Alors que l'équipe de France de cécifoot a brillé lors des Jeux paralympiques 2024, l'Unadev de Bordeaux, équipe du capitaine des Bleus, Frédéric Villeroux, n'a toujours pas de terrain pour s'entraîner toute l'année et recevoir du public lors du championnat.
S'il y a bien une chose que Frédéric Villeroux a retenue des Jeux paralympiques de Paris 2024, c'est que le cécifoot - l'adaptation du football pour les déficients visuels - créé l'engouement, rassemble et surtout, remplit des stades.
Pendant la compétition, le joueur de l'équipe de France, a vibré avec son public, lui offrant une médaille d'or et suscitant des vocations pour les futures générations. Mais le reste de l'année, lorsque le "Messi du cécifoot" revient dans son club de cœur, l'Unadev à Bordeaux, il se retrouve immédiatement rattrapé par les retards de la discipline.
Son équipe, sous la houlette de l'entraîneur des Bleus, Yannick Le Colvez, ne dispose toujours d'aucun terrain spécialement dédié pour leur championnat à Bordeaux. Ils se retrouvent dans l'obligation de jongler entre différentes structures, pas toujours adaptées à leur handicap.
Se familiariser sans cesse
Pour se préparer aux Jeux paralympiques, Frédéric Villeroux et ses coéquipiers ont dû alterner entre plusieurs terrains sur le territoire girondin, prêtés par différentes structures. Le Creps de Bordeaux, l'Urban Soccer à Mérignac, et le District à Cenon. Trois lieux d'entraînement, éloignés les uns des autres, et surtout des domiciles des joueurs. "On doit tous faire entre une heure et 1h30 de tram, ça nous oblige à être motivé", lance le capitaine des Bleus, légèrement ironique. "Il y a très peu de clubs handisports, ils sont souvent loin de notre domicile".
On fait avec, et c'est souvent comme ça dans notre vie en général.
Frédéric Villeroux,Médaillé olympique de Cécifoot et licencié à l'Unadev Bordeaux
Par leur déficience visuelle, les pratiquants de la discipline doivent aussi sans cesse s'adapter à de nouveaux lieux d'entraînements, avec lesquels ils peinent à se familiariser. "On doit se faire de nouveaux repères à chaque fois. Quand tu veux aller boire par exemple, pour remplir ta gourde, tu dois te faire guider. Alors que quand t'es toujours sur le même terrain, on pourrait croire que ce sont des personnes voyantes qui se déplacent."
"Bordeaux, la locomotive du cécifoot"
Au sein de l'équipe de France, les deux joueurs de l'Unadev Bordeaux, Frédéric Villeroux et son coéquipier Mickaël Miguez, sont quasiment les seuls à s'entraîner dans ces conditions. "En général dans le nord de la France, il y a des terrains et certains clubs se sont servis des Jeux pour se faire aider financièrement et créer de nouveaux terrains", explique Frédéric Villeroux. Mais la ville de Mérignac, n'ayant pas répondu à un appel à projet, a loupé le coche d'une participation financière du Comité d'organisation des jeux pour la création de terrains ou l'aménagement de ceux déjà existants. "C'est dommage parce qu'on aurait pu accueillir des rencontres et l'argent aurait tout de suite été rentabilisé quand on voit le monde que ça a ramené", déplore le capitaine.
Avec Bordeaux, on est 17 fois champions de France et pourtant on est le club avec le moins d'argent. Comment une équipe en élite ne peut pas avoir de terrain ?
Frédéric Villerouxcapitaine de l'équipe de France et joueur de l'Unadev Bordeaux
Les terrains de cécifoot, généralement synthétiques, disposent en effet de critères particuliers. Plus réduits que des terrains de football classiques, ils font la dimension des terrains de handball. Les cages sont similaires à celles du hockey sur gazon. Enfin, tout autour, sont disposées des barrières pour protéger les joueurs et les aider à se repérer.
Un projet de terrain courant 2025
La situation de l'Unadev pourrait toutefois s'améliorer avec le projet, courant 2025 d'un terrain situé au stade du Jard, à Mérignac, et utilisé par le Sport athlétique mérignacais (SAM), club dans lequel Frédéric Villeroux est éducateur sportif. "Il devrait s'agir d'un terrain multisports mais pour l'instant, on ne sait pas si l'Unadev pourra en profiter", indique le professionnel.
D'autant plus, que, sans terrain, l'Unadev se trouve également contraint de déplacer ses rencontres. En février prochain, le club doit organiser une phase de championnat et espère pouvoir recevoir des supporters pour "retrouver une proximité avec le public". "Les autres années, on ne pouvait pas le faire sur Bordeaux et là, on aimerait remercier tout le public bordelais qui nous a soutenus devant leur télé lors des Jeux", insiste Frédéric Villeroux qui, en l'attente du futur terrain, envisagerait le Palais des Sports de Bordeaux, inutilisé par l'équipe de volleyeuses des Burdies ce week-end-là.
Le championnat qui reprendra le 14 décembre prochain devrait débuter dans les mêmes conditions que l'année passée. "Pour l'instant, on continue de jongler", sourit Frédéric Villeroux, tout en espérant continuer de briller.