Altesse de la Serre, jument tuée par un chasseur sur un terrain privé : trois points pour comprendre l'affaire

L'histoire d'Altesse de la Serre, jument de compétition tuée par un chasseur sur un terrain privé de la Nièvre, a beaucoup ému sur les réseaux sociaux. L'enquête se poursuit et devrait donner des nouvelles d'ici quelques jours. Voici l'affaire résumée en trois points.

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L'affaire avait déchaîné les réseaux sociaux. Altesse de la Serre, une jument de compétition était tuée par un chasseur, le 6 novembre, alors qu'elle paissait dans un terrain privé à Isenay (Nièvre).

Ce mercredi 20 novembre, le parquet de Nevers a confirmé que l'enquête se poursuivait, sans communiquer de nouveaux éléments. Il faudra sans doute attendre plusieurs jours avant d'avoir d'éventuelles informations sur les avancées des investigations. En attendant, France 3 Bourgogne propose de vous (re)plonger dans l'affaire et vous la résume en trois points.

Les faits

Tout se passe à Isenay, une commune d'une centaine d'habitants à proximité de Cercy-la-Tour. Ou plus précisément, c'est dans le pré, loué par Diane de Charmasse pour y élever des chevaux, que le drame s'est produit. Depuis deux ans, ces prairies étaient devenues le lieu de "vacances" d'Altesse de la Serre, une jument blanche, habituée des compétitions de saut d'obstacles de niveau national.

De l'autre côté de la voie ferrée qui borde les lieux, une société de chasse y a établi son territoire. Si les deux univers s'étaient déjà croisés à plusieurs reprises, ils se sont finalement entrechoqués le 6 novembre.

Le mercredi, peu après 14h30, plusieurs chasseurs sonnent chez Diane de Charmasse. L'éleveuse apprend que l'un de ses chevaux a été touché par un tir. Après avoir accouru sur le lieu de l'incident, elle y découvre la jument, inerte. La balle s'est logée juste à côté du cœur, il n'y a plus rien à faire.

L'auteur du tir, selon les dires de la Nivernaise, tente alors de calmer le jeu. "Ils ont commencé par me dire qu’ils étaient hors de mon pré", confiait-elle dans un précédent article. Mais la conseillère en ergonomie équestre n'a aucun doute : "elle a été tuée à un endroit où ils étaient forcément dans le pré, parce que chez nous ça ne tire pas en cloche".

Le chasseur aurait alors dédramatisé : "(Il) m’a expliqué qu’il ne fallait pas en faire trop d’histoires, que de toute façon il était assuré. Il m’a expliqué qu’il avait vu le troupeau de chevaux paniqué, mais qu’il avait tiré quand même." Pour Diane de Charmasse, le doute est permis. De là à envisager un tir intentionnel ? "Il a abattu la jument à 70 mètres en terrain dégagé. Il y avait un peu de relief, donc elle était au-dessus de lui, il n’y a pas de tir fléchant, rien du tout. Cela ne peut pas être un accident."

Après avoir contacté la gendarmerie, l'autopsie a été réalisée et l'enquête a été confiée à l'Office français de la biodiversité (OFB). Diane de Charmasse, le propriétaire du terrain et Jean-Marie Bazire, le cavalier et propriétaire de la jument, ont tous les trois porté plainte contre le tireur.

Le tumulte médiatique

Les articles sur cette affaire ont été lus plusieurs centaines de milliers de fois à travers tout le pays. Et nos vidéos sur les réseaux sociaux de France 3 Bourgogne vues près d'1,5 millions de fois. Forcément, avec une telle exposition, le sujet a occasionné de nombreux débats et commentaires chez les internautes.

La première émotion qui a filtré de cette vague de réactions a été l'interrogation. Pour rappel, il s'agit d'une jument blanche d'1m70 située au milieu d'un pré. Dans la première explication du chasseur, Diane de Charmasse affirme qu'il a mentionné la présence d'un sanglier. Une version qui aurait évolué par la suite, sans confirmation officielle. Les internautes se questionnent sur les différences morphologiques, pourtant évidentes, qui auraient dû, selon eux, dissuader le tireur.

"Il l'a confondue avec un lapin ?", s'étonnait Jean-Jacques sur le réseau social X. "Il est gros leur sanglier", "drôle de couleur pour un tel animal" pouvait-on lire ici et là. Les théories sont allées bon train : une vengeance, des conditions climatiques dégradées, l'alcool... Toutes les circonstances possibles et imaginables ont été passées au crible par les enquêteurs d'internet. Il est utile de rappeler que pour le moment, rien de tout cela n'a été confirmé, ni même officiellement évoqué.

@france3bfc

Altesse de la Serre, une jument de compétition appartenant au cavalier Jean-Marie Bazire, a été abattue par un chasseur alors qu'elle pâturait dans son pré, dans la Nièvre. L'éleveuse, Diane de Charmasse, est certaine que le tireur était en faute. Une enquête est ouverte bourgogne chasse campagne nievre animaux accidentdechasse

♬ son original - France 3 BourgogneFrancheComté - France 3 BourgogneFrancheComté

Et, comme à chaque accident de chasse, l'éternel débat sur cette pratique a été (re)mis sur la table. "Il l'a confondue avec un sanglier... déguisé en cycliste, alors ?" questionne Olivier sur X (anciennement Twitter), faisant référence à cet homme blessé par un tir de chasseur alors qu'il circulait à vélo. "Arrêtez de dire stop aux chasseurs, je suis bien content de ne pas avoir 30 sangliers qui ravagent mon terrain, ils sont là pour réguler. Malheureusement des accidents ça arrive", oppose un autre internaute.

Les risques encourus par le chasseur

Beaucoup ont posé la question, à juste titre, des risques encourus par le chasseur. La réponse, donnée plus en détail dans cet article, dépend des circonstances mises en évidence au cours de l'enquête.

Anne Lehaitre, la procureure de la République de Nevers, résume les infractions qui pourraient être encourues :

  • Le délit de "destruction sans nécessité d'un animal", puni de 6 mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende et d'une "interdiction définitive ou à temps de détenir des animaux" et une "interdiction de l'activité professionnelle ou sociale utilisée pour commettre l'infraction"
  • Le délit "d'acte de cruauté envers un animal", puni de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
  • Chasse sur le terrain d'autrui sans son consentement, contravention à la sécurité des chasseurs et des non-chasseurs...
  • Le retrait du permis de chasser.

Les délits ne se cumulant pas, le chasseur encourerait donc la peine la peine la plus élevée. En revanche, les contraventions ne sont pas soumises à cette limite. Il faudra attendre les conclusions de l'enquête menée par l'OFB pour savoir quelle pourrait être la conclusion de cette affaire.

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