sport originaire d'Alfortville dans le Val-de-Marne peut voir la moindre action sportive assise à sa place au Stade de France ou à l'Arena Porte de la Chappelle. "Je porte un casque Basse Vision qui propose un système de jumelles. Celui-ci me permet de voir toute l'action grâce à une télécommande alors que d'habitude je ne vois pas au-delà d'un mètre."
Comme une centaine d'autres spectateurs, elle a bénéficié de cette technologie lors des sessions des JO et des Paralympiques auxquelles elle assiste. "D'habitude, lorsque je vais au stade, je dépends de mes proches qui me décrivent ce qui se passe. Maintenant, je suis plus autonome et j'ai pris des billets pour beaucoup plus de sessions que ce que j'avais prévu initialement", témoigne Sophie.
Un casque avec deux options
Ce casque ressemble à s'y méprendre à ceux utilisés pour la réalité virtuelle. Cependant, pas besoin ici de bouger pour voir l'environnement évoluer. "Il s'utilise comme des jumelles améliorées car on peut zoomer sur l'aire de jeu", indique Ludovic Petitdemange, qui a également testé cet outil d'aide à la vision.
Autre possibilité pour les utilisateurs : avoir accès à la retransmission de l'épreuve qui est diffusée sur écran géant dans le stade. "Parfois le zoom sur les jumelles est trop fort pour bien voir donc il vaut mieux passer en vision télévision pour avoir une vue d'ensemble", commente ce responsable associatif qui souffre d'une déficience de la vue centrale. Pour lui aussi l'utilisation du casque a amélioré son expérience au Stade de France.
"J'y suis allé avec mon fils qui devait me guider pour me dire de quel côté regarder, et ensuite j'ai pu voir les mêmes choses que lui, moins bien certes mais je suivais les épreuves de la même façon. Les émotions sont plus intenses", se réjouit-il. Celui-ci a également pu suivre des matchs de basket fauteuil grâce au casque.
"Je voyais les paniers et toute l'action, j'avais encore du mal à distinguer les joueurs car ma vision se limite seulement à quelques couleurs mais cela changeait des matchs auparavant où je ne voyais que des points se déplacer sans comprendre le déroulé du match", confie-t-il.
Un dispositif "qui reste perfectible"
Ce dispositif a été imaginé par Elodie Draperi. Cette entrepreneuse est partie d'un constat simple : "J'ai remarqué qu'il n'existait pas de dispositifs pour les malvoyants qui permettent de mieux voir le sport au stade, j'ai voulu changer cela", commente-t-elle. "Pour les Jeux, nous avons sollicité des volontaires qui avaient des billets et qui voulaient le tester." Comme Sophie Da Silva Rosa.
De son côté, Ludovic a découvert le dispositif pendant les Paralympiques. "C'est encore perfectible car on passe beaucoup de temps à régler les jumelles pour fixer le point que l'on souhaite. Le zoom est parfois trop fort, on peut voir des personnes qui sont à l'autre bout du stade. Aussi, ce n'est pas un dispositif miracle, c'est fait pour les malvoyants car cela corrige certains défauts de vue mais cela reste inaccessible aux non-voyants. On pourrait imaginer plein d'améliorations encore", note ce chercheur dans le domaine de l'intelligence artificielle.
Pour l'heure, ce casque n'est pas commercialisé pour le grand public. "On a des contrats avec des équipes ou des enceintes sportives qui souhaitent le proposer aux spectateurs", explique Elodie Drapei. Prochainement, ce casque devrait être proposé pour tous les événements sportifs à l'Arena Bercy et à celle de porte de la Chappelle.